QUAND LE JAZZ EST LÀ LE RHYTHM AND BLUES SUIT
Pour l'édition 1962, un peu le même cas de figure: première prestation française d'un autre monstre de la musique noire, qui fut tout aussi «crossover» et immensément populaire que le Genius: le merveilleux fat man,
Fats Domino, qui se produit sous la pinède juste après sa conquête de Paris la même année, qui commence le 17 juillet au Palais des Sports devant quatre mille fans frénétiques. D'autres musiciens notables cette année-là sont l'organiste virtuose surnommé The Boss (oui, avant Springsteen ): Jimmy Smith. Aussi le grand guitariste Elek Bacsik, que Gainsbourg fait un peu connaître dès l'année suivante. En 1963, on salue notamment Bill Doggett, un autre organiste créateur du classique Honky Tonk (Parts 1 & 2), un des instrumentaux les plus repris dans toute l'histoire de la musique populaire américaine. En 1964, survient la merveilleuse histoire vraie de la grande Ella Fitzgerald (qui a repris Fats Domino et les Beatles notamment dans son répertoire!). Son récital étant perturbé par des criquets, elle improvise un fabuleux duo avec ces insectes: ce qui donne The Cricket Song. Un moment d'anthologie qui a forgé la légende du festival. 1964 marque également l'arrivée en ces lieux paradisiaques d'un authentique précurseur explosif du rhythm and blues et donc du rock and roll: le vibraphoniste et batteur, et chanteur, showman, etc. Lionel Hampton. Délaissé par les fous du free jazz, sans que cela l'empêche le moins du monde d'aller combler de bonheur ceux qui disent du jazz... «Some like it hot»!
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ROCK ET BLUES À ANTIBES
Le recueil de Roland Duménil donne un inventaire très utile de toutes les éditions. Les artistes qui nous intéressent, qui s'y sont produits une fois ou plus souvent, sont légion (outre les grands du jazz, que l'on peut aimer fort aussi mais il me faut respecter le spectre musical déjà vaste de ce site). On peut mentionner Nina Simone, Mahalia Jackson, John Lee Hooker, Aretha Franklin, Muddy Waters, Freddie King, le trop rare Johnny Otis, Billy Preston (sans Beatles et sans Stones !), Gilberto Gil, John McLaughlin dont une fois avec le fameux guitariste gitan Christian Escoudé, Jimmy Cliff, Weather Report, Clapton, Phil Collins, Joe Cocker, etc. Cet inventaire s'arrêtant à 1989 ! Tant et tant d'autres encore... Les photos couleur et noir et blanc sont abondantes. Un autre très grand plus: la plupart des affiches du Festival, y compris les plus anciennes, sont reproduites. Le texte est bilingue, mais la version anglaise laisse un peu à désirer. Ce qui ne gênera que peu ou pas du tout les lecteurs francophones. On ne peut qu'espérer des sorties en DVD des nombreuses éditions filmées par Averty pour la télévision française. On notera que suite à des problèmes très bien expliqués par l'auteur, il n'y eut pas de festival à Antibes en 1971 ni en 1972, mais seulement à Nice. En attendant, on se plongera avec grand plaisir dans ces pages.
CHRISTIAN NAUWELAERS
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