LITTLE RICHARD A FOREST.
Les examens et le beau temps voilà deux éléments très défavorables lorsqu'il s'agit de remplir une salle comme « Forest-National ». Deux mille personnes environ pour le « grand » LITTLE RICHARD, ce n'est pas beaucoup, et elles n'en eurent PAS pour leur argent.
Après un retard appréciable, c'est un groupe « revival » hollandais (quelque chose comme Ricky West and The Hamburgers) qui ouvre les hostilités. Franchement mauvais. Non seulement ces gars sont d'une banalité affligeante, mais le chanteur a un jeu de scène ridicule. Passons.
Lorsque vient le tour du groupe de Little Richard, on est surpris par le peu de matériel qu'il y a sur scène : quelques amplis à peine. Il va être, à ma connaissance, le premier rocker à se servir de la sono de « Forest-National ».
Pas trop mauvaise, mais pas vraiment fameuse non plus. Son groupe lui-même est assez tape-à-l'œil. A part un guitariste qui se prend manifestement pour Jimmy Page, tous les musiciens sont Noirs. Ce qui n'a d'ailleurs aucune espèce d'importance, si ce n'est pour le batteur, qui, lui, a les cheveux longs, frisés et... blonds. Avec un costume rose.
Faut le voir pour le croire ! Une de ces touches, le gars ! D'ailleurs les autres ont aussi l'air un peu fofolles sur les bords. Mais tout ça n'est rien à côté de LITTLE RICHARD lui-même : costume bleu ciel, coiffure Pompadour, maquillage extra... il est non seulement un pionnier du rock-tout court, mais du glam-rock aussi.
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Il démarre avec « Lucille » et martèle son piano avec conviction. Le groupe « colle » bien. Ca remue. Tout de suite l'ambiance s'échauffe...« Tutti Frutti », « Good Golly Miss Molly », « Long Tait Sally ». Oui, les tout grands classiques y passent. Mais c'est tout.
Little Richard reste une demi-heure à peine sur scène. Durant cette demi-heure, il chante peut-être vraiment dix minutes. Le reste du temps, il pianote, prend ses poses pour les photographes, jette ses chaussures au public, grimpe sur le piano, fait venir une vingtaine de personnes sur scène, demande entre chaque morceau si on aime, si on aime vraiment, si on aime vraiment vraiment, si on aime vrament vraiment vraiment, de crier « Wou ! », de crier « Wou-wou ! », de crier « Wouwou-wou ! ».
«Oh My Soul ! ».
Le roi du rock ? Bwof... Le roi du baratin, oui !
Il n'y a pas de rappel. C'est tellement court que les spectateurs croient d'abord à une fausse sortie, ou à un nouvel entracte. Une demi-heure pour 200 balles au moins, c'est vraiment chérot. Même si effectivement, malgré tout, le personnage est tellement dingue que cette demi-heure vaut vraiment la peine...
PIERO KENROLL.
( Critique parue dans Télémoustique N° 2576 ) |