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ROCK BELGE / ALBUM SOUVENIRS

LES OMBRES (1962-1966)

CHAPITRE UN

Biographie officielle

 

Dany Longlegs

J'ai croisé la route de Dany De la Blancherie à la Panne en 1963. Il jouait dans les Ombres, tandis que je chantais dans Les Enfants Terribles. En décembre 2007, presque quarante-cinq ans plus tard, on s'est retrouvés. Je lui ai demandé de rassembler le plus de documentation possible sur sa carrière d'artiste.

 

Dany m'a alors montré tout ce qu'il avait gardé de ses heures de gloire : photos, affiches, programmes, agendas, coupures de presse. Après plusieurs rencontres et des dizaines d'heures de travail minutieux, nous sommes arrivés à réunir tous les éléments pour réaliser une bio très complète de la carrière des Ombres.

 

 

Ensuite Dany s'est pris au jeu. Il a pris sa plus belle plume et s'est mis à réunir ses souvenirs. (Jean Jième).

 

Les Ombres 1964 rock belge

Les Ombres : formule à cinq

 

LES DÉBUTS - FÉVRIER 1962

 

Tout commence par une petite annonce placée par Dany De la Blancherie, chez Parys Flore, rue du Midi à Bruxelles : guitariste solo débutant cherche groupe débutant. Très vite, Dany qui vient de s'acheter une Framus, reçoit un coup de téléphone. Le voilà convoqué pour un « essai » dans le fin fond de Woluwé-St- Lambert, à Kappeleveld.

 

Dany De la Blancherie : Raymond, le guitariste rythmique de « l'orchestre », m'attend à la descente du bus. Il me conduit chez Jacky, qui habite une vaste demeure avec un verger, une basse-cour et des moutons. Quelques années plus tard, à la place, s'y construira …. le Woluwe Shopping Center !

 

Jacky me montre la batterie d'occasion qu'il vient d'acheter après des mois d'une laborieuse épargne. La première chose qui m'amuse est la forme de la grosse caisse … ovale. Jamais, je n'en ai vu de pareilles. Il y a là également Jean-Claude et Gilbert qui seront nos éphémères chanteur et bassiste.

 

A cette époque, le gros problème consistait à trouver le moyen d'amplifier le son de nos instruments. Il nous fallait faire preuve de bien d'ingéniosité. Ainsi, branchions-nous nos trois guitares électriques, sur les gros postes de radio de nos parents.

 

Aujourd'hui, ces savants branchements feraient frémir n'importe quel contrôleur de chez Vinçotte. Sur le plan musical, nos débuts musicaux furent vraiment laborieux. Début 1963, l'orchestre anciennement baptisé Les Faons, se fait désormais appelé Les Ombres, en hommage aux Shadows.

 

Le trio se compose de Jacky à la batterie, Raymond alias Kris à la guitare rythmique et Dany De la Blancherie à la guitare solo.

 

Photo : Jacky, Jean-Claude, Dany, Gilbert et Kris

 

FRANCIS... LE MANAGER IMPROVISÉ

 

Francis, le père de Dany, comptable de formation, s'occupe également d'un atelier de confection familial. Epaté par les progrès de l'orchestre, il leur propose, à brûle-pourpoint, de devenir leur manager.

 

Bien qu'il n'ait aucune qualification particulière en matière artistique, il a le sens du commerce et des réalités financières. Désormais, Francis se chargera de leur trouver des contrats. Ensuite, tout s'enchaîne très vite. Le nouveau manager se prend au jeu, se décarcasse sans compter, dégotte par ci, par là des petits contrats souvent très chouettes, parfois minables. Mais grâce à lui, l'orchestre ne chôme pas et c'est ce qui importe. Arrive l'été 63.

 

Photo : Francis De la Blancherie, père de Dany

 

L'ÉTÉ 63 - À LA PANNE

Dany De la Blancherie : Nous sommes engagés pour la saison d'été dans un petit café taverne, La Chandelle, à La Panne. Ce n'est vraiment pas le bon lieu pour jouer du rock. L'établissement est tout en longueur et la clientèle assez âgée. De plus, nous sommes parqués devant l'escalier qui mène aux toilettes.

 

Régulièrement, le patron nous exhorte à jouer moins fort. Il en veut surtout à Jacky à qui il demande s'il a besoin d'autant de matériel. Nous faisons ce que nous pouvons pour réduire le volume sonore. Mais lorsqu'il nous demande de jouer sans la « grosse boite » derrière nous ( c'est à dire le seul ampli sur lequel nous avons branché nos deux guitares), nous faisons savoir à Francis que nous ne ferons pas toute la saison ici.

 

N'empêche, on s'amuse comme des fous. Après ou entre nos passages à La Chandelle, nous filons, en cachette, écouter les Enfants Terribles qui, eux, ont été engagés à cent mètres de chez nous, au Clan, un vrai dancing, nettement mieux que notre taverne à spaghettis et à omelettes. Nous aimons bien ce groupe et sympathisons avec le chanteur, qui n'est autre que Jean Jième; ainsi qu'avec Francis Jouaret que nous admirons beaucoup lorsqu'il chante quelques tubes d'Eddie Cochran. Les musiciens des Enfants Terribles viennent de temps en temps dans notre chambre, au dernier étage, au dessus de La Chandelle. Et là, nous nous partageons notre maigre savoir musical, apprenons de nouveaux accords, etc…

 

Pendant ce temps, à Bruxelles, mon père rencontre Johnny Paterson, "impresario" qui s'occupe, entre autres, du chanteur, Jimmy Morgan.

 

Beau garçon, légèrement plus âgé que nous, il plaît aux filles. Petit essai et, en moins de deux, nous voilà quatre. Le patron de La Chandelle se rend compte que nous ne lui apportons pas beaucoup de clients. Au contraire, nous en faisons peut-être même fuir certains.

 

Mais la chance est avec nous. L'exploitant des Copains, un autre dancing très chouette de La Panne, est en panne (!) d'orchestre. Il est venu nous voir jouer à La Chandelle.

 

 

Les Ombres avec Jimmy Morgan, comme chanteur, Aux Copains. (1963)

Les Ombres aux Copains
Les Ombres Rock Belge

Mon père saute sur l'occasion et négocie promptement l'affaire. Notre contrat est repris par le boss des Copains qui revoit le cachet à la hausse et nous propose un logement gratuit, beaucoup plus décent.

 

L'ambiance aux Copains est complètement différente de celle de La Chandelle. Clientèle jeune, on n'y mange pas, on y danse. Vu notre "envolée professionnelle", nous pouvons nous permettre de nous agrandir. C'est ainsi que nous sympathisons avec un "gamin blond et crollé", qui est venu nous voir jouer. Il se dit bassiste et vit avec sa guitare dans une minuscule tente.

Le lendemain, dans l'urgence et après un petit essai, il est engagé. C'est Christopher John Lühr, fils de diplomate norvégien installé à Bruxelles. Nous voilà à présent à cinq.

 

Christopher John Lühr, dit Lucky et Dany De la Blancherie

 

PREMIÈRE RENCONTRE AVEC GENE VINCENT

Le 10 octobre 1963, à l'Ancienne Belgique, nous assistons en tant que fans au spectacle de Gene Vincent, accompagné par les Sunlights ( les créateurs du  Déserteur et des Roses Blanches ). Et on peut dire que ça déménageait !

 

Jean-Claude Camus, à l'époque, est un tout jeune organisateur de spectacles. Démarché par mon infatiguable père, il accepte de nous engager dans la future tournée qu'il compte organiser avec Gene Vincent, en mars prochain. Mais au préalable, il désire nous tester. C'est ainsi que les Ombres se retrouvent dans le même spectacle que son poulain le 12 à Liège et le 13 à Lille.

 

Vers quinze heures, nous débarquons au Grand Palais de la Foire Commerciale de Lille. Nous sommes tout seuls. Camus n'est pas là et à fortiori aucune des vedettes prévues au programme. Les esprits commençent à s'échauffer. L'organisateur nous demande de monter sur scène pour faire patienter le public. Tout notre répertoire y passe. Au bout d'une heure, on est arrivés à la fin de nos morceaux. Toujours aucun autres musiciens que nous en vue. On reprend alors notre répertoire qu'on fait tourner en boucle. Heureusement, le public est super. Sans complexes, nous repartons avec les tubes de Gene Vincent,  Say Mama, Be bop a lula …. La foule en redemande.

 

Enfin, à dix-sept heures, arrivent les Chats Sauvages, accompagnés de leur nouveau chanteur, Mike Shannon. Ils prennent la relève, suivis des Aiglons, qui viennent de se distinguer avec un tube :  Stalactites. Puis c'est au tour des Sunlights d'assurer le show. On verra encore ce jour-là, Ron et Mel (style Everly Brothers) et Moustique, un petit bonhomme fort timide en dehors de la scène, qui chante en anglais avec l'accent des Batignolles.

 

L'heure passe. La foule scande :  Gégène, Gégène ! Et enfin, tout de cuir noir vêtu, il apparaît, arborant un jabot de dentelle et une cravate « twist », avec sa jambe raide qu'il traîne derrière lui. Les yeux rivés au ciel, il entame sa première chanson … c'est le délire. C'est notre idole. Il ne fait pas que chanter du rock and roll… Il est le rock and roll !

 

TOURNÉES DANS LE NORD - CINÉ VOX

Le 2 novembre, nous découvrons le Nord de la France. Nous jouons, tout le week-end, sur la scène d'un cinéma de Tourcoing, le Vox. A l'affiche, le tout premier James Bond avec Sean Connery et Ursula Andress. Plutôt que d'avoir choisi une attraction de cirque (acrobate, magicien ou clown), le patron de la salle a pris le risque d'engager un orchestre de rock. La scène sur laquelle nous devons nous produire est certes somptueuse, mais surtout très haute ! Près de deux mètres.

 

Le jeune public français est en délire… Lors d'un frénétique solo de guitare, nous nous contorsionnons, à genoux, pliés en arrière, au bord de la scène. C'est l'hystérie. Soudain, j'entends un bruit invraisemblable de guitare désaccordée qui s'interrompt brutalement ! On se retourne, et là plus aucune présence de Kris, notre rythmique.

 

En me penchant par-dessus la scène, j'aperçois au sol, notre guitariste qui peine à se relever de sa lourde chute. Les cheveux en pétard, la guitare toujours accrochée à son cou, il se met péniblement debout et remonte nous rejoindre par un des escaliers se trouvant de chaque côté de la scène. La foule hurle de plaisir… C'est un succès ! A part quelques ecchymoses et un pantalon déchiré, tout s'est heureusement bien terminé.

DEUX COUPES À TOURCOING

Nord Eclair Les Ombres

Nous n'aimons pas trop les concours d'orchestres. Pourtant, il a bien fallu s'en farcir une belle kyrielle depuis un an. Sans flagornerie, nous pouvons assurer que nous les avons à peu près tous remportés.

 

Francis nous pousse à aller à Tourcoing pour nous mettre en compétition avec une bonne dizaine d'orchestres. Le premier décembre 1963, nous participons à la Folle Nuit de l'Amitié, organisée par le journal Nord Eclair..

 

 

Nos concurrents : les Cavaleiros, les Vostocks, les Claudany, les Commodors, les Damnés, les Cochraners, les Black Styvers, les Blue Birds (Liège), les Bourgeois de Calais, les MJ Boys, The Jupiters Orchestra

 

A 3 h 45 du matin, nous remportons haut la main le premier prix : la Coupe Nord Eclair et la Coupe des Champions patronnée par la Ville de Tourcoing … grâce à nos interprétations très personnelles de Be Bop A Lula, en version lente chantée par Jimmy Morgan et de Johnny Guitar, en instrumental.

 

ÉMOTIONS : LES BEATLES À L'OLYMPIA - JANV 64

En janvier 1964, nous faisons un aller et retour à Paris pour assister au spectacle des Beatles à l'Olympia. Parqués devant l'entrée des artistes, parmi une dizaine de fans, nous guettons l'arrivée des gars de Liverpool. Lucky, notre bassiste, a le doigt sur le déclencheur de son appareil photo.

 

La limousine arrive. C'est une Rolls. La portière arrière s'ouvre. Paul Mc Cartney est le premier à descendre. Il tient un appareil photo à la main et … stupéfaction … s'arrête devant notre groupe de spectateurs et nous tire le portrait. C'était là une des facettes de leur humour dont ils étaient si friands.

Les Beatles avec Sylvie Vartan et Trini Lopez ! Merveilleux souvenirs.

 

 

http://www.bside-rock.com/The-Beatles.html?artpage=8-18

LES OMBRES AU GOLF DROUOT

 

Le 6 mars 1964, nous participons à un nouveau concours d'orchestres, mais cette fois dans un lieu exceptionnel, le Golf Drouot. Après de sévères éliminations qui mettent au tapis les orchestres français en compétition, ne restent que trois rescapés... belges. Il y a Jacky Reagan et les cinq Vampires, les Mohicans et … les Ombres. Les Mohicans sont finalement éliminés. Comme le jury ne parvient pas à se départager, Jacky Reagan et Les Ombres sont déclarés vainqueurs avec égalité des voix.

 

Heureux de notre succès, nous regagnons notre loge pour découvrir que le tout nouveau manteau en daim retourné que ma grand-mère venait de m'offrir deux ou trois jours auparavant avait disparu !

 

Après une nuit fort arrosée et quelques trop rares heures de sommeil, nous découvrons, fin de matinée la salle de l'Alhambra, où nous sommes attendus pour démarrer les répétitions avec Ron et Mel, sorte d'Everly Brothers à la française, version plus rock et une ravissante chanteuse yé-yé, du nom de Lysiane Loren.

 

http://www.youtube.com/watch?v=H5qLletG-S

 

Sur la scène du Golf Drouot : Jacky Reagan et les cinq Vampires - Les Ombres - 6 mars 1964

Golf Frouot Les Ombres

EN TOURNÉE AVEC GENE VINCENT

La répétition avec Ron et Mel tourne vite au cauchemar. Jacky, qui a la gueule de bois, ne parvient pas à réussir son break dans l'intro de Twenty Flight Rock. Au plus on essaye au moins ça va … Ron et Mel s'énervent … Le public yé-yé s'est toujours demandé pourquoi les deux compères n'ont jamais participé à cette tournée, malgré leurs noms sur l'affiche … Maintenant vous savez pourquoi ! Par contre la répétition avec Lysiane Loren, se passe sans problème.

 

Arrive le jour de la Grande Première. La salle de l'Alhambra est archi comble. Dans l'ordre de passage : Les Ombres, Lysiane Loren, notre Burt Blanca national et bien entendu Gene Vincent, accompagné par les Shouts. Nous faisons face à un public conquis d'avance à la cause du rock. Il faut avouer que nous avons finalement intercalé quelques classiques de Gene Vincent himself …. Nous nous en sortons avec les honneurs. Tony Ripoll, qui présente le spectacle, annonce la suite  avec Lysiane Loren… dont nous sommes les "dignes" accompagnateurs.

 

One, two, three, four. Le premier des deux morceaux qu'elle est sensée chanter s'intitule : Tu n'as rien de tout ça, une adaptation française de  Devil in Disguise d'Elvis. Les paroles : « Tu as l'air d'un ange, tu marches comme un ange, tu parles comme un ange …. ».

 

Le gros problème… c'est qu'elle ne chante pas vraiment comme un ange. Sifflements, quolibets commencent à fuser. Des cataractes de pièces de monnaie se déversent sur la scène. Désastre ! Les jeunes hurlent si fort que nous ne l'entendons même plus chanter. Très courageuse, elle termine sa chanson et nous fait signe d'enchaîner le second morceau.

 

Et là, je ne me l'explique toujours pas aujourd'hui … nous reprenons tous les quatre l'intro du….. premier morceau. Quelle cohésion nous avions ! Mais aussi quelle honte d'avoir fait endurer cela à cette pauvre gamine. Elle a dû nous haïr un bon bout de temps. Suit Burt Blanca qui tire son épingle du jeu comme d'habitude.

 

(photo Lysiane Loren)

Gene Vincent, très attendu, acclamé comme il se doit, égal à lui-même nous donne une belle leçon de rock'n roll. Ce qui nous bluffe ce sont ses musiciens: les Shouts.

 

Guitare Telecaster, ampli Vox AC30, pas de chambre d'écho, son très claquant. Au dernier morceau, le batteur envoie valdinguer son matériel qui roule aux quatre coins de la scène. Un spectacle incroyable. Keith Moon n'a rien inventé.

 

The Shouts

Il fait nuit et il est grand temps d'embarquer dans le car qui emmène les artistes de la tournée vers Lyon, la prochaine étape. Gene Vincent et Jean-Claude Camus prennent la route en Jaguar. Lyon, le 9 mars, Lausanne, le 10, au Théâtre Municipal où le groupe suisse Les Aiglons nous y rejoignent pour présenter leur tube  Stalactites.

 

Mulhouse, le 11, Metz, le 12. Dans le car, qui nous amène de ville en ville, nous sympathisons avec les autres artistes, certains tombent même amoureux de Lysiane Loren. Nous formons une sorte de grande famille. Maurice, le frère de Burt Blanca fait rire tout le monde. Il y a de quoi. Lors de solos endiablés, il se couche sur le sol, propulse ses jambes en l'air, tout en continuant à jouer de la basse. Les jambes de son pantalon retombent le long de ses guibolles poilues et laissent apparaître des fixe-chaussettes !

 

 

 

Gene Vincent

Gene Vincent 1964

 

Une légende continue à courir sur la faculté qu'avait Gene Vincent de pouvoir hypnotiser n'importe qui en quelques secondes. Nous voulions en avoir le cœur net. Mais personne n'osait se porter candidat. Courageusement, nous poussons donc notre batteur, Jacky, dans la loge de Gene pour qu'il teste ses aptitudes. Gene le fait asseoir, sur un cageot de bière, le regarde fixement dans les yeux et lui pose délicatement deux ou trois doigts sous les maxillaires. En quelques secondes, voilà notre Jacky « groggy ». Une petite claque amicale sur la joue et hop, le voilà réveillé.

Nous n'avons connu l'explication que plus tard. Il se fait que Gene avait servi dans l'US Navy où on lui avait appris des techniques de combat lui permettant de paralyser ses adversaires en comprimant une artère et en stoppant l'arrivée de sang au cerveau ! Jacky s'en est heureusement vite remis.

 

Le 13 mars 1964, c'est la fin de la belle aventure. Nous nous retrouvons, dans une petite église de Paris, en jeans, plutôt crado, en compagnie de Moustique (tout aussi crado !) et d'autres artistes pour assister à la cérémonie de mariage de Jean-Claude Camus. Puis nous rentrons sur Bruxelles car, le lendemain, nous jouons dans un patelin à Roncq. Finis, les rêves de grandeur ! Nous réintégrons nos écoles respectives.... après cette longue absence pour ... cause de maladie. En octobre 1971, j'ai appris la mort de Gene Vincent. Il avait 36 ans. Le rock avait perdu une de ses plus grandes légendes.

 

Le 17 avril 1964, nous revoilà chez Flore Parys pour acheter de nouveaux amplis, des Vox AC30 sur pieds chromés, comme les Beatles et les Shouts et bazardons notre chambre d'écho.

 

Hector et Les Ombres

HECTOR, LE CHOPIN DU TWIST

MAI 1964

Dany De la Blancherie : Le 5 mai 1964, Hector,  le Chopin du Twist, vient à Bruxelles pour nous auditionner car il cherche un « backing group ». Le 13 juin, nous jouons, dans le Nord de la France, près de Maubeuge, au Quesnoy. Petit festival en plein air où nous l'accompagnons, à titre de test.

 

Hector, habillé d'une queue de pie, les cheveux extrêmement longs pour l'époque, débarque sur scène en tirant derrière lui une baignoire sur roulettes Il est suivi de son valet, Jérôme qui, dans son petit gilet rayé jaune et noir, époussète, à l'aide d'un long plumeau le micro et les chaussures de son « maître » qui le rabroue continuellement. Les premiers mots d'Hector envers le public sont : « je vous déteste, je vous hais, je vous abhorre, etc… »

 

Ses imitations de Sœur Sourire et de Sheila avec ses petites couettes sont toujours très attendues. Il a l'habitude de sortir une bouteille de pinard qu'il a planquée à l'intérieur du piano à queue et hurle : « solo ». Durant d'interminables minutes, il en profite pour ingurgiter des bolées de vin et le recracher sur le public ! Ce public, décontenancé, qui tantôt l'acclame tantôt le hue

 

 

Hector

 

VINCE TAYLOR - JUIN 64

 

Camus est très ennuyé : son poulain, Vince Taylor, doit chanter le lendemain après-midi, dans les environs de Paris et se retrouve sans musiciens. Il demande à mon père si nous pourrions l'accompagner au pied levé. Kris (Raymond), prenant toujours ses études très au sérieux est en pleine période d'examens à l'athénée et veut absolument rentrer sur Bruxelles. Jimmy l'accompagne.

 

Jacky, Lucky (Christophe) et moi, plus qu'enthousiastes et beaucoup moins sérieux, rechargeons donc, en pleine nuit, la camionnette qui nous emmène à Paris deux heures avant le début du show. Celui-ci se déroule, en plein air, dans un grand Parc Municipal. Des milliers de spectateurs sont déjà installés. On nous indique nos « loges » qui, pour la circonstance, ont été emménagées dans de grandes tentes de la Croix-Rouge.

 

Vince Taylor, en pleine forme, nous accueille. Nous constituons en vitesse un groupe avec des musiciens français trouvés sur place, dont un sax et un pianiste. Vince nous demande si on connait Memphis Tennessee, Long Tall Sally, Whole lotta shaking going on, Sweet Little Sixteen etc… Tu parles qu'on connait ! Pas spécialement dans sa tessiture mais on adapte, on note les tonalités pour ne pas les oublier, … et, en moins d'une heure de répétition « sans instruments » on est prêts à monter sur le podium. One, two, three, four …  et nous lançons l'intro de Lucille. Vince, dans les coulisses, fait durer le suspense.

 

Le public hurle,  Vince ! Vince ! Vince ! Après quelques minutes qui me paraissent interminables le voici, enfin, montant sur scène en se déhanchant. Il enchaîne tous les classiques du rock. Le public est fou de joie. Nous aussi, car non seulement nous accompagnons le Grand Vince Taylor, un très grand Monsieur, un très grand show man mais, en plus, celui-ci nous fait vivre sa musique et nous fait partager son succès.

 

 

Super spectacle, super journée, super souvenirs d'un formidable rocker qui, malheureusement tombera dans la déchéance peu après, se prenant pour Jésus Christ sur scène, etc.... Mais … it's Rock and Roll !

 

Vince Taylor 1964

 
Bye bye Johnny Les OMBRES

BYE BYE JOHNNY - LA VOILÀ

 

En moins de quinze mois, nous sommes parvenus à nous tailler une certaine réputation, si bien que Première Records (Ronnex) accepte de produire notre premier single. Ce sera Bye Bye Johnny avec en face B Là Voilà, deux titres originaux chantés en français avec des paroles écrites par Jimmy Morgan.

 

http://www.youtube.com/watch?v=6aaOxx_XKmM

http://www.youtube.com/watch?v=O7PYOf_YV94

 

 

Premier 45 tours - juin 1964

CASINO-SABLES D'OR LES PINS-JUILLET 64

 

Eric, un français d'origine, dont on n'a jamais connu le nom de famille, était devenu un fan des Ombres. Il nous suivait partout. Il était très proche de Jean-Claude Camus, Ticky Holgado, Claude François, Hector et tant d'autres. Nous lui devons donc indirectement pas mal de rencontres intéressantes et pas mal de contrats. Un jour, Eric a disparu comme il était venu. Mon cher, Eric, si tu vis encore et si tu lis ces lignes, n'hésite pas à reprendre contact. Cela me ferait vraiment plaisir.

 

En juillet, Eric, nous fait engager, pour une semaine, dans une salle située à l'arrière du Casino des Sables d'Or les Pins, en Bretagne. Nous ne recevons aucun cachet. Toutefois, le ticket des entrées est pour nous. Endroit magnifique, entouré d'immenses vitres avec vue sur la plage. Mais le public n'est pas au rendez-vous. Nous jouons pour une poignées de touristes qui désertent le plus souvent après avoir bu une seule consommation. C'est le bide ! Pour faire contre fortune bon coeur, nous répétons de nouveaux morceaux et drillons notre répertoire. Après tout, nous sommes en vacances. Plage, rochers, et surtout … déconnades.

 

C'est au cours de cet été, que nous avons décidé de troquer nos costumes classiques, gris antracites, légèrement brillants, pulls gris en V ou à col roulé pour des chemises à carreaux noirs et blancs et des pantalons noirs très collants. Ayant revu récemment des photos des Enfants Terribles, je me demande si nous ne nous sommes pas laissés influencer par leurs tenues ?

 

Les Ombres rock belge

 

C'est à Val-André, petite station non loin de Sables d'Or, qu'à l'étal d'un magasin pour touristes, nous découvrons de jolies petites casquettes noires légères avec, sur la visière, des carreaux noirs et blancs, assortis à nos chemises.

 

A dater de ce jour et jusqu'à la fin de l'existence des Ombres, ce furent nos tenues de scène. Plus tard, lors de nos spectacles, nous n'hésiterons pas à lancer nos casquettes dans la foule. Il faut savoir que mes parents et mes grands-parents tenaient un atelier de confection. Ils nous ont fabriqué des centaines de casquettes

 

Les Ombres rock belge

 

ON THE BEACH - A LITTLE LOVING

 

En septembre, enregistrement d'un second single : On the Beach , une reprise de

Cliff Richard et des Shadows et A little loving.

 

Les Ombres rock belge
Les Ombres rock belge

 

Lire la suite : Les Ombres de septembre 1964 à septembre 1966