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ROCK BELGE / ALBUM SOUVENIRS

BIOGRAPHIE DE MACHIAVEL (1975 - 1977)

Biographie officielle réalisée par Jean Jieme, à partir d'interviews

avec Marc Ysaye, Roland De Greef, Mario Guccio,Thierry Plas.

PREMIÈRE PARTIE : L'ESPOIR EUROCK BELGE

 

MOBY DICK (1972-74)

 

À quinze ans, Marc Ysaye fait la connaissance de Benny Verhuygt, guitariste dans l'orchestre de bal, le  Berry Clan, qui lui propose de remplacer leur batteur défaillant.

 

À l'occasion du départ d’un des éphémères guitaristes du Berry Clan, débarque Albert Letecheur, Premier prix de Conservatoire, compositeur, brillant pianiste et guitariste. Marc et Albert se lient d'amitié et se mettent à travailler ensemble. Mais Albert est appelé sous les drapeaux.

 

Roland De Greef, qui a créé Moby Dick, cherche un batteur. Il place une petite annonce chez Euro Music. C'est Marc qui répond. Il se présente, passe une audition et se fait engager. Durant une année, ils se produisent dans les bistrots,ou animent des bals

 

Jack Roskam

 

 

 

Lorsqu'Albert revient d'Allemagne, c'est au tour de Roland de partir. Marc et Albert reprennent leur collaboration, se cherchent un guitariste et finissent par tomber sur Jack Roskam. Il ressemble à Jimi Hendrix, c'est un gros fumeur de pétards mais surtout un excellent guitariste de blues.

 

Au retour de Roland, une année plus tard, Albert Letecheur réoriente Moby Dick pour en faire un groupe étiqueté Eurock.

 

Ce changement radical de style entraîne également un changement de nom : Machiavel.

 

 

Dernière image de Moby Dick avant Machiavel.

 

Albert Letecheur, Roland De Greef,

Jack Roskam et Marc Ysaye

 

Lire : BIOGRAPHIE DÉTAILLÉE DE MOBY DICK

 

 

 

L' EUROCK

Dès la fin des années 60, de Stockholm à Madrid en passant par Berlin et même en faisant un crochet par les pays de l'Est, les groupes de rock prolifèrent un peu partout. La plupart du temps ils copient les anglo-saxons. Parmi les spécialistes, on compte les Hollandais de Earth and Fire et de Kayak ; également les Allemands de Wallenstein et de  Triumvirat.


Les Espagnols ne sont pas en reste avec les Los Bravos, qui font plus Liverpool que nature (Black Is Black), les Danois vachement gospel (Savage Rose), les Français qui singent les Rolling Stones (Variations), les Grecs avec Aphrodite's Child  et même les Belges du Wallace Collection.

 

 Si le mouvement qui se dessine demeure encore très disparate, c’est qu’il est en pleine incubation.  Néanmoins, il préfigure déjà un style de rock à l’européenne.

 

Arrivent King Crimson, Soft Machine, Emerson, Lake and Palmer et Genesis, Van Der Graaf Generator qui attirent aussitôt l’attention sur la fonction déterminante du claviériste. On raconte que les pirouettes de Keith Emerson contribuèrent a faire exploser le chiffre d'affaires du constructeur Hammond.


Piano, orgue et mellotron deviennent les instruments phare d’un nouveau concept musical, nettement plus riche et fertile qu’auparavant. Ces instrument deviennent  au pop-rock ce que furent les guitares au blues.

 

Entre 1973 et 74, on constate que des groupes provenant de régions aussi différentes que la Norvège (Popol Ace), l'Italie (P.F.M.), la Hongrie (Omega) se ressemblent  étrangement. L'Eurock est né.  En même temps, l’anglais, du fait de la concision de son vocabulaire et de la sonorité de ses mots, est définitivement adopté comme  le véhicule universel du rock.

 

Désormais l’Eurock a ses propres spécificités. Empreint d’une forme d’intellectualisme, il se présente comme une musique à écouter et sur laquelle on ne danse pas.  L’influence classique est prépondérante et n’hésite pas à utiliser des thèmes de grands compositeurs.


L’Eurock dispose également de ses codes.  Il  veille à ce que les variations entre les parties vocales et instrumentales n’empiètent pas les unes sur les autres. Il requiert que les textes dépassent la banalité des sujets quotidiens. Enfin, il se distingue par une théâtralisation scénique choc avec utilisation d'effets visuels spectaculaires .

 

C’est dans cette optique musicale intellectualiste et sophistiquée que le groupe Machiavel avec son organiste Albert Letecheur décident de s’inscrire et de se faire une place au soleil. Ils n’auront de cesse de concrétiser ces objectifs. (*)

 

 

 

Moody Blues

 

Pink Floyd

 

Van Der Graaf Generator

 

Machiavel...l'espoir Eurock belge

 

(*) Sources : L’Eurock : article publié par Piero Kenroll dans le numéro 6 du magazine de rock MORE.

 

 

 

ALBERT LETECHEUR, ROLAND, MARC ET JACK. 1975

 

Qualifié de génie par Marc, de dingue par Roland et de space par Jack, Albert vit à du cent à l’heure.  Outre son job de taximan le jour, il parvient à cumuler les fonctions de compositeur et de musicien la nuit. C’est également un joyeux drille, doublé d’un dur à cuire. Enclin aux excès, il aime commander, provoquer, impressionner. 


Bourreau de travail, Albert orchestre les séances marathons. Chaque jour, il débarque au Ramier avec des piles de textes et de partitions sous le bras. Ensuite, derrière son piano, il joue à ses copains les morceaux qu’il a composés, dieu sait quand ?

 

Face à sa créativité, Roland, Jack et Marc se retrouvent quelques fois en peine d’opérer des choix. Heureusement, malgré son statut de chef, Albert a suffisamment de bon sens et de lucidité pour consentir  certains aménagements à ses créations.


Pendant qu’il pilote son taxi, Roland et Marc se répartissent les tâches. Inspirés par les partitions d’Albert ils allongent une intro, cisaillent dans un refrain  ou se débarrassent de passages trop longs. Parfois même ils déplacent une ligne mélodique pour l’intégrer dans un tout autre morceau.

 

Quand Albert les rejoint  au local, le soir, muni de ses tartines et son thermos, il lui arrive de ne plus tout à fait reconnaitre sa création originelle. Mais le boulot a bien avancé. Des textes ont été écrits et des propositions vocales lui sont soumises. Finalement, la compo initiale, transformée,  remaniée, remodelée, devient le fruit d’une œuvre collective.

 

Albert : « Chacun a son mot à dire ou peut exprimer son veto. Je n'ai pas envie d'être le noyau central autour duquel gravitent les électrons. Je crois que nous avons trouvé la bonne formule. » (*)


Au bout de quelques semaines intensives, le groupe dispose d’un répertoire, constitué à 100% de morceaux originaux. Les musiciens s’en montrent plutôt fiers. En effet, combien de groupes belges peuvent-ils se targuer de tenir la scène des heures sans faire appel à aucun standards ?

 

(*) Interview parue dans Télémoustique dans le N° 2621

 

 

Albert Letecheur

Roland De Greef

 

 

DÉMO  AU STUDIO DES

 

Dans le courant de l’été 1975, les musiciens de Machiavel retournent au studio DES en vue d’enregistrer une maquette de leur nouveau répertoire. Les musiciens font la connaissance de Michel Lecloux,  un jeune et déjà excellent technicien, fraichement sorti des murs de l’I.A.D. Ce dernier se montre d’autant plus enthousiaste qu’il n’a pas souvent l’occasion de travailler avec des musiciens qui jouent du rock.


Lorsque Jack entend les premières mesures des nouvelles compositions écrites par Albert Letecheur, il est favorablement impressionné par les accents classiques, voire carrément symphoniques du groupe, qui rappellent les meilleurs morceaux de Pink Floyd,  Genesis ou King Crimson.  On est loin de  Moby Dick avec son approche plus agressive à la Slade.


Jack : « J’ai tout de suite eu un excellent contact avec Albert Letecheur, d’autant plus qu’il était le seul, parmi les quatre, à connaître le solfège et à déchiffrer une partition. »


De l’avis même du technicien, ce nouveau groupe, encore inconnu, détient  un indéniable potentiel . Les enregistrements se déroulent plusieurs samedis de suite et totalisent une dizaine de titres.

 

Jack Say au studio DES

 

Jack, qui connait personnellement Émile Garin,  directeur musical chez EMI, prend rendez-vous avec lui et lui présente la bande démo.

 

Jack Say :  « Garin a écouté la bande et s’est tout de suite montré intéressé.  Je suis pour ainsi dire sorti de son bureau avec, dans la poche, les contrats à faire signer par les musiciens. »


Le groupe est désormais prêt à passer à l’offensive et à se présenter devant un vrai public. Michelle Clauwaert, une relation d'Albert, devenue attachée de presse du groupe, est parvenue à obtenir une réponse positive de deux exploitants de salle : le patron du Disque rouge, rue Blaes et celui du dancing Les Gémeaux à Auderghem.

 

 

 

 

Lorsque les musiciens apprennent la nouvelle, ils sont tout excités. Le Disque rouge ne leur fait pas peur, mais les Gémeaux, la discothèque la plus branchée de la capitale, c’est une autre affaire. La jeunesse qui la fréquente est particulièrement snob, et le risque d’y perdre des plumes  n'est jamais exclu.

 

S’il ne veut pas courir tout droit au casse-pipe, le groupe doit renforcer son matériel d’amplification. Plus question de vivre les pénibles galères de l’époque Moby Dick, où les voix ne portaient pas au-delà  du premier rang.

 

 

Le quatuor, pourtant désargenté, se rend chez TMS, le magasin d’instruments de musique tenu par Jean-Luc Duponcheel (*) près du rond-point Schumann, et jette son dévolu sur une sono de marque Kustom.


 

(*) Ex-batteur du Lagger Blues Machine aux côtés de son frère Christian. Leur

groupe pratiquait une musique proche de Gong et Soft Machine. (1969-1972)

 

 

 

BAPTÊMES  DU FEU :  DISQUE ROUGE – GÉMEAUX.

 

Le 21 novembre 1975 , les musiciens arrivent rue Blaes pour y débarquer leur matériel. Une fois à l’intérieur de la salle, ils constatent qu’elle ne dispose pas d’une véritable scène, mais plutôt d’une sorte de podium minuscule.
Avec sa batterie, Marc occupe déjà tout l’espace  surélevé,  mais vu qu’il chante dans la plupart des morceaux, les trois autres joueront dans la salle devant lui.

 

 

Albert Letecheur au Disque rouge


Roland, amateur de light shows amène un tube néon de couleur violette qui donne une impression fluo dans l’obscurité.  Dans les « loges », Michelle enduit, selon les recommandations de Roland,  le  visage de  Marc, d’une pommade blanche  « fait maison ».


Dès  l’extinction des lumières,  le néon arrimé au sol est sensé révéler au public un batteur au visage spectral. Dans la pénombre et le vacarme assourdissant  d’une bande magnétique lancée à plein régime d’Also Sprach Zarathustra, Jack Roskam fait un faux pas et écrase le tube. Le gadget, sensé faire sensation est hors d’usage avant  que ne résonne la première note de guitare. Marc apparaît fardé comme un clown.


Marc : « Nous admirions Peter Gabriel et son groupe Genesis qui interprétaient leurs morceaux en portant des masques sur scène et qui disposaient d’un light show. Nous l’avons imité sans en avoir ni les moyens financiers ni l'envergure. Mais pour nous, faire du rock théâtral, c'était le top du top.  C’est ainsi qu’on s’est mis à se maquiller et à se déguiser sur scène.  »

 

 

Quelques jours plus tard, le 29 novembre 1975, le groupe se retrouve aux Gémeaux et découvre une scène digne de ce nom. C’est la grosse affluence. Roland en profite pour réinstaller  un autre tube néon violet.  De son côté, Michelle  s’applique, une fois encore, à recouvrir le visage de Marc de la  mixture « miracle »

 

Enfin, les musiciens prennent leurs marques sur scène. Après trois quarts d’heure de show, Roland déclenche son dispositif lumineux. C’est aussitôt l’hilarité dans la salle. Marc n’a plus visage humain mais plutôt une bouille hagarde, dégoulinante de maquillage. Le batteur-chanteur est en nage et sue de tous ses pores. Comme effet de surprise c’est plutôt raté !

 

 

Marc Ysaye au Disque rouge.

 

Heureusement, le public  des Gémeaux, connu pour être exigeant, semble avoir apprécié car le groupe quitte la scène sans sifflets ni huées et même avec quelques applaudissements.


Aussitôt, dans la loge, Albert explose : « Mais bon sang, Roland, et toi Michelle, vous n’avez pas pensé qu’en s’épongeant, entre chaque morceau,  Marc allait ressortir avec la gueule de Frankenstein ? »


Après ce faux pas, le néon gadget est définitivement rangé aux oubliettes. Le  plus important pour Machiavel c’est d’avoir réussi à capter un auditoire, surtout un public de jeunes réputés difficile. (*)

 

(*) Extraits de l'ouvrage  Les Classiques - 21 ans de passion (Éditions Racine).

 

Marc : « Nous étions fortement influencés par Peter Gabriel, qui mettait ses chansons en situation en utilisant des masques et en jouant sur les éclairages.  Nous l’avons imité sans en avoir bien évidemment ni les moyens financiers ni l'envergure. Mais pour nous, faire du rock théâtral, c'était le top du top.  C’est ainsi qu’on s’est mis à se maquiller et à se déguiser sur scène.  »

 

Centre Culturel de Laeken - 24 janvier 1976

 

 

Deux semaines plus tard, les musiciens débarquent dans les locaux d'EMI, rue de la Clinique à Anderlecht.


Lors de cette réunion, les musiciens acceptent, sans sourciller, le wordlife contract qu’on leur met sous le nez.  Il y est stipulé que le quatuor se partagera 3% du montant des futurs royalties.  Quant au contrat d’édition, il prévoit  50%  à la compagnie Ardmore & Beechwood, sur les droits d’auteur du groupe et ce, pour le monde entier et pour l’intégralité de leurs œuvres futures.

Les musiciens sont tellement heureux à la perspective de sortir un album, qu’ils  n’accordent aucun intérêt aux transactions financières.


Garin voudrait présenter le futur album au Midem, il presse le groupe d’accélérer la cadence.

 

 

 

UN OPERA ROCK DE 6 TITRES.

 

Dès le lendemain des festivités de la Saint Sylvestre, le groupe répète la nuit pour fignoler son « opera rock » qu’il enregistre  au studio  DES, le jour.


Albert Letecheur :  « C’étaient des séances marathon. On bossait de seize à dix-sept heures par jour. On était morts de fatigue, mais personne n'aurait pu freiner notre élan. »

 

Au bout d’une semaine, six titres émergent (Johan’s Brother Told Me, Cheerlesness, Cry No More, When Johan Died, Sirens Were Singing, I’Am, Leave It Where It Can Stay) qui racontent chacun une partie de la terrifiante histoire de Johan.

 

LE TERRIBLE DESTIN DE JOHAN.

 

Johan est éperdument amoureux de Nathalie. Lorsque la jeune fille le présente à ses parents, celui-ci découvre que son père porte un masque pour dissimuler un visage complètement défiguré, depuis un terrible accident. Le pire, c’est qu’il oblige son épouse à en faire autant. Prisonnier du charme de Nathalie, Johan accepte de se conformer à l’étrange rite.


Un jour il ne ne peut résister à l’envie de lui arracher le moulage. Muet de stupeur, il découvre que le gracieux visage est désormais difforme

 

Il s’enfuit, erre toute la nuit et se réveille à l’aube dans un parc où jouent des enfants. Ceux-ci prennent peur et appellent les forces de « l’Ordre ». Interné dans un asile psychiatrique, Johan devient réellement fou. Il parvient à s’en échapper. Il court rejoindre Nathalie. Mais, dans un accès de démence la tue.

 

Une force irrésistible l’attire vers les rivages d’un océan dans lequel il s’enfonce à jamais.

 

 

 

MACHIAVEL, L'ALBUM ÉPONYME. 1976

 

Mars 1976. L’album, intitulé tout simplement Machiavel, sort dans les bacs, sous le label d’Harvest records, sous-traitant d’EMI, et spécialement conçu pour promouvoir le rock progressif.

 

Harvest 4C064 - 23565

 

 Johan’s Brother Told Me, Cheerlesness, Cry No More, When Johan Died, Sirens Were Singing, I’am et Leave It Where It Can Stay.


La pochette  a été imprimée à partir d’un croquis d’étudiant, aux motifs  surréalistes, réalisé par Cornelia, la petite amie de Jack Roskam. On y voit une chauve souris privée de tête, un corps de femme aux bras et jambes coupées, des serpents enroulés autour de deux colonnes grecques et une tête de vieillard à même le sol.  Les neuf lettres du nom de Machiavel, peintes en orange vif,  se détachent sur un fond violet.

 

Entretemps, Michelle, l'attachée de presse, passe un coup de fil à Piero Kenroll, chroniqueur rock chez Télémoustique, qu'elle a fréquenté du temps où il s'occupait de Jenghiz Khan. Elle lui demande de venir assister au concert de Machiavel, le 17 avril prochain à Linkebeek, salle Malakoff.


Ce soir-là, le journaliste ressort, convaincu, que Machiavel représente, pour la Belgique, l’espoir qu’on n’espérait plus. Il publie aussitôt l’écho suivant :

 

 

« Oui, c’est, Machiavel. C'est un groupe belge. Mais attention, un groupe belge comme vous n'en avez encore jamais vu. J'ai assisté à son premier concert public  à Linkebeek, près de Bruxelles.  Ce fut une agréable surprise. C’est en effet le premier groupe de chez nous qui possède vraiment une sonorité sympho-rock. Il a aussi un claviériste super-équipé avec une superbe installation.

 

Ses compositions sont excellentes, un peu dans le genre Barclay James Harvest -Tangerine Dream - King Crimson. Et il s’est taillé, ce soir-là, un succès comme il y a longtemps que je n’en avais plus vu. Nul doute qu’il va vite se faire une bonne réputation.

 

Ne croyez pas au miracle tout de même, Machiavel a encore des défauts, dont il semble heureusement conscient (manque de mise en scène et de contact avec le public, quelques longueurs et une certaine froideur qui peuvent disparaître à la longue, mais qui font que s'il est au dessus de la moyenne des groupes belges, il est encore inexploitable à l’étranger. Un solide espoir, en tout cas. »

 

 

 

RÉACTIONS DE PRESSE

 

Machiavel 1976

 

« Ça commence avec Johan's Brother Told Me, une composition lente et majestueuse avec quelques effets spéciaux très réussis. Marc Isaye, le chanteur-batteur, a une bonne voix et pas mal de feeling, mais tout au long du disque, il ne sera pas avantagé : toutes les paroles concernent une tragique histoire d'amour impossible entre un certain Johan et une Nathalie, dont le père a été défiguré et impose à toute sa famille le port de masques hideux. Original, mais pas rigolo-rigolo. Le chanteur est donc quasiment obligé de gémir tout au long du disque, Ce dont il s'acquitte très bien, je le répète, mais qui devient un peu laborieux à mi-parcours.

 

Instrumentalement, heureusement, il y a des passages très forts.  Cheerlesness, construit en crescendo, devrait faire l'unanimité.  Cry No More, un morceau très doux, très intimiste, termine gentiment la première face.

 

When Johan Died, Sirens Were singing  ouvre la seconde avec d'abord un petit côté classique au piano et se poursuit au mellotron avec des interventions de synthétiseurs, du relief et tous les poncifs du head­rock ayant subi l'influence de Genesis, Yes, B.J.H. et compagnie... Je suis sûr que vous allez vous régaler. Ca se termine même de façon assez swinguante pour contenter tout le monde.

 

I Am  est une courte pièce à la guitare qui coupe l'album au bon endroit, et la finale, Leave It Where It Can Stay, est une très belle mélodie soulignée par un effet « sifflant » au synthé et une apothéose de claviers. Si Machiavel corrige ses quelques petits défauts (un peu plus de passages rentre dedans, un peu plus de gaieté, un peu moins d'accent et une meilleure production, s.v.p. !), je crois que son prochain album sera bon pour l'exportation. En attendant, celui-ci devrait déjà lui assurer un succès encore plus grand chez nous. »

 

(critique parue dans Télémoustique mai 1976)

 

 

*


Malgré des avis favorables et des critiques plutôt encourageantes, ce premier long playing ne parvient pas à dépasser le  seuil  des deux mille exemplaires.


Lors d’un réunion qui se transforme en une sorte d’examen de conscience collectif, les musiciens admettent volontiers leurs failles. Ils savent qu’ils vont devoir améliorer leur style et parfaire leur technique.  De plus, pour éviter que l’expérience ne soit qu’un feu de paille, ils vont devoir s’atteler à sortir au plus vite un second album.


Marc se montre sans pitié vis-à-vis d’Harvest qui, à ses yeux, ne s’est pas fort  décarcassée pour leur assurer une promo digne de ce nom. Toujours l’éternel débat entre artistes et producteurs.

 

Il faut reconnaître à Jack Say plusieurs tentatives de sa part pour faire distribuer Machiavel à l’étranger et notamment au Japon.

 

Marc : Lorsque les ventes ont commencé à décoller au Japon, jusqu’à atteindre les cinq mille exemplaires, l’équipe d’EMI aurait dû nous donner les moyens de nous envoyer sur place. On aurait pu aller montrer nos têtes, passer à la radio et faire quelques télés.  Mais, non ! 

 

(critique parue dans More mai 1976)

 

 

 

BATTEUR-CHANTEUR  : L'HANDICAP.


Il faut se rendre à l’évidence, un groupe de rock sans chanteur ou sans guitariste-chanteur, ça passe difficilement. On a du mal à imaginer Deep Purple sans Ian Gillian, les Kinks sans  Ray et Dave Davies, les Small Faces sans Steve Marriott, les Stones sans  Mick Jagger.


Seuls Phil Collins, Robert Wyatt et Freddy Nieuland du Wallace Collection  sont à la fois batteur et chanteur.


Or, lors des concerts, Marc Ysaye, camouflé derrière ses caisses, est le seul à faire entendre sa voix. Après deux ou trois morceaux joué sans mise en scène, le spectateur est tenté de regarder ailleurs. Pour contrebalancer l’aspect statique des musiciens, Machiavel a usé d’artifices :  fusées, rampes de lumière, stroboscopes qui, en finale,  les ramènent à un spectacle son et lumière. Pourtant Albert ne semble pas s’en formaliser:

 

« On nous a suggéré d’engager une chanteuse ou un musicien-chanteur qui ait de la présence. Mais vu notre style de musique, basée davantage sur l’atmosphère que sur le mouvement, je ne suis pas persuadé que ça règlerait le problème.Bien sûr nous sommes contents lorsque que ça swingue dans le public, c'est gai, on prend son pied, mais ce n'est pas vraiment  le but. »


Sans le crier sur tous les toits, Marc n’a aucune envie d’arrêter de chanter pour rester batteur ni de renoncer à la batterie pour choisir le devant de la scène : « J’allais devoir sacrifier l’un au profit de l’autre. Cela m’était insupportable. Je nageais en plein dilemme. »


Finalement,  c’est Albert qui tranche : « Tu es d’abord  un musicien avant d’être un chanteur ».  Marc finit par se ranger à cet avis. Après tout, sans être sur le devant de la scène,  il continuera à chanter derrière sa batterie dans certains morceaux.


Le sort en est jeté, Machiavel est en quête d’un cinquième larron. Un gars capable de monter haut dans les octaves, si possible charismatique.

 

Ysaye, batteur et chanteur.


Au cours des semaines qui suivent, les musiciens auditionnent une dizaine de candidats, dont Vince, un anglais en transit en Belgique. Ce dernier pourrait se révéler un candidat intéressant.


En attendant, les concerts se succèdent. On peut lire dans l’agenda: La Ruche à Charleroi, le Kring à Waterloo, salle des fêtes de l’athénée de Gembloux, Théâtre 140, le 8 mai avec  Klepto et Fifth Ballgand. Le 3 juillet, à Jodoigne, sous chapiteau. Le 6 août, en plein air, en face du Casino de Knokke.

BILZEN 1976

Bilzen 76. Jack Roskam, Marc Ysaye, Vince (chanteur anglais potentiel), Roland De Greef et Albert Letecheur.

 

 

BILZEN 14 AOÛT 1976

 

Une fois n’est pas coutume. En ce samedi 14 août, il ne pleut pas sur la vaste prairie, où coule paisiblement le Demer et où se déroule le festival.  Depuis le début de l’été, la pays vit sous  la canicule.


Comme chaque année depuis l965, le matin entre 10 et 13Hr, le festival accueille sur son podium des dizaines de groupes amateurs qui se succèdent non stop. Cette année c’est Karma, un groupe originaire de la région de Mons, qui remporte la palme du meilleur groupe dans sa catégorie.




À l’affiche du jour, on découvre dans l’ordre de passage : Machiavel, Camel, Kevin Ayers, Jess Roden Band, Black Oak Arkansas et en vedette Status Quo.


En dehors du site du festival, dans le village même de Bilzen, une bagarre éclate  entre une bande de « hell's angels » et quelques pandores allergiques aux motards. Plus loin, les disciples du «Rhada Krishna Temple» psalmodient d’inlassables  «Hare Krishna » sans qu’on arrive à les arrêter.


 

Marc, Albert, Roland et Jack sont déjà sur place vers onze heures. Ils sont accompagnés par le jeune chanteur anglais Vince, auditionné auparavant.

 

 

Lorsqu’ils gravissent enfin les marches de l’imposant podium sur lequel tant de groupes mythiques ont défilé, il est passé 14 heures.  On ne leur a pas laissé la possibilité de procéder à une balance.

 

Dans la cohue des roadies, qui montent et démontent leur matériel, et la cacophonie des instruments accordés sauvagement derrière la scène, Albert annonce un morceau au micro. Mais derrière lui, les musiciens n'on rien entendu. Albert démarre à l’orgue et les autres partent sur un tout autre titre.


Marc : Nous ne disposions d’aucun retour. Le public, apparemment féru de rock progressiste, a apprécié, si l’on s’en réfère aux applaudissements qui suivirent. Certains « allumés » nous ont même trouvés géniaux. Heureusement, on s’est rendu compte du problème, et on a rectifié le tir.

 

Dans le public, un jeune Italien issu de la région liégeoise,  les observe avec le plus vif intérêt. Ce samedi-là, fasciné par le show de Machiavel, Mario Guccio confie  à sa bande de copains : « Un jour, je serai le chanteur de ce groupe. »

 

 

 

MARIO GUCCIO (*)

 

Fin août, Machiavel n’a toujours pas trouvé de chanteur. Pourtant les appels à candidature et les auditions se poursuivent.

C’est dans la rubrique Pop Hot Show de Télémoustique que Mario Guccio découvre que Machiavel fait un appel d’offre. Il envoie aussitôt son CV à la rédaction du magazine, qui la relaie auprès d’Albert Letecheur.

 

À Liège, lorsque Mario Guccio découvre l’entrefilet, il envoie aussitôt son CV à la rédaction du magazine, qui la relaie bientôt à Albert Letecheur.


Arrive un gars de vingt-deux ans, aux cheveux noirs bouclés, sympa et sûr de lui. Marc  lui tend le micro, Mario propose d’interpréter Since I've Been Loving You de Led Zeppelin.  Les musiciens se lancent des regards furtifs, un petit sourire en coin.


Dès les premières mesures, Mario stupéfie la galerie. Il a une voix puissante qu’il peut facilement hisser vers les notes les plus hautes. C’est la révélation.

 

Marc : "Il nous a tous bluffés ! On était sous le choc. Il pouvait monter aussi haut que Robert Plant. On ne s’est pas posé trente-six questions, c’était le gars qu’il nous fallait."

 

Mario Guccio naît à Herve, en mars 1954, rue Delvau, dans  une maison du Foyer Fléronnais.C’est le fils d’un immigré sicilien, mineur de fonds.

 

Encouragé par ses parents, Mario entre à l’Académie Grétry où il suit  des cours de solfège et de chant.

 

Sa maman l'initie au répertoire du belcanto et des grandes voix napolitaines telles que Caruso et Mario Lanza.

 

En 1968, il a quatorze ans. C’est le temps du flower power, du peace and love, du psychédélisme. Dans sa région, comme ailleurs,  se montent de nouveaux groupes de bal chaque semaine.  Mario n’a plus qu’une seule idée en tête : chanter sur scène. Il se faufile dans l’un ou l’autre orchestre de bal des alentours pour y pousser la voix, jusqu’au jour où, avec quelques potes,  il fonde The Tigers.

 

Si Mario a des dispositions vocales, il n’a ni le timbre ni l’allure d’un rocker à l’anglaise. Sa technique, empreinte de lyrisme, le positionne à des années lumières de l’Euro rock défendu par le groupe.  

 

 

Mario Guccio



Voilà qui explique, avant la lettre, que les futurs grands succès de Machiavel porteront sur des titres comme Dance Roper et Fly (vibrants hommages à des personnalités comme Demis Roussos ou Tom Jones), et dans lesquels  Mario se sentira  très  à l’aise.

 

Heureusement, il s’adapte à l’ énergique  direction artistique d’Albert. Entre Marc et Mario, le courant passe. Avec leurs textures vocales respectives, ils développent une cohésion harmonique parfaite, qui était loin d’être acquise au départ. Chez Machiavel, la guerre des chanteurs n’aura pas lieu.

 

 

 

 

 

(*) Extrait d'un article de Brigitte Lousberg paru dans Le Soir  en mars 2008 « Une étoile du pays de Herve ». Egalement : http://fr.clint.be/entertainment/mario-guccio-le-leader-funambule-du-groupe-machiavel

 

 

 

Le 19 septembre 1976, Machiavel fait corps avec son nouveau chanteur sous un chapiteau installé à Linkebeek.  Le 23, le groupe donne un concert dans la salle du centre culturel de la Cité Modèle à Laeken, aux côtés de John Cale. Le 25, il se retrouve, en plein air, sur le parking du Carrefour à Messancy, au même programme que Jean-Luc Ponty, Womega et John Cale. Puis, le 9 octobre, la grande salle de l’Auditorium au Passage 44  leur ouvre ses portes.

 

 

Le 23 septembre 1976. Centre culturel de la Cité Modèle à Laeken.

JACK ROSKAM S'EN VA. JEAN-PAUL DEVAUX LE REMPLACE.

Roland, Albert, Marc, Mario et Jean-Paul.

 

 

Jack Roskam sent qu’il n’a plus sa place dans Machiavel.  Avec ses racines black, il aspire à jouer une musique orientée vers le blues ou la soul. Il n’éprouve plus aucun plaisir à se rendre aux répétions quotidiennes.

Marc : "Il a quitté le groupe de manière totalement joviale, sans la moindre amertume, soulagé de retrouver sa liberté. Par la suite il a rejoint  Royal Flash."

 

Jack est remplacé par Jean-Paul Devaux, un copain de Mario Guccio. Né à Kisangani (Congo belge)  le 26 juin 1952, d’une mère africaine et d’un père belge, il grandit au son de la musique : « Dans mon enfance, j’ai été bercé par les tambours et les chants africains. J’ai ressenti mes premiers émois à travers le blues,  avec la joie, la tristesse et l’espoir qui le caractérise. »


S’il prend la place de son prédécesseur, il n’en adopte pas le style effervescent. Jean-Paul est un personnage réservé, en phase avec sa guitare.   

    
Machiavel se lance dans la création de son deuxième album. Il va falloir bosser dur.

 

 

(*) http://tilldawn.wikidot.com/presse

 

 

 

JESTER, LE DEUXIÈME ALBUM


Entre décembre 1976 et mai 1977, les musiciens de Machiavel  se rendent au studio DES  pour de nouvelles démos. Jack Say les met en contact avec Erwin Vervaeke, le nouveau technicien qu’il vient d’engager et se contente de  passer une tête de temps en temps. 

 

Le groupe au studio DES avec Erwin Vervaeke à la console


Cette fois cisèlent, raccourcissent, évitent les envolées lyriques qui leur furent reprochées précédemment. Marc et Mario travaillent leurs  voix pour les amener au plus haut niveau d’excellence.


Tous sont conscients qu’on les attend au tournant.  Ils jouent leur avenir. En cas d’échec, EMI ne leur accordera pas facilement une troisième chance.


En avril, sept titres sont retenus  pour figurer sur  le futur 33 tours. Il s’agit de Wisdow, Sparkling Jaw, In The Reign Of Queen Pollution, The Jester,  Mr Street Fair,  Rock, Sea And tree.


Il faut maintenant concevoir une pochette qui mette en relief l’univers onirique de Machiavel. Roland Degreef confie le projet à Marcel, alias Celle, qu’il a rencontré à l’académie d’Anderlecht.

 

Lorsque ce dernier présente ses premières esquisses, le groupe est séduit par la fantasmagorie qui s’en dégage et qui n’est pas sans rappeler l’œuvre sulfureuse de Crepax.

 

Quelques jours plus tard, il apporte le produit fini, une double fresque,  qui servira de motif  à  la pochette intérieure de l’album.

 

 
Chez EMI,  le projet est accepté, non sans une certaine réticence ; les dessins étant considérés comme un peu trop érotiques.

 

Une conférence de presse est organisée au centre culturel de Laeken, à la  cité Modèle. Il ne reste plus qu’à attendre l’avis de la critique.

 

Et à l’immense joie de ses concepteurs, Jester fait l’unanimité:


«  Un recueil de titres brillants, enlevés, inventifs, frisant la perfection. »
« Machiavel, un groupe belge à la hauteur. »
 « Les Belges reprennent du poil de la bête. »
 « Machiavel wil internationaal doorbreken. »


Les fans de rock du royaume s’emballent pour Jester. Machiavel devient une gloire nationale.  Des quotidiens, autres que des magazines de rock,  s’intéressent au parcours du groupe belge. Le quotidien Le Peuple sort un article.

 

 

[...] un second album extraordinaire à tous les niveaux. Techniquement c’est même une petite merveille. Musicalement, ça sent un peu trop l'influence de groupes comme Jethro Tull, Genesis, Alan Parson. Il y a même des accents de guitare que l'on dirait directement extraits du dernier album des Pink Floyd, mais l'ensemble est grandiose et le travail en studio admirable, notamment dans le domaine du mixage et des effets spéciaux (bruits de verre brisés dans  Sparkling Jaw, de marée dans  Rock, Sea And Tree.

 

Les vocaux aussi sont particulièrement  soignés et bien qu'il soit belge, Machiavel peut désormais rivaliser avec les grands groupes anglais ou américains. La meilleure preuve : faites écouter cet album à vos amis sans préciser son origine et il y a de fortes chances pour qu'ils cherchent leurs références dans les plus hautes sphères.

 

Un morceau comme In The Reign of Queen Pollution  est, à cet égard, sinon le meilleur, le plus représentatif de la nouvelle évolution de Machiavel. Ça démarre d'une manière très planante, avec bruits de clochettes et de carillon sur fond de musique champêtre. Puis le rythme se casse pour aller crescendo jusqu'à l'apothéose, avec un soutien vocal endiablé et l'apport désuet d'une clarinette qui prouve, comme dans  The Jester  que le jazz et le rock peuvent parfois faire bon ménage.


S'il continue sur cette lancée, Machiavel devrait très vite devenir le groupe belge le plus important du moment et peut-être même faire une percée à l'étranger. Sans être chauvin, ce ne serait après tout que justice. On s'est trop souvent plaint de la pauvreté des formations belges de pop music pour ne pas se réjouir aujourd’hui de la réussite d'un groupe dans lequel, il faut bien le reconnaître, on n'avait guère mis d'espoirs au départ. [….]

 

 

 

Harvest - 4C 064-99289

 

 

1. Wisdom (6:00)
2. Sparkling jaw (7:00)
3. Moments (3:17)
4. In the reign of queen pollution (6:56)
5. The jester (5:20)
6. Mister street fair (7:55)
7. Rock, sea, and tree (9:52)
8. The birds are gone * (1:49)
9. I'm nowhere * (2:22)

 

 

Dans la rubrique Hot Top du Télémoustique, du mois d’octobre 1977,  on lit que Jester atteint la troisième place, pour grimper à la seconde, juste devant Lust For Life de Iggy Pop.

 

En octobre, l’album se maintient pour rétrograder à la quatrième place. En décembre, détrôné par Genesis, Queen, Bowie et ELO, il s’accroche en neuvième position. Pas mal pour des novices !


En janvier 1978, lors de la publication des résultats du grand sondage annuel sur le rock en Belgique, Machiavel accumule les récompenses : Meilleur groupe sur scène, meilleur groupe sur disque, meilleur album avec Jester. Leur single Moments se classe même troisième.

 

Résultats du Rock Poll de 1978, dans Télémoustique :


« Machiavel, c'est vraiment l'exploit.  C'est la première  fois depuis l'existence de notre « poll » qu'un groupe belge suscite pareil enthousiasme.

 

D'un côté ces résultats doivent être un magnifique encouragement pour ces gars, de l'autre ils vont devoir faire très attention à se montrer à la hauteur  de la réputation qu’ils sont en train  de se faire, et le fait  d'être un groupe  « old wave » alors que la « new wave » est en train de tout submerger ne va pas leur faciliter  la tâche.

 

La meilleure façon de les aider pour ceux qui les ont plébiscités est maintenant d'assister nombreux à leurs concerts. »

DEUXIÈME PARTIE : ENTRE EUROCK, PUNK ET NEW WAVE (1978 - 1979)

TROISIÈME PARTIE : NOUVELLES LIGNES (1980 - 1982 )

 

COMPOSITION ACTUELLE DE MACHIAVEL

LA BIOGRAPHIE COMPLÈTE DE MACHIAVEL EXISTE AUSSI EN LIVRE:

 

40 ANS DE MUSIQUE 1976-2016

 

Editeur Renaissance du Livre

 

 

INFO SUR LES DATES DE CONCERTS DE MACHIAVEL EN 2016

http://machiavel.be/