LES PIONNIERS DU ROCK

 

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Paul André - J.Jième fondateurs de l'agence Century
Jean-Noël Coghe, reporter rock- bio
Piero Kenroll, le pionnier de la presse rock francophone
Ludo Debruyn - Lion Promotions - Mardeb.
Francine Arnaud, la maman du rock belge RTB
Paul Coerten, le photographe des années 60-80
Erik Machielsen - photos et chasseur d'autographe
Jean Martin, impresario
Jean-Hubert De Groot, album photo concerts et artistes des années 60
Genesis et la Belgique
Les cinq Pop Hot Shows
Onyx Club - Sibémol-Jack Say - Studio Des
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LES PIONNIERS DE L'HISTOIRE DU ROCK EN BELGIQUE

PAUL COERTEN : " Mister Paul, the cool photographer"

 

 

La « Piezography Pro » est le procédé de tirage noir et blanc le plus abouti au monde.
 
Le système « Pro » fonctionne avec 10 encres + un vernis.
4 encres avec une teinte chaude, 4 encres avec une teinte froide,
une noire mat et une noire photo.
 
Tout droit venu des Etats-Unis, il permet des noirs plus profonds sur papier mat ou satiné grâce à une reformulation de l’encre noire créée pour absorber le plus de lumière possible. Cette encre noire mate est à ce jour la plus sombre au monde.


Le système pro, c'est aussi la possibilité de créer aux tirages noir et blanc, des courbes personnalisées en ajoutant des teintes chaudes ou froides.


L’avantage de ce procédé par rapport aux procédés jet d’encre classiques est simple : de plus grandes nuances, des dégradés très doux et une bien meilleure précision des détails les plus fins.


De plus, ces encres fabriquées à partir de pigments purs monochromatiques offrent l'avantage de ne pas avoir d'effets de métamérisme ( avec les tirages jet d'encres conventionnels, selon la température de couleur de votre source de lumière, votre tirage apparaît plus rouge ou vert ).


Sans parler de la longévité des encres, qui sont des encres carbones aux pigments de charbon ,le charbon ne pouvant pas s’affadir, les densités du tirage resteront stables et ce pendant plus de 150 ans.
                                                                           

Paul Coerten

 

 

"JE SUIS PARTI TRÈS JEUNE VERS LA PHOTO"

 

 

J.Jième : Parle-moi de tes premiers débuts. Qu'est ce qui t'a poussé à devenir reporter photographe ?

 

Paul Coerten : Début 60, le siège américain d'Associated Press décide d'ouvrir un bureau dans chaque capitale d'Europe. Bruxelles fait partie du network international. Je tombe sur une annonce de l'agence qui recherche des collaborateurs. A l'époque j'ai à peine dix-sept ans , j'en ai marre des études, je voudrais travailler et gagner ma vie. Et voilà que, sans grandes difficultés, je me retrouve engagé comme stagiaire au département photos. Avec un confrère, nous devions trier les clichés qui arrivaient du monde entier sur une sorte de télex. Ça pouvait être un tremblement de terre au Chili, le mariage d'une princesse ou la victoire d'une équipe de foot.

 

On choisissait les meilleures photos et on en faisait des tirages au labo pour courir les déposer dans toutes les rédactions de Bruxelles. Puis, l'agence a pris de l'ampleur tandis que chaque journal a fini par s'acheter sa propre machine et à recevoir les infos en ligne directe des States.

 

Ensuite, grâce au Marché commun, Bruxelles a pris de l'importance. Les pays européens se sont mis à s'intéresser à nos sommets, conférences inter ministérielles etc… ll fallait donc dépêcher des photographes pour aller couvrir ces événements.

 

 

Paul Coerten en 1972

 

Plutôt que de rester confiné dans un bureau, j'ai sauté sur l'occasion et j'ai demandé à réaliser des reportages. Ce qui m'a été accordé. Mais à la condition que je puisse mener de front mon nouveau statut de  photo editor  dont je venais d'être bombardé.

 

Mais à vingt ans, on a la bougeotte et pas vraiment l'esprit à diriger une équipe de dix personnes derrière un bureau. J'ai donné mon préavis… à trois reprises. Préavis à chaque fois refusé par la direction qui multipliait les arguments pour me garder.

 

 

 

ALDRIN : " Et j'ai ouvert des yeux comme ça ! " 

 

 

Mais comment résister à la fougue et la passion ? Je voulais devenir reporter photographe et couvrir de grands événements. J'ai dû choisir entre la sécurité et l'aventure.

De la plus grosse agence de Belgique, je suis donc passé à une agence nettement plus modeste mais qui me permettait d'entrer de plain-pied dans le métier.

 

Chez André Guyaux j'ai tout de suite été à rude école. Il m'envoyait sur le terrain au milieu de la meute des autres journalistes et je devais revenir avec le meilleur instantané. C'est lui qui m'a initié à la réalité du métier : compenser les mots par l'image; revenir avec le cliché qui parle de lui-même et qui résume tout.

 

J'ai notamment appris qu'avec les hommes politiques, les sportifs ou les artistes, il ne fallait jamais s'attendre à faire de bonnes photos dans les dix premières minutes d'une interview. Ils sont encore trop sur la défensive, guindés, pas assez naturels.

 

Par contre, une fois lancés dans le jeu des questions, ils oublient complètement le photographe. Et c'est là qu'ils se lâchent et qu'ils se permettent des mimiques ou des attitudes qui vont faire notre bonheur.

 

Aldrin, astronaute d'Apollo 11

 

Paul Coerten rock photographe

Paul Coerten - 2008

 

Lors d'une conférence de presse donnée par Aldrin, le second astronaute d'Apollo 11 à avoir marché sur la lune avec Armstrong, je me retrouve derrière une marée de photographes, accroupis devant sa table et qui le mitraille sans discontinuer.

 

Bien que je sois assez proche de lui, je choisis de travailler au télé. Un 200 mm qui pèse lourd ; j'ai le bras ankylosé. J'attends.

 

À un certain moment il dit un truc du genre : «  Et j'ai ouvert des yeux comme ça. » Et il joint le geste à la parole en cerclant ses yeux avec les doigts.

 

Et clac, je déclenche l'obturateur. Ça n'a duré qu'une fraction de seconde. Mais cette photo résumait tout. On pouvait comprendre toute l'émotion qu'il avait dû ressentir lorsqu'il avait eu la lune dans son propre champ de vision. Le cliché a fait le tour du monde et a été repris longtemps dans des séminaires et des expositions sur le journalisme.

 

COMMENT ON DEVIENT PHOTOGRAPHE DE ROCK ?

 

 

Paul Coerten : Je ne suis pas resté longtemps chez Guyaux. J'ai très vite réalisé que si je voulais réussir dans la profession, je devais me libérer de toute entrave et me mettre à mon compte. Ce qu'il a très bien compris. Grâce au ciel, j'ai le contact plutôt facile. J'adore rigoler, raconter des blagues. Ça m'a ouvert bien des portes. Comme les gens me trouvaient sympa, ils n'hésitaient pas à faire appel à mes services lorsqu'ils avaient besoin d'un photographe.Ce fut le cas avec Piero Kenroll, le chroniqueur rock de Télé Moustique. Je l'avais déjà croisé plusieurs fois dans les corridors des Éditions Dupuis où j'allais régulièrement. Un jour il m'appelle dans son bureau (il venait d'être engagé) et me demande si ça me botterait de travailler pour lui ? De couvrir les concerts de groupes anglais ? Comme tout ça se passait le soir, j'avais le temps après ma journée de boulot chez Guyaux, de gagner quelques sous supplémentaires en bossant sur des concerts.Et puis, l'idée de me plonger dans le monde des musiciens m'excitait.

 

piero kenroll

Piero Kenroll

 

L'époque des golden sixties était incroyablement exaltante. La musique rock était à sa pleine apogée. J'écoutais les Kinks, les Yardbirds, les Stones, les Beatles et tant d'autres. J'avais envie de surfer sur cette vague musicale déferlante. La perspective d'assister à tous les concerts importants, d'être proche des musiciens et d'être payé en plus m'a poussé à dire oui immédiatement.

 

 

 

LES NIGHTBIRDS

 

J'ai donc démarré une double vie tout à fait excitante. La journée, en complet veston, pour des prises de vue classiques et des contacts-clientèles dans la pub, les manifestations sportives, les rendez-vous people. Puis le soir, en jeans et t-shirt, plongé dans le chaudron des concerts. Puis tout s'est enchaîné. J'ai donné ma démission chez Guyaux et je suis devenu photographe indépendant.

 

J.M. : Lorsque tu étais chez Guyaux tu as couvert des tas d'événements sportifs. Tu as participé au Tour de France plusieurs fois. Tu n'as jamais raté une course automobile. Y-a-t-il de grandes différences entre la réalisation d'un reportage sportif et arriver à saisir le bonne expression d'un rocker en plein action ?

 

Paul Coerten : Très jeune, j'ai eu envie de gratter de la guitare. J'ai donc appris le solfège. J'ai tout d'abord tâté de la basse, puis de la rythmique. Au début des années 60, avec mes deux frères Jacques et Bernard, on a monté un orchestre qui s'appelait les Nightbirds. Puis Kris Doogan est venu s'ajouter comme notre chanteur. À un moment, on a même accompagné Ariane, la future chanteuse des 10-20.

 

 

Sans oublier des moments inoubliables avec Julien, alias James Curtis, à l'époque patron du dancing le Ben-Hur.

 

The Nightbirds

 

De gauche à droite : Paul Coerten (basse) - Jimmy Morgan (chanteur) - Bernard Coerten (guitare solo) - Jacques Coerten (batteur) - Dany De Vuyst (guitare rythmique)

 

 

 

UNE GESTUELLE PROPRE À CHAQUE ARTISTE

 

Ces diverses expériences musicales m'ont permis d'intégrer des notions de base qui m'ont grandement aidé dans mon futur métier de photographe. Je te donne un exemple. Dans n'importe quelle chanson française ou anglaise, tu pars d'un rythme, d'un tempo bien précis.

 

Jacques Brel

 

Puis arrive le refrain, qui se répète deux fois, trois fois. Tu vois assez vite à quoi t'en tenir. Tu peux t'attendre à ce que le chanteur répète sa gymnastique scénique au moment où il repart dans son refrain. Et donc tu l'attends tranquillement et clac tu fais ta photo.

 

Je pense notamment à Brel qui réglait sa gestuelle et ses mimiques à la perfection c'est-à-dire toujours pile poil, de la même manière, au même instant.

 

J'ai très vite pensé qu'avec les groupes rock, je pourrais procéder de la même manière et ainsi anticiper sur les positionnements de leurs chanteurs et musiciens.

 

Chaque artiste a sa propre manière de bouger, son propre style, ses préférences pour un coin ou l'autre de la scène. Le tout est de bien l'observer pour mieux cerner sa personnalité et la manière dont il entend séduire son public.

 

C'est pourquoi, à l'inverse de mes confrères, je laissais toujours démarrer le concert sans prendre aucune photo. Puis, l'objectif du Nikon rivé à l'œil, le plus souvent au télé, je me concentrais sur ma cible comme un chasseur prêt à tirer.

 

 

FREE SHOW AU WOLU SHOPPING CENTER

 

Je bougeais aussi énormément. Jamais je ne me suis contenté de rester à gauche, à droite ou en face du podium. Je me baladais partout. J'avais toujours à ma disposition une valise métallique très résistante sur laquelle je me hissais, ce qui me permettait de me trouver cinquante centimètres plus haut que mes confrères ou le public.

 

free show woluwe

Pebbles - juin 1971

 

Je me rappelle des Free Shows de Woluwé, où il y avait plus de dix mille personnes. Pour obtenir de bons clichés face au podium, j'ai dû obligatoirement descendre au beau milieu de la foule.

 

 

 

 

J'en ai embêté plus d'un ce jour-là, mais jamais plus de quelques secondes. Puis je me déplaçais, recommençais mon manège et j'allais en ennuyer d'autres.

 

Peter Hamill années 70

Peter Hammill

 

ÉPOQUE BÉNIE POUR LES PHOTOGRAPHES : LA LIBERTÉ D'ACTION

 

Van der Graaf Generator © Paul Coerten

 

Led Zeppelin années 70

Led Zeppelin © Paul Coerten

 

 

Boomtown rats annes 70

 

" Je réalise la chance que j'ai eue".

 

J.M. : Comment étais-tu perçu par les organisateurs de spectacle en Belgique dans ces années où la carte de presse pour les journalistes ou les photographes de rock n'existait pas ?

 

Paul Coerten : Sans carton d'invitation, ni carte de presse, j'ai toujours été le bienvenu partout où j'ai promené mon objectif. Que ce soit à Bilzen, Châtelet, Ciney, Forest National, Werchter et j'en passe. Lorsqu'ils me voyaient arriver, les promoteurs de shows ou de festivals m'accueillaient à bras ouverts car ils savaient que j'allais contribuer à donner de l'éclat à leur événement.

 

Je bénéficiais également de leur sympathie grâce à ma collaboration avec Piero Kenroll. Quelques semaines avant le spectacle, Piero annonçait largement le spectacle dans les colonnes de Télé Moustique. Il donnait le prix des places, la meilleure manière de se rendre sur les lieux. Il commentait le plateau des artistes et diffusait déjà la photo de chaque groupe avant leur venue. Dans un premier temps ces photos émanaient des maisons de disques ou des bureaux de management anglais.

 

Le jour du spectacle, je finalisais le tout en réalisant un reportage de tous ces groupes en live. Et à nouveau Télé Moustique reparlait de l'événement mais cette fois avec des photos exclusives prises sur le terrain. La boucle était bouclée, tout le monde y trouvait son compte. Et surtout les Anglais.

 

Très vite, les agences et firmes de disques anglaises ont réalisé que la Belgique constituait la plaque tournante entre trois cultures bien distinctes. De par sa position géographique, notre petit pays occupe une position stratégique de premier plan avec ses frontières avec l'Allemagne, la Hollande, la France et le Luxembourg.

 

Les agences britanniques ont prouvé leur intérêt pour notre pays en nous envoyant en primeur la plupart de leurs groupes. Nous avons donc servi de test à une flopée de groupes méconnus sur le continent. Je pense notamment à Soft Machine, Yes, Genesis, Rory Gallagher, Uriah Heep, Atomic Rooster, Pete Brown and Piblokto, Savoy Brown, Van der Graaf Generator et tant d'autres.

 

En tant que photographe, j'ai donc pu compter sur un maximum de latitude de la part des professionnels qui attendaient que je réalise des photos fortes, qui ensuite seraient diffusées dans les médias étrangers. Comparé avec ce qui se passe aujourd'hui, je réalise la chance que j'ai eue. J'ai vraiment fait partie d'une époque bénie où contraintes, contrôles de sécurité, accréditations délivrées au compte-gouttes n'existaient pas.

 

Boomtown Rats © Paul Coerten

 

 

Les équipes de gardes du corps avaient reçu des instructions pour qu'on me laisse travailler tranquillement.

 

Lorsque les frères Ambach sont arrivés sur le marché belge, le show-business musical a pris son véritable envol. Ces deux hommes d'affaires ont décidé de prendre le marché en main. Ils ont pris contact avec les plus grands groupes et les ont amenés en concert dans les plus grandes salles du pays. Comme ils m'ont très vite eu à la bonne, j'ai pu obtenir de leur part un sésame qui m'a permis de devenir le seul photographe backstage accrédité.

 

Je pouvais donc me promener en toute liberté dans les loges, les coulisses, l'arrière du podium. Les équipes de gardes du corps avaient reçu des instructions pour qu'on me laisse travailler tranquillement.

 

Cela dit je n'ai jamais profité de cet avantage pour me permettre de faire n'importe quoi. Je n'ai jamais essayé de violer l'intimité des artistes au moment où ils se relaxaient en attendant de monter sur le podium. Et sans doute que ça s'est su et que c'est pour cela que je n'ai jamais eu le moindre pépin avec aucun musicien.

 

J'avais également d'excellents contacts avec la plupart des firmes de disques. Pour te donner un exemple, lors de la venue de Supertramp à Bruxelles, CBS fait appel à moi. Je débarque à l'hôtel des musiciens et là je vois tout un groupe de journalistes qui attend devant une porte. demande de réaliser un reportage photos pour leur compte.

 

Je montre mon pass au garde du corps qui me fait aussitôt entrer. Là, le délégué de CBS m'accueille et m'explique que chaque journaliste a quinze minutes pour interviewer les membres du band. Mon job consiste à réaliser des photos que je dois remettre à chacun d'entre eux.

 

Supertramp © Paul Coerten

 

Comme je suis resté toute l'après-midi, tu imagines le degré de complicité que j'ai pu avoir avec les gars de Supertramp par rapport aux journalistes qui ne disposaient que de quelques minutes ?

 

Le soir, j'arrive à Werchter où ils donnent leur concert. Je me glisse dans le flux continu des spectateurs qui se bousculent devant les guichets, j'entre dans l'enceinte.

 

Et j'entends  Hey Paul  ! C'était Dave Winthrop, le saxo de Supertramp, celui allait faire vibrer la foule dans la demi-heure suivante. Il était là à regarder entrer les gens.

 

Personne ne le reconnaissait. Au contraire on s'est presque fait insulter parce qu'on gênait plus ou moins l'entrée.

 

 

LES CONTRAINTES TECHNIQUES DE L'ÉPOQUE

 

J.M. Passons aux contingences techniques. Malgré la qualité des objectifs et des boîtiers de marque de l'époque, comment te débrouillais-tu pour obtenir le cliché que tu cherchais avec des artistes en perpétuelles gesticulations, tantôt éclairé par une simple douche, tantôt par un light-show hyper aveuglant ? Tu devais sans doute travailler avec plusieurs appareils à la fois ? Tu risquais sans arrêt la sous-exposition et l'inverse ?

 

Paul Coerten : Bien évidemment. Au début des années 70, la plupart des groupes ont intégré dans leurs spectacles des light shows. Fini l'éclairage plus ou moins constant. Les premières cellules intégrées des appareils photos n'étaient en rien comparables aux calculateurs actuels.

 

On a donc dû s'adapter. Au début, je travaillais avec un seul appareil. Je devais donc jouer en permanence avec la molette qui commandait les vitesses d'obturation. Je passais sans arrêt d'une vitesse à une autre.

 

De plus, selon la focale utilisée, il me fallait également corriger le diaphragme. Très vite, j'ai acquis un second boîtier, ce qui m'a permis d'utiliser quasi simultanément un 85 mm/1.8. et un 180 mm /2.8.

 

J.M. : Tu as surtout travaillé en noir et blanc. Tu n'appréciais pas trop la couleur ?

 

Paul Coerten : À de très rares exceptions près, j'ai toujours travaillé en noir et blanc ; pour mieux gommer le côté  Las Vegas des light shows et mieux me focaliser sur le geste, l'attitude, l'expression de l'artiste.

 

Paul Coerten

Paul Coerten - 2008

 

J'estime qu'il n'est pas bon que le personnage soit dilué dans des éclairages trop appuyés. C'est une des grandes qualités du noir et blanc. Mais le revers de la médaille, c'est qu'il encaisse assez mal la lumière rouge. L'image perd alors de son détail.

 

Puisqu'on parle de pellicule, j'utilisais surtout du Kodak Tri X 400 ASA, que je poussais à 1600 voire dans des conditions extrêmes à 3200 ASA. Je procédais à pas mal de tests sur la composition du grain. Je composais moi-même mes révélateurs en les dosant avec des accélérateurs à la soude caustique. À chaque concert, je consommais plus ou moins quatre bobines de pellicule de trente-six vues que je m'empressais de développer le soir même ou dans la nuit pour rester dans l'ambiance et ainsi garder chaque image en mémoire.

QUEEN ET FREDDIE MERCURY

Freddie Mercury années 70

Freddie Mercury ©Paul Coerten

 

Une de mes plus belles expériences professionnelles réside dans ma rencontre avec le groupe de Freddie Mercury, Queen.

 

C'était la première fois qu'un groupe faisait salle comble deux jours d'affilée à Forest National. Du pur délire !

 

Jo Goovaerts, label manager devenu directeur de EMI, me contacte et m'apprend que les producteurs du groupe ont décidé de louer la salle pour un troisième jour dans le but de procéder au tournage d'un clip vidéo. Il me demande de couvrir le tournage.

 

Une fois sur place je réalise l'ampleur des moyens mis à la disposition des membres de Queen. Une luma (caméra arrimée au bout d'un bras articulé) circule sur un travelling sur tout le devant de la scène.

 

Queen années 70

Freddie Mercury ©Paul Coerten

 

Un technicien manipule une sorte de joy stick qui fait évoluer la caméra dans l'espace. Celle-ci monte au-dessus des têtes des musiciens pour les filmer en plongée puis redescend au ras du sol pour cadrer le batteur en contre-plongée.

 

De marque français, ce dispositif a définitivement révolutionné la manière de filmer les concerts et surtout le public en le survolant.

 

Je suis présenté à Freddie Mercury, très cool, qui me dit : « You do what you want. » Je comprends qu'il me laisse le champ libre. Que même si je me retrouve dans le champ de la Luma, c'est pas grave, ce sera coupé au montage. Je déballe mon matériel et je me prépare à l'action.

 

Forest-National, sans aucun spectateur, c'est vachement impressionnant. Mais lorsque le groupe se lance dans sa prestation et joue sans interruption durant deux heures uniquement pour la caméra et… pour mon objectif ça n'a pas de nom. C'est grandiose ! Émouvant ! Extraordinaire ! Je garde un souvenir indélébile de la formidable prestation de Freddie Mercury qui était un vrai monstre sacré et un perfectionniste hors pair.

 

 

 

Golden Years © Paul Coerten

 

J'ai donc réalisé plusieurs bobines de dias couleurs qu'on m'a demandé d'envoyer en Angleterre. Quelques jours plus tard, je reçois un coup de fil de Londres : « Hello Paul, la Company  a beaucoup apprécié votre reportage et a décidé de vous l'acheter dans son intégralité. Quel est votre tarif ? »

 

Comme je n'ai pas la moindre idée de ce que valent deux heures travail de rêve à bosser pour les Queen, je décide de demander conseil auprès de Jo Goovaerts qui me dit : « Combien veux-tu ? » 

 

- Je lui réponds : "quarante mille balles" (1000 €).

 

Il téléphone chez son homologue anglais, lui explique la situation. Il raccroche et me dit avec un petit sourire : « Tu veux tripler ou même quadrupler tes exigences ? ».

 

Je suis à la fois agréablement surpris et un peu ennuyé. Car je ne sais pas trop comment annoncer un montant aussi mirobolant à la Company.

 

Et pourtant tout s'est passé comme une lettre à la poste. J'ai reconverti le tarif de ma prestation à la hausse comme convenu.

 

L'agence de Queen n'a pas sourcillé et m'a juste dit : « Envoyez-nous un fax pour l'accord de la cession des droits et on vous règlera la facture ».

 

 

 

 

Peter Gabriel et Steve Hackett © Paul Coerten

 

GENESIS - VAN DER GRAAF GENERATOR - FOLLLIES

 

Genesis et Van der Graaf Generator ont fait partie du même plateau dans le cadre de l'émission  Folllies  de Pierre Meyer.

 

On tournait aux Studios Mathonet. Lors d'une interruption prolongée, les deux groupes ont décidé de se mesurer dans une partie de foot dans l'arrière cour du studio.

 

Je ne sais plus dans quelle équipe je me suis retrouvé ni qui a gagné ? Mais soudain, la partie a été soudain interrompue par l'envoi du ballon dans un luminaire qui a littéralement explosé. On a récupéré vite fait l'objet du délit et on s'est tous barrés comme des collégiens pris en faute.

 

CHRIS dE BURGH

 

Une autre fois, à l'issue d'un concert, j'ai soupé avec Chris de Burgh. Comme c'était un passionné de photos on a longuement évoqué le sujet. Il me posait des tas de questions d'ordre technique. On n'a pas parlé un seul instant de notes de musique. Pour le reste, on s'est apporté plein de trucs.

 

GOLDEN YEARS 70-80

J.M. : De 1970 à 1984, tu as couvert pas loin de six cents concerts et photographié des centaines de groupes. Il fallait bien qu'un jour quelqu'un s'intéresse à cette extraordinaire matière. Ce fut le cas de Denis Asselberghs qui un jour te contacte et te propose de réaliser un bouquin de rock à partir de tes milliers de négatifs ?

 

 

Paul Coerten : Denis est un journaliste indépendant qui a surtout travaillé dans le domaine du sport, notamment automobile. Mais c'est aussi un vrai passionné de rock. Il connaissait toutes mes photos. En 2004, il me rappelle que Bill Haley a lancé le rock' n roll en 1954 avec son célèbre  Rock around the clock . Il estime qu'il faut dignement fêter cet anniversaire. Comment ? Par l'édition d'un bouquin 100/100 illustré de photos. Après plusieurs discussions, j'accepte avec enthousiasme de collaborer au projet. On a donc passé près de trois mois à replonger dans le passé et dans mes milliers de négatifs qui étaient plus ou moins bien classés. Imagine-toi qu'à chaque concert, je réalisais quatre bobines de trente-six vues, ce qui fait cent quarante-quatre négatifs différents, à raison de deux concerts par semaine, durant quinze ans. Si je fais le calcul ça doit dépasser les deux cent mille négatifs.

 

Travail titanesque, souvent fastidieux mais qui a eu le mérite de me remettre en mémoire mille souvenirs et détails de deux décennies vraiment exceptionnelles. Plus que jamais, j'ai le sentiment aujourd'hui, d'avoir vécu une période fabuleuse.

 

Quel jeune pourrait se targuer à l'heure actuelle de pouvoir rencontrer tant de rock stars aussi facilement ?

J'ai eu énormément de satisfaction à sortir cette brique (le bouquin pèse deux kilos).

 

Ce qui a été gratifiant c'est lorsque Peter Gabriel a accepté si gentiment de le préfacer. Ou lorsque Roger Waters, le batteur des Pink Floyd, m'a envoyé un mot de félicitations en m'annonçant qu'il faisait immédiatement établir un lien avec son site web.

 

 

 

PETER GABRIEL, PARRAIN DE

GOLDEN YEARS

 

Dans mon ouvrage Golden Years-rock 70 que Peter Gabriel a eu la gentillesse de me préfacer, il a également eu la délicatesse d'écrire ces quelques mots à propos de notre profession :

 

« En concert, les photographes n'ont à priori pas le beau rôle. Par leur présence au premier rang, ils cassent le lien direct entre le groupe et son public. Et souvent les coups de flash perturbent la concentration. Mais avec le recul, j'ai appris à apprécier leur travail. Je ne peux que leur être reconnaissant d'avoir saisi l'instant et conservé ainsi tous ces témoignages d'une époque. Tel est mon sentiment sur Paul Coerten que j'ai toujours considéré comme un artiste tranquille et discret. »

 

Golden Years70-80

Paul Coerten - 2008

 

UNE NOUVELLE JAQUETTE POUR 2012

 

 

J.Jième : Golden Years 70-80 est une perle sur le plan des illustrations et vachement impressionnant au vu de la notoriété des artistes qui y figurent. Les plus grands noms de l'Histoire du rock sont réunis côte à côte.

 

Paul Coerten : Le livre n'a pas fait la carrière qu'il méritait vraiment. Le créneau des librairies belges et françaises ne brille pas particulièrement par son dynamisme. Malgré de gros efforts de la maison d'édition, le livre s'est souvent trouvé manquant dans les étalages.

 

Quand j'ai pris conscience de la situation, j'ai décidé de racheter le stock. Désormais, je privilégie la vente des livres sur internet.

 

On peut donc se le procurer facilement et même en feuilleter certaines pages en tapant : http://www.goldenyearsrockbook.com

 

Ceci dit, je participe à de nombreuses expositions en France comme en Belgique, avec des agrandissements géants de mes meilleurs clichés.

 

En février 2012, une nouvelle jaquette a été créée, ce qui, je l'espère, va relancer l'intérêt pour l'ouvrage.

 

CLASSIC 21 - LA NOUVELLE CAMPAGNE D'IMAGE

ILLUSTRÉE PAR DES CLICHÉS DE PAUL COERTEN

Campagne Classic 21 avec les photos de Paul Coerten - février 2012

 

 

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

 

Pour sa nouvelle campagne de communication, la radio rock'n pop de la RTBF a voulu tenir cette promesse d'une manière plutôt originale.

 

Elle a fait appel au photographe belge Paul Coerten , qui a eu le privilège de voir défiler devant son objectif les chanteurs et les groupes qui font l'ADN de Classic 21 :

 

The Rolling Stones, David Bowie, Queen, The Beatles, Tina Turner, Bruce Springsteen,… et tant d'autres encore!

Quoi de plus évident en effet que d'illustrer ce slogan Ecoutez l'original  de clichés…originaux! Soigneusement choisies dans les albums de Paul Coerten, ces photos en noir et blanc expriment à elles seules toute l'intention de la chaîne, son ancrage dans le meilleur du rock et de la pop, sa référence permanente à ce que ces artistes font de meilleur et leur influence permanente sur la musique d'aujourd'hui. Souvent capturées sur scène, elles débordent d'une énergie contagieuse et terriblement communicative.

 

Ensuite, comme un clin d'œil à ces immenses talents, le titre d'une de leur chanson s'est détaché pour devenir, le temps de cette campagne, une invitation dont on ne sait plus vraiment si elle vient de l'artiste… ou de la radio à ses auditeurs : We will rock you, Simply the bes , Satisfaction,…

 

La campagne « Original Classic 21 » sera déclinée en affichage Decaux 2m 2 (Bruxelles et Wallonie) ainsi qu'en presse magazine en février et mars 2012.

 

Quant au livre « Golden Years » de Paul Coerten dont sont extraites ces photos, il bénéficie aujourd'hui d'une ressortie en distribution chez Racine, avec une nouvelle jaquette aux couleurs de Classic 21 et au look de la campagne.

 

© Paul Coerten

 

 

 

Campagne Classic 21

 

Exposition Golden Years

 

EXPOSITION : ROLLING STONES 2018

À partir du 15 septembre - GALERIE A, rue du page au coin de la place du Châtelain

EXPO SPECIAL ROLLING STONES (concerts de 1973 à Bruxelles (Paul Coerten) et de 2017à Paris

(François de Brigode).

 

Tirage photos avec le procédé Piezography Noir et Blanc (10  encres avec pigments au charbon)

 

 
" Je reste redevable d'un devoir de mémoire"

 

Avril 2008. Quelques jours après cet interview avec Paul, je lui ai demandé s'il consentirait à me laisser illustrer mes divers dossiers sur l'Histoire du Rock en Belgique avec certains de ses clichés.

 

En souriant, Paul a eu cette jolie phrase : « J'ai eu le privilège de vivre une époque extraordinaire. J'ai conscience aujourd'hui que je reste redevable d'un devoir de mémoire. »

 

Il m'a généreusement ouvert ses classeurs de négatifs, ce qui m'a permis de faire revivre par l'image quelques grands moments du rock en Belgique.

 

 

 

 

Paul Coerten et Jean Jième

Studio Visual News - avril 2008

 

Tel: +322.672.92.47 - Fax: +322.672.91.86

 

www.rockpictures.be

paul.coerten@goldenyearsrockbook.com

http://www.goldenyearsrockbook.com