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R O C K B E L G E / A L B U M S O U V E N I R S

LAGGER BLUES MACHINE (1969-1972)

Biographie officielle

 

Dossier réalisé par Jean Jieme avec le concours de Christian et Jean-Luc Duponcheel

(octobre 2009) et complété par Alain Pire et Bernard Vincken (magazine Prog

Resiste) en juillet 2016.

 

Michel Maes, José Cuisset, Christian et Jean-Luc Duponcheel

 

 

 

Objet insolite de la scène belge du début des '70s avec son Jazz Rock Symphonique mi-Canterbury mi-Brabant (alors pas encore Wallon ni Flamand), souvent explorateur, parfois expérimental, la musique du Lagger Blues Machine résonne de façon particulière aujourd'hui.

 

 

INTERVIEW AVEC CHRISTIAN DUPONCHEEL

 

Lagger Blues Machine

José Cuisset, Michel Maes, Jean-Luc et Christian Duponcheel

 

 

 

Christian : J'ai commencé mes études musicales à l'âge de onze ans par l'apprentissage de la guitare d'accompagnement. C'est aussi à cet âge que j'ai eu la révélation de la musique classique en vivant une écoute expliquée de la sixième symphonie de Beethoven, par mon professeur de sixième primaire.

 

Un an après, je débutais chez un professeur particulier, l'apprentissage du piano, de la guitare classique et de l'orgue, en même temps que mon jeune frère Jean-Luc, un peu poussé devant un piano qui ne lui disait pas grand-chose. Je suis très vite devenu un dévoreur de partitions, curieux des musiques du XXème siècle, tandis que Jean-Luc, lassé des touches noires et blanches, s'attaquait à des cours de batteries (plus à même de canaliser son énergie…).

 

C'est donc, tous deux munis d'une solide base théorique en musique que nous nous somme intéressés au mouvement underground. Avec deux amis de quartier, on forme un petit groupe sans nom avec des instruments de fortunes : un ampli de juke-box bricolé dans une caisse en bois par un copain, une guitare électrique bon marché pour moi, une basse pour Daniel Timmermans et occasionnellement une rythmique pour Serge Figeys. C'est à cette période que les habitants du Keperenbergstraat à Itterbeek ont commencé à entendre des sons distordus venant de notre garage.

 

Très vite, une voisine s'y est intéressée, femme mûre au cœur rempli de jeunesse, elle nous a encouragés à persévérer, nous a trouvé des petits contrats dans le quartier (manège, salle de fête, école, etc...) et c'est tout naturellement que Sim Dohmen est devenue notre manager.

 

Duponcheel Christian 1972

Christian Duponcheel

 

Duponcheel Jean-Luc

Jean-Luc Duponcheel

 

Lagger Blues Machine années 70

Michel Maes, José Cuisset , Christian et Jean-Luc

 

A l'époque, l'étape obligée de tout groupe était de passer par des concours d'orchestres. Il y en avait beaucoup en ce temps. Nous voila donc, avec un ampli quand même un peu plus moderne que notre vielle caisse à savon, en trio sur une scène de Schaerbeek pour notre premier concours. Pour un premier essai, c'était plutôt réussi, on le gagne et nous profitons de la présence dans le jury d'André Drossart, journaliste au Soir, qui nous gratifie d'un premier article assez élogieux.

 

C'est en 1969 que le premier visage sérieux du LBM va voir le jour. Il naîtra lors de notre participation à un grand concours d'orchestre organisé au Casino de Middelkerke, dont la présidente du jury n'est autre que Francine Arnaud. Le top pour les quatre ou cinq groupes retenus pour la finale : des extraits des prestations sont diffusées sur la très sérieuse RTB.

 

 

Le Lagger Blues Machine finit deuxième, derrière le tout fraichement formé Jenghiz Khan de Rapsat et Friswa, un groupe déjà bien rodé et super équipé. Mais plus que la seconde place obtenue et le prix spécial pour Jean-Luc de meilleur batteur de la session, c'est la rencontre de deux musiciens qui a donné à ce rendez-vous toute son importance.

 

Jean-Luc et moi avions, suite aux succès rencontrés, de fortes ambitions. Notre souhait : faire de la musique, notre activité principale. Quand je dis « activité », je veux plutôt dire loisirs. En effet, Jean-Luc a tout juste quinze ans, j'en ai dix-sept depuis cinq mois ! On continue nos études, mais on en veut plus ! Plus de musique !

C'est donc tout naturellement que nous faisons connaissance de José Cuisset et de Michel Maes, respectivement guitariste et bassiste d'une formation qui finit troisième du classement à Middelkerke.. Eux aussi, en trio, étaient en manque de batteur. Pour le concours, ils s'étaient présentés avec un batteur de remplacement et leur avenir leur paraissait inconsistant. Un courant qui passe, de la sympathie réciproque et sans doute de la reconnaissance mutuelle aussi, tout cela a fait le reste, la sauce à pris et le vrai LBM était né. La séparation avec notre bassiste Dan Timmermans fut douloureuse, il n'est pas facile d'écarter un ami… mais nos ambitions prenaient le pas sur le reste.

 

 

Rock Belge a la RTB

De gauche à droite Christian Duponcheel, Paul André (Agence Century),

Sim Dohmen (manager du LBM), Jean-Luc Duponcheel, Freddy Nieuland, Michel Maes, Nato,

Tom Goldschmidt. Et à côté de Francine, Big Friswa et Pierre Rapsat. (Photo News Service).

 

LA SAUCE LBM

En résumé, le groupe dispose donc d'un batteur prometteur, capable de tenir des solos de dix minutes et variés sur le plan technique (merci Monsieur le professeur !) - un frappeur sachant cogner quand il faut et avec finesse SVP ! Ensuite un guitariste un peu fou, Christian, qui n'a pas son instrument en main (il est avant tout pianiste) et veut en faire un max. Il plonge dans des solos où plus que les sensibilités, c'est le nombre de notes qui semble compter (et oui, je sais faire mon autocritique !!!), qui hurle un chant formé d'onomatopées (pas de paroles chez LBM, rien que des sons !) souvent comparé à Captain Beafheart (sans jamais l'avoir égalé !).

 

Il y a ensuite José, capable de reproduire les solos de Clapton, Page, Blackmore, plus « carré » et sensible que Christian, au son non distordus, plutôt Wa-Wa que  sustain . Et enfin, Michel, bassiste autodidacte, qui n'a pas peur de compter des temps impairs pour rendre le maximum. Voilà la sauce LBM !

 

Enfin, la machine s'emballe, la sauce prend ! Le sang neuf apporté par José et Michel provoque des compositions plus structurées. Sim, notre "manager", se déchaîne et nous trouve contrats sur contrats. On ne dira jamais assez tout ce qu'elle nous a apporté (Sim, on t'aime toujours tu sais !). Le système achat à tempérament, sous forme de location avec option d'achat, proposé par la maison Parys Flore permet à beaucoup de groupes de l'époque de s'équiper en matériel valable. C'est aussi bon pour nous.

 

Déjà, José avec sa Gibson LG et Michel avec sa Fender Bass, sur ampli Marshall, étaient mieux équipés que les frères Duponcheel. Jean-Luc commencera par une batterie Premier pour passer à George Hayman plus tard. Moi, je passe sur une Gibson Les Paul Custom (un rêve que j'ai dû revendre et que je regrette encore aujourd'hui), avec ampli London City. Puis, après quelques mois, je trouve enfin les moyens d'acquérir un orgue dont j'ai oublié l'origine et la marque mais qui avait un son indéfinissable qui convenait à notre musique. Le répertoire évolue en fonction de ces instruments. Certains morceaux sont à deux guitares, d'autres incluent les claviers.


 

C'est avec cette formation que nous allions vivre un train d'enfer. Répétitions tous les soirs! On jouait quasi tous les vendredis et les samedis. Notre record,  trois concerts sur une journée : vers onze heures du matin dans la région de Beloeil, vers dix-huit heures à Huy ou à Liège  et vers vingt heures, retour à Nivelles.

 

Quelle journée inoubliable ! Si le concert de onze heures c'est bien passé, celui de dix-huit avait du retard…mais qui n'avait pas de retard à l'époque ?

 

On est arrivé à Nivelles à vingt-trois heures trente au lieu de vingt. Il s'agissait d'un mini festival dont nous étions la « vedette ».

 

Nous avions gardé le contact téléphonique avec l'organisateur, afin de le tenir au courant de notre retard. Pour les « tombés du ciel », à l'époque, il n'y avait pas de portable. Bref, nous sommes arrivés avec trois heures trente de retard dans la cour de la ferme, y avons trouvé un public conquis qui a applaudi à l'arrivée du camion dans la cour (on n'avait pas encore joué une note…, mais le camion avait un beau klaxon !), qui nous a aidé à monter le matériel…vous imaginez l'ambiance ?

 

Ce concert était sans doute gagné d'avance, mais de se savoir attendu à ce point, quel bonheur ! Crevés à jouer pour la troisième fois, on leur a donné le meilleur de nous même.

 

L'aventure avait donc commencé ! Des souvenirs de concerts, j'en ai plein la tête, encore aujourd'hui, des images restent indélébiles, je pourrais vous en raconter des pages entières. Mais, restons sobres !

 

Christian Duponcheel et José Cuisset

 

 

 

 

Un autre beau succès au festival de Seloncourt (12 juin 1971) dans le Doubs en France où notre musique à suscité l'intérêt de Robert Wyatt et de David Allen, présents pour un bœuf avec Gong ! Un festival rock à Bordeaux, passage à Paris au Golf Drouot en première partie de Buggie, un trio heavy metal dans le style de Blue Cheer. Il faut dire qu'en France, ça marchait bien, nous étions mieux côtés outre Quiévrain que chez nous, là-bas, on jouait après Klepto.

Une semaine entière au Théâtre 140, en première partie d'une troupe de théâtre underground américaine le Living Theatre.

 

Grâce à Francine Arnaud et à ses émissions de radio très branchées et grâce aussi à Piero Kenroll qui a transformé le gentil Télé Moustique en véritable bible et agenda du rock belge et étranger, nos concerts étaient annoncés, parfois commentés par des articles. Parmi toutes les dates qu'on a assurées en Belgique, je me rappelle tout particulièrement du Festival de Jemelle avec le Golden Earring.

 

Seloncourt Festival Rock 1971

Jam avec Pete Brown and Piblokto, Robert Wyatt, David Allen, Gong, Lagger Blues Machine le 12 juin 1971 (Doubs-France) - photo J.Jième

 

Au Free Show au Woluwe Shopping Center (31.10.1971) ,

 

Article paru dans Télémoustique - Piero Kenroll

 

La chance du Lagger Blues Machine, c'est d'avoir une manager formidable. Grâce à elle, le groupe ne manque pas de contrats et peut ainsi subsister. Son problème, c'est de jouer une musique compliquée et d'être belge.

 

Si le Lagger était originaire de France, de Hollande, ou d'Allemagne, il y aurait déjà longtemps qu'une firme de disques lui aurait proposé un contrat. Malheureusement, chez nous, le L.B.M. est dans le même cas que son copain Arkham. On n'ose pas mettre de l'argent dans la réalisation d'un disque. Pourtant les groupes belges, ça se vend, non? Voyez les Pebbles, Wallace Collection, Irish Coffee, Burnin' Plague, Jenghiz Khan... Leurs L.P.'s se sont bien vendus. Or la majorité de ces groupes sont avant tout des groupes de scène qui savent tenir un public en émoi.

 

Le L.B.M., lui, de par sa musique, semble au contraire être un groupe fait essentiellement pour le disque. Il ne communique pas avec le public sur scène, il joue une musique très belle qu'il faut écouter dans le recueillement, comme celle du Soft Machine ou du Pink Floyd.

 

Ceux-là aussi, leurs disques se vendent bien en Belgique. Alors quoi? Si on est un peu logique, un 33 tours du Lagger devrait avoir du succès. Encore une fois, il semble que le manque de producteurs valables se fasse sentir chez nous. Malgré cela, Christian Duponcheel (organiste), Jean-Luc Duponcheel (batteur), José Cuisset (guitare) et Michel Maes (basse) ne renoncent pas et continuent à avoir beaucoup de volonté et méritent vos encouragements.

 

Question galère, je me souviens, entre autre, d'un "festival" qui devait se dérouler à Natoye, à côté de Ciney. L'organisateur, qui nous appréciait, nous avait réservé une place sur le haut de l'affiche. Seul hic, il n'avait pas reçu les autorisations communales nécessaires. Et ledit "festival" a dû être annulé en dernière minute.

 

Le pire c'est que l'organisateur a "oublié" de téléphoner à notre manager. Nous arrivons donc dans le paisible village de Natoye en se demandant où était le public ? Ne trouvant ni chapiteau, ni âme qui vive nous nous dirigeons vers le domicile de l'organisateur. Celui-ci confus (?) réalise, mais un peu tard, qu'il a oublié de nous prévenir. Devant sa sincérité déconfite, on a sorti le matériel et donné notre concert pour lui tout seul, dans son garage. C'était une bonne répétition, et puis il avait mis un bac de bière à notre disposition.

 

 

On the road avec Lagger Blues Machine

 

DES AFFINITÉS AVEC ARKHAM

 

1971. La scène belge grouille de groupes intéressants. C'est la belle époque pour  Jenghiz Khan, Kleptomania, Burning Plague, Recreation et beaucoup d'autres. Mais c'est surtout avec  Arkham  (qui deviendra plus tard Univers Zéro) que le courant passe le mieux.

 

Il faut dire que nous sommes des fans inconditionnels de Soft Machine et de Magma. Ce qui aide au rapprochement. Le groupe de Jean-Luc Manderlier (orgue), Patrick Cogneaux (basse) et Daniel Denis (batterie) prospectait musicalement dans les mêmes sphères que le Lagger Blues Machine. Nos goûts musicaux étaient si proches que nous avons été jusqu'à composer un mini répertoire en commun.

 

Deux ou trois morceaux à deux claviers, guitare, basse et deux batteries ; morceaux qui ont été joués une seule et unique fois sur scène, lors d'une journée pour l'opération 48.81.00. Concert non rémunéré, mais quel pied ! Jean-Luc Duponcheel et Daniel Denis avaient préparé un duo de batterie à tomber par terre. C'est vrai qu'on avait là, les deux batteurs les plus inventifs de Belgique, chacun avec des instruments hyper complets.

On a toujours aimé se retrouver pendant toute cette période et longtemps après LBM, j'ai suivi Roger Trigaud qui avait rejoint Daniel Denis pour former Présent.

 

C'est sur base de cette nouvelle expérience que nous avons voulu nous agrandir. La formule à deux claviers était très intéressante et Vincent Motoulle avec son orgue à rejoint le groupe, en même temps que Carmelo Pilotta (sax et flûte, rescapé du Philharpopic Orchestra de Mr Hayes). Cette fusion sera aussi la conséquence d'une fracture avec Michel Maes. Il quittera d'ailleurs le groupe pour un temps, trouvant le style musical un peu trop rigide. Mais il reviendra vite !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Arkham et Lagger blues

Le LBM (formule à six) De g.à dr. Michel, Jean-Luc, Vincent,

Christian, Carmelo et José.

 

 

Carmello Pilotta à la flûte, Michel Maes, José Cuisset,

Christian Duponcheel

 

 

 

Lagger Blues Machine Tanit

 

 

Alain Pire et Bernard Vincken du magazine PROG RESISTE :

 

Même si Piero Kenroll harangue le pays et se rebiffe contre le « manque de producteurs valables » qui laisse sur le carreau discographique des groupes comme LBM, celui-ci décroche finalement un contrat d’enregistrement auprès de CBS. Belgique. Le disque fait un (relatif) grand bruit, le même Piero mettant en avant les arguments plastiques de la pochette (qu’il attribue à Sim - les arguments, pas la pochette), sans pour autant négliger les aspects purement musicaux.

 

 

Au grand dépit du groupe, le mixage est bâclé, bidouillé en une journée, en l’absence des musiciens - d’après Christian, le producteur se montre plus intéressé par sa comptabilité (faire des frais rapidement, afin de ne pas payer trop d’impôt) que par les compositions et les souhaits des musiciens.

 

L’album doit s’appeler Tanit, du nom du court morceau qui clôture la face A, à la guitare acoustique doublée à la flûte à bec, que Christian a apporté au studio en dernière minute, mais la muse nue à la hallebarde est déjà chez l’imprimeur et la chose reste donc éponyme - jusqu’à l’édition, en ’88 de Tanit Live, enregistrement du concert du 31 octobre ’71 à Woluwe-Saint-Lambert sur un vieux recorder Philips (la pochette indique, par erreur, que la bande date de ’70).

 

 

Le disque paraît en ‘72 (je l’achète chez Cado Radio, boutique d’électro-ménager située dans la Rue du Fossé au loup, adjacente à la place De Brouckère à Bruxelles, surpris de voir que deux morceaux seulement occupent toute la face B), se vend finalement à près de deux mille exemplaires (ce qui n’est pas si mal - il fait même une brève apparition dans le hit-parade des disquaires de Télé Moustique) et ses bénéfices ne franchissent pas la porte de la comptabilité du généreux producteur - il s’agit d’abord de rembourser les fameux frais généraux.

 

Tanit album Lagger Blues Machine

 

Ce n'est que plus tard lors du pressage d'une seconde édition que la pochette a changé et que le titre Tanit apparaît. Pourquoi Tanit Live ? Parce que ce LP est constitué de tous les morceaux de l'album original avec en plus des bandes prises en live lors du Free Show de Woluwe, d'octobre 72. Tanit Live est une « production » de Philippe Collignon, sortie en vinyle et en CD.

 

 

 

L'APRÈS ALBUM

 

Alain Pire et Bernard Vincken du magazine PROG RESISTE :


Les mois qui suivent sont mouvementés pour Lagger Blues Machine : en désaccord avec Vincent Motoulle, Christian s'en va. Mais c'est un recul pour mieux sauter et, peu de temps après, opérant un véritable retour aux sources, il refonde, avec de belles pièces dans ses bagages (un piano électrique Fender Rhodes et un orgue Farfisa), le quatuor d'origine.

 

 

Bilzen 1972

 

 

À nouveau réunis, les frères Duponcheel, José Cuisset et Michel Maes se remettent au travail : de nouvelles compositions prennent forme, s'inspirant d'une proposition du peintre Manu Vandevelde : illustrer douze toiles axées sur le thème du Chemin de Croix. La musique se fait plus mélodieuse, colorant différemment le répertoire du groupe, moins acide et un brin plus accessible, mais l'ambitieux projet capote et le feu sacré s'étiole.

 

Les concerts se font plus clairsemés, avec une dernière prestation le 20 août '72 au Jazz Bilzen, fameux festival du Nord de la Belgique (près d'Hasselt), qui accueille cette année, parmi d'autres, Lindisfarne, Matching Mole, Curved Air ou MC5.

 

 

Lagger Bles Machine sur le podium à Bilzen 20 août 1972

 

Le groupe succède à Hare Krishna, Ars & Replica et Recreation, dans l'après-midi de la journée consacrée plus spécifiquement au Jazz - en tête d'affiche ce soir-là : Chick Corea, Charles Mingus Sextet et Sonny Rollins -, y récolte un franc succès, mais, faute de temps, doit renoncer au rappel.

 

Francine Arnaud, qui n'a pas oublié le numéro deux du concours au Casino de Middelkerke, invite LBM à jouer live lors de son émission télévisée Generation quelques semaines plus tard.

 

C'est l'occasion de faire connaissance avec les anglais de Caravan, avec qui une jam s'improvise pendant la pause - le dispositif technique et bureaucratique de la RTB de l'époque est relativement lourd : ingénieurs du son, cameramen, porteurs de câbles (les caméras sont de lourdes machines sur base mobile que le préposé manie avec peine, le câble qui en sort, de plusieurs centimètres de diamètre, vaut son pesant de cuivre et nécessite une personne spécifique pour le déplacer), souvent vêtus de cache-poussière au ton de muraille, bénéficient de pauses à intervalles réguliers, qui interrompent ainsi l'enregistrement de l'émission.

 

 

L'APRÈS LAGGER BLUES MACHINE

 

Alain Pire et Bernard Vincken du magazine PROG RESISTE :

 

L'aventure Lagger Blues Machine se termine. En '72, trois anciens de Kleptomania - le live band prometteur a joué de malchance en misant, après deux singles plutôt Heavy, sur Flame, label hollandais éphémère dont la faillite a prématurément interrompu l'enregistrement d'un album qui ne viendra jamais - se retrouvent en studio sous l'égide d'Armand Massaux (ancien guitariste de Night Rockers), qui a réuni Charlie Deraedemaeker (basse), Dany Lademacher (guitare) et Roger Wollaert (batterie), plus Patrick Gijsen (orgue) pour mettre en boîte le single Hello Sally, sous le nom de Clint Silver.

 

Le 45 tours ne décolle pas mais  le groupe décide de repartir à l'assaut sous le nom de Lee (d'après le patronyme du berger Tervueren qui a adopté Charlie - ou le contraire), quand Gijsen meurt dans un accident de voiture. Christian Duponcheel est pressenti pour le remplacer, il participe à plusieurs répétitions, mais Armand déprime ou explose, souvent en désaccord avec les autres et finit par quitter Lee, signant dans la foulée un contrat de production à Paris.

 

Un brin paumé parmi ces enjeux qui le dépassent, Christian ne trouve pas vraiment sa place et Lee fera, notamment, la première partie de Slade à Forest-National (la grande salle de béton bruxelloise), devant huit mille spectateurs, sans lui.

 

Lee Rock belge 1972

Christian Duponcheel, Dany Lademacher, Armand

Massaux, Roger Wollaert et Charlie Maker

 

Les frères Duponcheel s'acoquinent un moment avec Christian Genêt (bassiste, Univers Zero et Present) et sa compagne (clavier et trompette), avec l'intention de monter un groupe, mais le projet n'aboutit pas plus que celui avec le même Genêt et Roger Trigaux (fondateur, avec Daniel Denis, de Present), dont Christian Duponcheel appréciait particulièrement le travail sur les rythmes et les nombreux riffs, probablement parce que Jean-Luc était encore aux études.

 

DOWNTRIP

 

Entre-temps, en '75, José Cuisset s'en va gratter ses cordes chez Doctor Down Trip, champion de Belgique du changement de personnel et qui, après le départ de Michael Heslop (l'ex-Burning Plague) et de Sylvain Paul - le premier LP ne s'est pas vendu, malgré le virage du Psychédélique vers le Hard Rock -, raccourcit son nom à Downtrip et tente encore deux albums avant de jeter le gant, en '79.

 

 

 

Downtrip © Erik Machielsen

 

En '83, Cuisset compose pour Rendez-vous, le groupe de Bernard Degrave, un Salut les gars, salut les filles mini-hymne Pop Rock assez euh... lointain de ses premiers amours.

 

Quelques années plus tard, il exerce ses talents dans un autre genre encore, auprès du John Lauwers Band, qui a fait évoluer son Country Folk des débuts (un album éponyme en '78 et une apparition sur la célèbre autant que marginale compilation belgo-belge If It's Tuesday... Sprouts de '80) vers un Blues Rock plus hargneux - que le groupe aura même le loisir de défendre en URSS, l'année de la chute du mur de Berlin.

 

Lauwers et Cuisset se retrouvent encore à l'occasion, par exemple fin '08 au Café Montmartre de la Place de la Petite Suisse à Bruxelles, avec Guy Stroobant, un autre fidèle des débuts, pour le plaisir, la musique et le houblon. Michel Maes contribue au premier single de Storm In A Nutshell (SIAN, groupe d'obédience New Wave, mené par Renaud Janson, ex-Sttellla), paru en '82, puis disparaît des radars musicaux. On retrouve Vincent Motoulle un moment dans l'entourage de Guy Segers (Present), puis on perd sa trace.

 

ÉPILOGUE


Mine de rien, l'album continue à tracer son sentier, avec plusieurs rééditions (en vinyle ou en CD, chez Amber Soundroom, Mellow Records ou Veals & Geeks - en Belgique donc mais aussi en Italie ou en Allemagne), et bénéficie toujours d'une cotation avantageuse de son pressage original auprès des collectionneurs. Tanit Live (les quatre morceaux enregistrés au Free Show d'octobre '71) d'abord édité chez Ficrivan en '88, connaît lui aussi une seconde vie et se retrouve, accolé à l'album studio, par exemple chez Mellow Records en '95 sur un CD titré The Complete Works.

 

Enfin, pour l'anecdote, l'origine du nom du groupe, avec une certaine ironie, est réputée issue du penchant prononcé des musiciens pour une bonne bière avant, pendant et après les répétitions ou les concerts. Encore une légende urbaine, puisque Christian explique : « Tout à fait par hasard, dans un gros dictionnaire Harraps Anglais-Français, j'ai trouvé le mot "Lagger" et puis c’est venu comme ça. C’était assez amusant car je n’aimais pas le blues à l’époque (maintenant je l’apprécie quand même de temps en temps mais ce n’est pas ma tasse de thé) et on s’appelait comme ça et c’était le paradoxe car on ne faisait pas de Blues du tout.

 

C’est venu par hasard, on a trouvé quelque chose qui sonnait bien et puis après j’ai regardé dans le dictionnaire, vraiment un gros dictionnaire, c’est une déformation de "laggard", je ne sais plus ce que ça veut dire. » On a cherché : « lagger » fait référence à quelqu’un qui prend plus de temps que nécessaire, qui est à la traîne...

 

 

 

 

REMERCIEMENTS

 

Jean-Luc et Christian Duponcheel

 

Je tiens à remercier tout le monde, mais je vais en oublier… D'abord Jean Jième, qui a eu l'excellente idée d'ouvrir ce site de souvenirs, je rêve qu'il grandisse encore. Plus proche de moi, les musiciens avec qui j'ai travaillé dans le passé et Simone Dohmen, alias Sim qui nous a donné la chance d'exister en tant que groupe; et de manière acharnée à nous trouver contrats sur contrats, parfois si improbables, mais qui nous permettaient de payer notre matériel.

Je n'oublie pas Piero Kenroll, qui est toujours là, même aujourd'hui, quand il faut se souvenir de quelqu'un. Je penserais aussi à Wilfrid Brits, ancien manager de Kleptomania, qui nous a aussi aidés (et qui lui aussi produit encore des groupes). Nato, qui m'a hébergé dans une période difficile d'émancipation et tous les organisateurs de festivals, un peu fous, qui nous ont fait travailler, patrons de maisons de jeunes (Derubina) . Et plus récemment Alain Pire et Bernard Vincken, journalistes au magazine Prog Resiste.

 

Je serais très heureux de recevoir tout document concernant le Lagger Blues Machine et Dragon - photos, textes ou autres infos. Vous pouvez me joindre à l'adresse : christian.duponcheel52@gmail.com

 

Christian Duponcheel

 

 

http://www.belgianmetalhistory.be/html/bands/lagger/lagger.html

 

http://waytoyoursoul.blogspot.com/2007/10/lagger-blues-machine-complete-works.html

 

http://www.progarchives.com/artist.asp?id=859