ALBUM ROCK BELGE

 

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ROCK BELGE / ALBUM SOUVENIRS

BIOGRAPHIE DE MACHIAVEL (1980 - 1982)

TROISIÈME PARTIE : NOUVELLES LIGNES

Biographie officielle réalisée par Jean Jieme, à partir d'interviews

avec Marc Ysaye, Roland De Greef, Mario Guccio,Thierry Plas, Hervé Borbé.

 

 

 

THIERRY PLAS


Bruxellois de naissance, Thierry est le fils d’un couple d’artistes. Au milieu des années 60, son père, Henri Plas fait partie d’un groupe de peintres qui exposent ensemble, le « Jeune art brabant ». Thierry grandit dans un univers décalé et créatif.


À six ans, ses parents,  fans des Beatles et de musique be-bop, l’emmènent à une projection de Help, le deuxième film des Beatles. Pour Thierry, c’est la révélation.  En sortant de la salle, il a trouvé sa voie : il sera musicien. Parallèlement à ses études à l’athénée Robert Catteau, il s’inscrit aux cours de solfège  dans une académie. 

 

Après avoir emménagé avec ses parents dans une maison située près de la Grand Place, à la Vieille Halle aux Blés, Thierry fait la connaissance d'Alain Pierre, son voisin du deuxième, qui lui fait visiter son studio d’enregistrement, monté de ses propres mains.

 

Trois ans plus tard, nouveau déménagement, cette fois dans une maison de la chaussée de Vleurgat. Thierry déambule dans le quartier et s’arrête devant la vitrine d’un rez-de-chaussée commercial pour écouter  « un prodigieux doigté de guitare ».
Enthousiaste, il frappe au carreau. Le gars, qui lui ouvre est Guy Thirion. Il a fait partie d’Uncle Mazout et de Here And Now, groupe  qui suscita  un vif intérêt de la part de Jo Dekmine, directeur du Théâtre 140, fin des années  60.

 

Guy a touijours été un être marginal, un farouche indépendant qui souffre de dépression et de mélancolie. Thierry le prend en affection et en fera son grand frère : «  Guy est resté, pour moi un génie méconnu de la scène bruxelloise. " Il avait la voix de  Steve Marriott et le doigté de Ritchie Blackmore.  Il m’a appris plein de choses et surtout à parfaire ma technique. »

 

Tandis qu’il poursuit ses études à l’INRACI, Thierry fonde B.B.L. (Bedlam Broken Loose).  Traduction : chaos intégral, un power trio, qui mélange le punk anglais avec le style du Grand Funk Railroad. À la basse, on retrouve Frédéric Wampach et à la batterie Luc Capelle.  Ils se produisent régulièrement à la Courte Paille, un bistrot de Bruxelles et  au Téléphone Café à Tubize, tenu par Jean-Louis Hennart, futur patron de l'Archiduc. 

 

À l’aube de ses vingt ans, Thierry veut pousser plus loin dans le bluesrock. Il  s’associe avec  Alain Gouthier, alias Socrate, Walter de Paduwa, à peine sorti de T.U.S.H, Kris De Braekeleer (batteur de Roland van Campenhout) et Philippe Mottet, un guitariste luxembourgeois.  Ensemble, ils forment le groupe Rouge. 

 

Malgré des  débuts prometteurs et d’excellentes maquettes réalisées dans le studio d’Alain Pierre, le band ne dépassera pas le stade des répétitions et ne verra donc jamais le jour. En  cause ? La proposition inattendue de Marc Ysaye de rejoindre Machiavel.
 

 

Thierry Plas

 

Thierry : Lorsque Marc m’a contacté pour me proposer de venir faire une jam au Ramier, j'ai hésité.


On l’aura compris, Thierry vit sur une toute autre planète qu’Albert, Roland, Mario et Marc. Son mode de vie,  ses fréquentations,  ses aspirations musicales sont à des kilomètres du rock opéra à la sauce Genesis.   Pire, il estime que le rock progressiste est dépassé. 


Il prend conseil auprès d’Alain Goutier, qui lui dit : « Ce groupe est en train de cartonner. Pourquoi ne pas aller jeter un coup d’œil ? Tu verras bien ce qu’il en ressortira. »

 

Thierry : Dans un local mal ventilé dont le poêle devait dégager des tonnes de CO2,  je me suis lancé à fond, j’ai montré tout ce que je pouvais donner. Le lendemain,  Marc m’a téléphoné : « Alors, tu restes avec nous ? » 

 

UN CLASH  INÉVITABLE.

 

Lorsque Thierry passe avec armes et bagages dans l’univers de Machiavel, Albert Letecheur  se rend-il compte que son groupe cherche à lui imposer un changement radical ? Mais, comment pourrait-il l’imaginer, lui,  qui est à l’origine de son ascension et de son succès ?


Marc : Thierry est arrivé avec une vitalité contagieuse qui nous a tout de suite stimulé et rendu confiance. Sa guitare a pris le pas sur le clavier, ce qui n’a pas plus à Albert.

 

Après quelques répétitions, les compositions d’Albert sont contestées les unes après les autres. La studieuse ambiance de travail qui régnait depuis trois ans vole en éclat.
Albert, assiste au brutal déclin de son autorité. Nullement disposé à renoncer à son statut de leader, il se montre de plus en plus intransigeant et directif.

 

Roland De Greef, Thierry Plas, Albert Letecheur

 

En janvier 2003, lors d’une interview pour la revue Prog-résiste, Albert explique : « Malgré notre changement de direction musicale, le groupe continuait à attendre de moi que j'apporte les trames des morceaux.

 

Et je le faisais, du mieux que je pouvais. J'ai composé ce qui aurait pu devenir le cinquième album de Machiavel, mais les autres membres n'en ont pas voulu. J’étais d’accord de modifier ce qui n’allait pas, mais pourquoi vouloir changer ce qui fonctionnait? »  (*)


En 2014, lors d’une conversation téléphonique avec la veuve d’Albert, celle-ci confirme : « Albert n’a jamais reçu son C4. Il est parti de son propre gré, car il ne pouvait plus se faire entendre. Il avait la ferme intention de reformer un nouveau groupe. »


Marc : "Albert est parti, la tête haute et avec un petit sourire en coin, il a claqué la porte, persuadé qu’on le supplierait de revenir le lendemain. Mais on ne l’a pas fait, du moins pas à ce moment-là.

 

Même si c’est cruel à dire, son départ a été pour nous un énorme soulagement. Plus de stress, plus de sautes d’humeur, plus d’états d’âme, plus de pressions. Cette rupture a été  salutaire. Nous avions à nouveau envie de nous investir à fond." (**)


 

 

Albert : « Moi parti, Machiavel a dû se sentir libéré du « fasciste » et s'autoriser de nouvelles choses... Bon c'est ainsi. J'avais  très vite compris qu'il me serait difficile de travailler musicalement avec Thierry; c'était presque « lui ou moi ». (*)

 

Thierry Plas, nouveau venu dans Machiavel.

 

Plateau de Pop Shop - Tournage du clip "Over The Hill"

 

 

 

(*) Interview réalisée en janvier 2003 par Gilles Arend et Pierre Romainville. et reprise dans Les classiques de Marc Ysaye, aux éditions Racine.

(**) Les classiques de Marc Ysaye.

.

 

 


 

 

CRÉATION DE NEW LINES.


En juin 1980, requinqués, les cinq musiciens s’enferment dans l’arrière-salle du bistrot le Ramier pour y élaborer leur tout nouveau répertoire. L’ambiance est détendue, ce qui favorise la créativité, au point que certains morceaux sont mis en boite en une ou deux heures. Le top est atteint avec Fly, écrit en dix minutes sur un riff de guitare de Thierry, d’une mélodie de Mario et de paroles écrites à la va-vite par Marc.


Charles Andrews, le supérieur anglais de Joe Goovaerts chez EMI, prend le projet très à cœur, il vérifie les textes écrits par les membres du groupe afin d’en corriger les erreurs de syntaxe. Il se déplace également à de nombreuses reprises en salle de répétition pour coacher Mario et l’aider à prononcer les paroles dans un anglais correct.


Marc : « La question qui s’est posée ensuite a été de savoir dans quel studio nous allions enregistrer New Lines ? Il était évident que nous devions trouver un producteur chevronné. »


Lors d’une visite éclair de  Dany Lademacher  à Bruxelles chez Alain Pierre, il  tombe nez à nez avec les musiciens de Machiavel venus enregistrer une maquette dans son studio.


Dany retrouve Thierry qu’il connait bien, puisque durant des mois, ils ont fréquenté la même faune dans la plupart des bistrots et clubs de Bruxelles. Quant au plan musical, ils planent tous les deux sur la même longueur d’onde.

 

À la demande des musiciens,  EMI  accepte que Lademacher s’occupe de la réalisation de l’album.  Celui-ci réserve alors le studio Relight, aux Pays-Bas, considéré à l’époque comme l’un des plus performants d’Europe.  Le groupe boucle ses valises et débarque à Hilvarenbeek,  petite localité toute proche de la frontière belge.

 

Studio Relight - Dany et Thierry

 

Dany les emmène chez Robin Freeman, ingénieur du son,  qui vient de terminer And Then They Were Three, le dernier album de Phil Collins et de Genesis. Dès les premiers jours, ils découvrent un Dany Lademacher qu’ils ne soupçonnaient pas. En effet, derrière ses allures cool et placide, se cache un vrai professionnel.

 

 

À gauche : Dany Lademacher

 


Marc : « Dany était terriblement exigeant et pas vite content. Il attendait beaucoup de nous. On peut dire qu’il nous a fait suer. On a énormément appris avec lui et Robin. L'ambiance entre nous était fantastique. On avait le sentiment de participer à l’élaboration d’un solide album ».

 

 

Marc, Dany, Mario

 

Sentiment partagé par Thierry qui rajoute :  « On a superbement travaillé tout en sortant et en déconnant à plein tube. On ne s’était jamais sentis aussi proches les uns  des autres. Dany et moi, leur avons fait découvrir le Melkweg, le Paradiso, les petits clubs de nuit. Pour la première fois, ils découvraient le quotidien d’un véritable groupe de rock.»

 

Trois semaines plus tard, l’album est enfin bouclé.

 

 

 

SORTIE DE NEW LINES.

 

Radicalement différent des précédents, décomplexé et parfaitement assumé, l’album New Lines sort le 8 septembre 1980.  Machiavel tourne ainsi  la page du rock symphonique avec ses morceaux interminables. Cette fois la durée d’une chanson ne dépasse pas les quatre à cinq minutes.
L’avis, émis par Piero K. dans Télémoustique,  est sans ambigüité  et souligne le grand écart  entrepris par le groupe, en totale mutation.  

 

L'album


NEW LINES  par MACHIAVEL (Télémoustique N°  2851)


Le vrai Machiavel était convaincu que la fin justifiait les moyens. Le groupe aussi. Dans son désir désespéré d'enfin réussir à s'exporter et conscient que tout a été dit dans le genre Yes­Supertramp-Genesis, il se métamorphose ici radicalement et sans complexe.

 

« Tant qu'on est au changement », semblent s'être dit les membres du groupe, « autant viser ce qui marche le mieux actuellement ». Et les voilà qui s'inspirent de Police que c'est presque du plagiat.

 

Bravo pour le brillant sens des réalités, mais pour l'originalité alors là... zéro ! La moitié des morceaux de cet album sont plus ou moins pompés soit sur la sonorité, soit sur la construction des compositions du fameux trio, quand ce n'est pas carrément de l'imitation vocale. […]

 

FLY, N° 1.


Selon la stratégie poursuivie par EMI, Fly sort  également en 45 tours. Il est immédiatement plébiscité par les radios libres et notamment par  Radio Contact, qui le fait passer plus d’une dizaine de fois par jour. En Flandres, énorme surprise,  le morceau devient N° 1. Traduit en espagnol il devient Volare tandis qu’en Italie  il se transforme en Sai.

 

Fly en single


Dès le début novembre 1980, démarre une tournée qui voit voyager le groupe dans les trois régions du pays, de quoi tester les réactions du public face à son changement d’orientation musicale.


Le 4 novembre, Machiavel joue à Louvain-la-Neuve et recueille les ovations d’un public chaleureux et enthousiaste. C’est un bon début.

 

Ensuite, les dates s’enchainent : le 7 novembre, Machiavel joue à la salle communale  « Préau de Dison » à Verviers, le  12 à la Maison de la Culture à Tournai, le 14 à la salle Het Kappeleke à Alost, le 15 au Théâtre Communal  de  La Louvière, le 16 au Casino de  Beringen, le 17 au Grote Aula à Louvain, le 20 au hall Polyvalent à Arlon, le 21 à l’Oude Stadfeestzaal  à  Malines, le 22 à la salle Hof Ter Loo à Anvers, le 26 à l’Hôtel de Ville de Charleroi, le 28 au Hall Omnisports à Liège, le 1er décembre à la Bourse à Namur, le 5 au Centre Culturel à Malmédy, le 6 au Kultureelcentrum à Koekelaere.

 

Au terme de son périple, Machiavel a raflé de nouveaux galons. En effet, il est parvenu à s’imposer sur scène avec un tout nouveau répertoire, à séduire le public néerlandophone et à faire distribuer New Lines en France, Hollande, Allemagne, Angleterre, Italie, Espagne.

 

 

 

FOREST NATIONAL – 14 FÉVRIER 1981.


Le 14 février 1981 Machiavel attaque Forest National pour la seconde fois de sa carrière. À leur arrivée, les musiciens découvrent que  le podium est envahi par une montagne de matériel gérée par une armée de techniciens qui s’affairent dans tous les sens. EMI a pris l’initiative de louer le studio mobile des Rolling Stones pour une captation en direct de leur concert.

 

 

COMPTE RENDU DE PIERO KENROLL

 

(Télémoustique N° 2874)

 

Ainsi, voici le nouveau Machiavel. Ce n'était pas évident avec son dernier album, présenté comme une évolution pour le groupe, mais ce l'est sur scène : non, il n'a pas viré son claviériste pour faire une musique plus moderne. Au contraire, de groupe eurock nuancé, Machiavel retourne plutôt en arrière musicalement puisque, manifestement, il est en train de se transformer en un excellent groupe de hard-rock !


Ce n'est pas tellement la disparition d'Albert Letecheur qui a provoqué ce changement, mais plutôt l'arrivée du nouveau guitariste Thierry Plas. Bien plus à l'aise sur scène que ses prédécesseurs, il connaît manifestement tous les clichés du heavy metal et les accumule avec un plaisir non dissimulé ; immédiatement partagé par les spectateurs d'ailleurs.

 

Oui, ce fut de nouveau la grosse ambiance, mais fort différente des mémorables prestations précédentes du groupe à Bruxelles. S'il faisait alors quelques petites erreurs dans les détails, son récital était au moins agréablement nuancé, en progression, de sorte que l'enthousiasme se générait petit à petit. Cette fois, plus rien de tout ça ; tout le groupe est maintenant manifestement parfaitement à l'aise, et il « rentre dedans » dès le début. Si bien que les seuls deux morceaux lents qu'il joue (dont  Rope Dancer : ses nouveaux fans n'en connaissent même pas le refrain) arrivent un peu comme des cheveux sur la soupe.

 

Après Genesis, Supertramp, Police et Fischer Z, on pourra désormais aussi comparer Machiavel à Van Halen. On s'en réjouira, ou on le regrettera, selon ses goûts, mais je crois que Machiavel peut devenir un très bon groupe hard. Mario Guccio a vraiment   une voix fantastique, et dans Turn Off , elle se mariait avec les riffs de Plas d'une façon qui évoquait Led Zeppelin.

 

La guitare dure fut d'ailleurs à l'honneur jusque dans le rappel, avec l'arrivée sur scène de Dany Lademacher (ex-Klepto et producteur du dernier album du groupe) pour une jam tellement mémorable qu'elle fit sauter la sono.


Machiavel est maintenant prêt pour les stades de 50.000 personnes.

 

Forest National 14 février 1981

 

LES EIGHTIES, LA MUTATION.


Malgré  des salles de concerts pleines, malgré cinq albums, dont certains d’or ou de platine, malgré Fly, superbement classé dans de nombreux hit parades, Machiavel n’est toujours pas reconnu au niveau international.


Marc Ysaye, plus que les autres, en souffre. Il se sent gagné par un sentiment de lassitude qui le fragilise. Mais non ! Ils innovent ! Ses grandes espérances romantiques des années 60 et 70 s’estompent.


En effet, pour ceux et celles qui ont vécu une partie des trente glorieuses (1950-1980), le désenchantement du début des eighties est rude. Une nouvelle donne sociale, économique et politique voit le jour.  Désormais, ce sont les affaires et les gros profits qui font œuvres d’exemples. C’est la naissance du néo-libéralisme et du début de ce que d’aucuns appelleront :  « la crise » ; une crise insidieuse, pourtant annoncée depuis longtemps, mais que personne n’avait voulu regarder en face.


Cette période marque aussi le  basculement des valeurs et l’émergence du doute, de l’incertitude, de la précarité. Les taux d’intérêt s’envolent et atteignent des sommets fous de 15 à 17%. Les prix flambent : loyers, achats immobiliers, carburants, matières premières, denrées alimentaires.


Dans un tel contexte, pourquoi les groupes de rock échapperaient-ils à la déconvenue générale, à l’appel des sirènes  ou aux effets pervers du système ?


Est-ce l’appât du gain, la naïveté ou encore l’ignorance qui poussèrent les musiciens de Machiavel à prendre la pire décision de toute leur carrière ? La réponse se trouve, sans doute, en partie dans ces trois cas de figure.


Mario, seul membre du groupe à résider à Liège, vit dans un logement social et tire le diable par la queue. Thierry, trop jeune et nouveau venu dans le groupe, laisse aux plus âgés le soin de le gérer. 

Marc, totalement déconnecté des  contingences financières, privilégie le consensus et le vote majoritaire.  Quant à Roland, selon les circonstances, il peut tout aussi bien pencher du côté de Marc  que de celui de Mario.


Thierry : "Pour vingt mille balles garantis tous les  mois, on a marché dans une combine à la con, qui nous a entraînés vers la chute."


Mais que s’est-il réellement  passé ? Comment les faits se sont-ils déroulés ?

 

 

 

Forest National - 14 février 1981.

 

 

LE PIÈGE.


Dans sa région, Mario fait la connaissance de Charles et Gilbert, qui se présentent comme hommes d’affaires. Charles est propriétaire d’un gros magasin d’électroménager. Quant à Gilbert, il exploite l’un des plus vieux métiers du monde dans  les  quartiers chauds, proches de la gare. Ensemble, les deux partenaires ont créé une société immobilière sur la côte espagnole spécialisée dans l’achat et la vente de terrains en bord de mer. Ils sont également partie prenante dans l’exploitation  d’établissements  où l’on joue au bingo.


Mario  se vante des milliers de ventes d’albums de Machiavel.  « Ce sont les producteurs qui encaissent le pactole, alors que les pauvres musiciens doivent se contenter de quelques francs », précise-t-il.


Les Liégeois sentent que le show-business et surtout la production de disques peuvent rapporter gros. Au terme de leur conversation, ceux-ci se montrent disposés à assurer le management d’un groupe comme Machiavel. Mario est persuadé qu’il vient de rencontrer des hommes providentiels qui vont, enfin, faire les faire décoller.


Une rencontre a lieu à Liège en présence de tous les intéressés.
Aux dires de Thierry et de Marc, la rencontre est surréaliste. Machiavel, le plus grand groupe de Belgique, se retrouve dans l’arrière boutique d’un grossiste en électroménager, entre des frigos, des lave-vaisselles et des fers à repasser, à écouter de doux rêveurs.


La  proposition des self-made men se résume à financer, avec de « gros moyens », la production du prochain album de Machiavel, qui sera enregistré … aux Etats-Unis !  Au préalable, les musiciens partiront pour quelques semaines en Espagne afin de préparer leurs morceaux dans des conditions optimales. Ce n’est pas tout, dès la signature du contrat, chaque musicien recevra mensuellement un salaire minimum garanti de vingt mille francs.


Marc, Thierry, Roland et Mario auront à remplir certaines obligations, comme celles d’investir, en pot commun, les royalties de New Lines, ainsi que tous les futurs cachets de leurs galas dans une société, … qui en fera des salariés !!!


En sortant de la réunion, les musiciens sont euphoriques : enregistrer un album aux Etats-Unis va leur permettre d’accéder, enfin, aux portes du marché international. Mais, au fond d’eux-mêmes, y croient-ils vraiment ?

 

Charles et Gilbert n’avaient ni la tête de l’emploi ni les compétences ni les relations  pour se lancer dans la production discographique de haut niveau. Et puis, eux-mêmes, des artistes transformés en coproducteurs ?

 

Roland, Marc, Thierry et Mario © Luc Schrobiltgen


Thierry : « Je regrette de m’être laissé entraîner dans cette galère. Aujourd’hui, je me dis que j’aurais mieux fait  de résister à la pression des autres. J’aurais dû refuser d’entrer dans cette société. Mais, j’étais très jeune et je ne comptais qu’un seul album à mon actif. Ça ne me donnait pas une voix suffisante au chapitre. »


Marc : « Enregistrer à Los Angeles  représentait pour moi un rêve inaccessible.  Évidemment, avec le recul, je me dis qu’on a été affreusement naïfs de faire confiance à des amateurs, comme si produire un album aux States suffirait à nous faire tous  gagner beaucoup d’argent. »


Quelques semaines plus tard, la société Machiavel Music est constituée et devient donc une entité juridique. Comme prévu, Machiavel engage la totalité de ses royalties sur New Lines ainsi que tous les gains qui résulteront de leurs futurs galas et tournées. Un marché de dupes, car le groupe était capable de vivre des cachets de ses concerts, sans avoir besoin de percevoir un salaire minimum garanti de vingt mille francs par mois, même s’il ne jouait pas.

 

 

ÉTAPE EN ESPAGNE -  AVRIL 1981


Pendant que Machiavel  répète avec son matériel et ses instruments dans une villa à Salu  en bord de mer, leurs nouveaux managers recherchent un directeur artistique de renom.


Pour élaborer les titres de son futur album, le quatuor remanie certaines de ses compositions, déjà testées en février, lors de son concert à Forest National.   Pour les autres morceaux, c’est un peu la panne d’inspiration !


Thierry Plas révèle le pot aux roses : « On était trop livrés à nous-mêmes, trop désinvoltes  aussi. Nous sommes tombés dans une forme d’autosatisfaction et de suffisance. Nous nous sommes payés une tranche de bon temps. »


A leur retour d’Espagne  les musiciens apprennent que  Derek Lawrence, l’ex-producteur de Deep Purple et de Whisbone Ash  accepte de travailler avec eux.


Mais ce vieux renard de Derek a des exigences de star. Selon Marc Ysaye, pour accomplir le job, il ne demande pas moins qu’un million de francs, plus un aller-retour en première classe  Londres–Los Angeles et une chambre dans un hôtel quatre étoiles, pour toute la durée de son séjour. En outre, il obtient le feu vert pour engager l’ingénieur du son de son choix, à savoir Marc Piscitelli.  On n’est plus à un million près. Les musiciens exigent que leurs amplis, batterie et guitares soient transportées par voie aérienne  jusque L.A., le budget explose encore un peu plus.


Marc : « Nous avions entendu dire  que lorsqu’un groupe réserve un studio aux States, on lui  loue un local avec une table de mixage et quelques chaises,  c’est tout !  On s’est donc cru très malins en emportant notre matériel avec nous. Alors qu’on aurait pu tout louer sur place, ce qui aurait coûté  nettement moins cher. » 

 

 

L’AVENTURE AMÉRICAINE - JUIN/JUILLET 1981

 

 

Lundi matin, 1er juin à 10H45, les musiciens prennent un vol British Airlines qui, après une brève escale à Londres, les embarquent via PAN AM pour un voyage aérien au dessus de l'Atlantique.  Ils atterrissent à L.A. le mardi à 9H45 du matin. La grande aventure commence

 

Logés à l’Holiday Inn, 1755 N/Highland Avenue,  les musiciens sont rejoints dès le lendemain par Luc d’O. (sic) leur private manager qui leur apprend que leur matériel s’est égaré  à  Boston.  Il faudra compter quatre jours pour le rapatrier, quatre jours pendant lesquels  les heures de location du studio tournent pour rien !


En attendant, pilotés par Luc, les musiciens poussent la porte du Wally Heider Studio, 245 Hyde Street pour opérer une reconnaissance des lieux. Celui-ci ne leur parait pas très impressionnant : une grande pièce vide avec une console de mixage. C’est pourtant dans ce lieu mythique que se sont succédés Neil Young, Crosby, Stills, Nash, Santana, Creedence Clairwater Revival, Fleetwood Mac, Jefferson Airplane et tant d’autres.

 

Le groupe se rend ensuite à l’hôtel du directeur artistique  Derek Lawrence qui, avec Marc Piscitelli se paient quelques jours de vacances sur le compte de Machiavel Music. Le contact est cordial et arrosé. Il est vrai que  Derek a la réputation de descendre sa première bouteille de whisky avant midi.

 

À l’aube du cinquième jour, les séances d’enregistrement débutent enfin.


À l’écoute des morceaux Lawrence n’accroche pas. Manque de souffle, de punch, d’originalité ? Ou cultures et sensibilités musicales différentes ?   Derek  décide d’imposer sa marque. Il commence par Marc dont il a repéré les failles.


Il lui fait revoir ses tempos, lui montre comment intensifier son jeu. Il lui fait recommencer des dizaines de fois le même roulement. Chaque jour le rythme de travail s’intensifie.  Puis, c’est au tour de Mario d’essuyer les plâtres. Pendant des heures Derek s’acharne à capter le bon son ou l’intonation juste.


Thierry : « Si on s’était amenés avec d’autres morceaux de la facture de Lay Down, empreints d’un certain degré de folie ou de délire, Derek et Piscitelli auraient pu en tirer quelque chose de grandiose. Mais hélas, on n’avait qu’un seul morceau de cet acabit. »

 

Machiavel, Derek Lawrence, Marc Piscitelli au Wally Heider Studio.

 

Durant les quatre semaines sur la côte Ouest, les musiciens travaillent sans relâche. Bien sûr  il leur reste des plages de détente, sans oublier les nuits, que certains partagent avec quelques bimbos californiennes, copines d’Eddie Van Halen.

 

À une semaine  de leur départ, Luc O, très efficace dans son rôle de manager délégué, a pris contact avec un des directeurs artistiques de Capitol Records et l’a persuadé de venir auditionner le groupe.


Quoi ? Un ponte, d’une des plus grandes majors du monde qui distribue les Beatles, se déplace de son Olympe  pour un groupe belge ! La nouvelle tient du gag.  Même Derek est pris de court.

 

Le jour J, débarquent deux jeunes types hyper décontractés qui, après l’écoute de Nobody Knows et de Lay Down, se montrent très enthousiastes.


Marc :  « Ils nous ont fait dans le genre : « Wouaahhh, super good. Great voices, great band, good guitar. »


Les gars poussent même le bouchon jusqu’à décréter qu’ils seraient prêts à sortir l’album aux Etats-Unis à condition que le son soit retravaillé selon l’attente du public américain. Chez les musiciens, l’euphorie est à son comble.


Lawrence et Piscitelli entament donc la phase finale du mixage en rendant le sound des guitares et des voix encore plus agressif. 

 

Le 5 juillet, à 17h15 heure locale, sur le vol PAN AM qui ramène le quatuor  en Europe, Marc est assis à côté de Thierry ; il se colle les écouteurs de son walkman dans les oreilles.


Marc : « J’ai écouté les dix titres comme si je les découvrais pour la toute première fois et, tout de suite, je me suis dit : Aie, aie, aie. Ça part dans toutes les directions.  Ça manque terriblement de rigueur. C’est trop confus ! »

 

 

Marc Ysaye au Wally Heider studio.

 

BREAK OUT

 

Deux semaines après leur retour de Los Angeles, Machiavel Music  réceptionne un fax en provenance des Etats-Unis. Les producers  de Capitol Records, si enthousiastes  lors de leur visite au Wally Heider Studio, y expriment leurs regrets. En trois lignes ils expliquent que, sur la côte Est, on n’est pas intéressé par Break Out. Patatras, la piste américaine s’effondre. Même s’il fallait s’y attendre, le « rêve américain » s’éloigne à l’horizon.

 

Une question cruciale se pose : Qui va distribuer l’album ? Charles et Gilbert n’ont pas le choix, ils sont obligés de se tourner vers Andrews. Le boss d’EMI accepte de distribuer l’album auprès de ses réseaux habituels, tandis que  Hans Kusters se chargera de l’édition.
Break Out sort en Belgique le 21 septembre 1981 avec une pochette fignolée par Thierry Plas :  à partir d’une photo de presse il a conçu un dessin original.

 

L'album sorti en Belgique.

 

L’album comporte dix titres : Somebody Loves You Tonight, Tonight, Charlena, I Need It, Draw The Line, Nobody Knows, Running, Town to Town, Rough City et Lay Down.

 

L’album ne suscite guère d’enthousiasme ni même de critiques comme si, ceux qui avaient précédemment défendu ou encensé Machiavel, se gardaient de donner un avis.

 

Il faut se rendre à l’évidence, malgré les moyens importants mis en œuvre,  Break Out  se révèle décevant.  La faute n’en incombe ni au chanteur ni aux musiciens. Mario n’a jamais été aussi brillant vocalement que dans Lay Down et les jeux de guitare de Thierry et de Roland sont impeccables. Mais à part Nobody Knows et Lay Down,  les autres compositions manquent de verve et de délire.

 

En décembre, le moral des musiciens bat de l’aile. Les ventes de l’album stagnent. Comme il fallait s’y attendre, beaucoup de fidèles de Machiavel sont déconcertés et ne reconnaissent plus le groupe qu’ils ont adulé.  Certains  leur reprochent de « trop ressembler au Doobie Brothers et de sonner américain ». Un comble !

 

Pourtant, lors du référendum annuel publié dans Télémoustique, Machiavel garde une enviable deuxième place, parmi les groupes belges lauréats. Il se maintient juste derrière Jo Lemaire + Flouze.

 

Break Out parvient malgré tout à dépasser les vingt mille ventes, mais face aux millions investis dans l’opération,  c’est une catastrophe.


Pour  faire travailler les musiciens, Charles et Gilbert concluent  un accord avec les responsables de la Warner à Paris qui, au même moment, entame  la distribution de Break Out sur la France.
Warner  suggère que Machiavel assure la première partie des concerts d’Alice Cooper pour sa tournée dans l’hexagone.

 

L'album version française.

 

 

 

TOURNÉE FRANÇAISE AVEC ALICE COOPER  (JANVIER-FÉVRIER 1982)

 

Alice Cooper - 1982 © Serge Assier

 

Le 25  janvier 1982, le quatuor de Machiavel débarque à Cannes, dans le cadre du MIDEM, et s’installe au Martinez,  dans une somptueuse suite  pour y passer sa première nuit, avant  son gala du lendemain.


Ce soir-là, le ministre Jack Lang honore de sa présence le nouveau Palais des Festivals, dont les surfaces d'exposition ont été agrandies, et l’inaugure en grande pompe.

 

Pendant ce temps, les musiciens belges découvrent la ville, soupent chez un Italien et vident quelques chopes dans des bistrots proches du petit port. 


Rentrés au petit matin, ils sont tirés de leur sommeil vers sept heures  par des coups tambourinés à leur porte. C’est Hank, un de leurs trois roadies hollandais qui, complètement paniqué, balbutie :  « Truck is stolen, la camionnette a disparu. »

 

Les musiciens sont catastrophés. Marc n’a plus de batterie,  Thierry et Roland n’ont pas pensé emporter leur « gratte » dans leur chambre d’hôtel.  Ils ont perdu leurs superbes Gibson SG.

 

Heureusement, Mike Panera, régisseur en chef des techniciens et roadies d’Alice Cooper, fait preuve de compréhension et accepte de laisser jouer Machiavel sur leur installation.  

 

Malgré le trac de jouer pour la première fois à Cannes en première partie d’Alice Cooper, le groupe belge recueille les applaudissements du public français.

 

Le lendemain, le spectacle se déplace  à Lyon, au  Palais d'Hiver. Cooper fait un triomphe, Machiavel assume et tire son épingle du jeu.


Étrange personnage que  ce Vincent Damon  Furnier, rebaptisé en Alice Cooper. Dans les loges, Marc et les autres ont l’occasion de l’approcher. Ils en gardent un drôle de souvenir.

 

Marc : « Fragile, émacié, vieilli, défoncé, il tient à peine debout. C’est  une véritable épave. Il n’arrive à monter sur scène que hissé par ses roadies. Et puis, soudain, face à son public,  en quelques secondes, ce n’est plus le même homme. Il se redresse, trouve sa puissance. L’obscur Furnier devient le mythique Alice Cooper. Ahurissant ! (*)

 

La série des concerts dans le Sud se poursuit le 28 au Palais des Expositions à Grenoble, le 29  au Palais des Sports de Montpellier, le 30 à Toulouse, aux Halles aux Grains et  le 2 février à la Foire des Manse à Marseille.

 

Machiavel, qui doit tenir 45 minutes sur scène, face à un public qualifié de « violent » puise dans les titres les plus « hard » de New Lines et de Break Out. Les morceaux qui plaisent le plus sont Lay Down et Fly.


Pour faire battre le pouls du public à son paroxysme, Thierry a la bonne idée de rajouter une version musclée de  Mercury Blues (**) ce qui permet au groupe de rester sur le ring. En effet, le répertoire de Machiavel n’a pas été conçu pour rivaliser avec l’homme qui a introduit la démesure dans ses shows de hard rock. Sans parler des maquillages du personnage et des musiciens, inspirés des films d’horreur.

 

La tournée remonte vers le Nord. Le 4  février au Palais Saint Sauveur à Lille puis  le 5 au Palais des Sports à Dijon, le public se montre de plus en plus féroce. Machiavel se démène devant un public de fans qui ont payé pour voir leur dieu vivant. Et le 6 février à l'Hippodrome à Paris, c’est l’hallali.

 

Marc : « Notre concert à Paris a rassemblé trente mille personnes dans une salle glauque à souhait. L'ambiance est malsaine et nous ne sommes visiblement pas attendus. Aux premiers rangs,  des centaines de sosies d'Alice Cooper gardent un doigt d'honneur levé en notre direction tout au long de notre prestation. Ils couvrent Mario de crachats qui ruissellent... Il tient bon. À un moment, je m'effondre derrière ma batterie: un boulon lancé de la salle vient de m'atteindre à la tempe. Je suis assommé. On ne terminera pas ce concert. La tournée  s'achève le 8 février au Palais des Sports de Caen et le 9 au Parc des Expositions Grigy à  Metz dans l'indifférence générale, du moins pour nous. » (***)

 

Thierry : « Il faut relativiser. Le rock est de par sa nature agressif, violent. Surtout dans ces années là, qui ont vu triompher des Clash, Dawned, Ramones, Sex Pistols  et autres. Quoi qu’il en soit, pour moi si un groupe accepte de faire la première partie d’un monstre sacré comme Alice,  il doit savoir que ça ne va pas être de la tarte. Si Marc a encaissé un boulon, Mario, Roland et moi avons  eu la chance d’échapper aux cannettes remplies qui atterrissaient sur le podium. J’ai du mal à imaginer ce qui se serait passé si Machiavel, dans son ancienne formule avec clavier, s’était présenté à Paris ! »

 

 

 

 

(*) Les classiques de Marc Ysaye, aux éditions Racine.
(**) Mercury Blues composé par David Lindley sur l’album El Rayo X ..
(***) Les classiques de Marc Ysaye, aux éditions Racine.

 

 

La toute dernière séance de photo. Ils savent que l'aventure est terminée. 1982

 

 

CHACUN SA ROUTE.

 

Il faut se rendre à l’évidence, Break Out,  le sixième  album  de Machiavel peine à trouver son public. Dans la presse, aucun écho : ni bonne ni mauvaise critique, rien. C’est le black out de Break Out.


Pourtant, à y regarder de plus près, la situation n’est  pas aussi catastrophique.  Il est courant que des groupes connaissent des passes difficiles, qu’ils subissent ou encore qu’un de leurs albums vire au flop. Mais à cet instant personne n’est là pour aider Machiavel à relativiser.

 

Marc : « Nous n’avons pas bénéficié des conseils ni du soutien d’un ami, d’un agent ou d’un manager qui nous aurait rassurés et expliqué que tout ceci n’était que passager et que nous avions surtout besoin de prendre du recul. »

 

Chacun se sent atteint dans son amour propre. Pour conjurer le mauvais sort, ils rappellent Albert.

 

Marc :  « J’espérais qu’il s’inspirerait des succès de New Lines et de Fly pour nous composer des morceaux de cette envergure. Il a fait ce qu’il a pu mais on s’est vite  rendu compte qu’il n’était plus le créateur génial que nous avions connu. »

 

Albert, n’a pas vécu à leurs côtés  la période New Lines et Fly, il  en est resté aux envolées classiques de Mechanical Moonbeams. Impossible pour lui de s’adapter  au nouveau style défendu par les autres.

 

Ses tentatives ne convainquent personne. Alors, il remballe son orgue dans sa vieille Mercedes et repart en râlant  d’avoir déserté Stead pour rejoindre Machiavel.


Retour à la case départ. Cette fausse bonne idée est vécue comme un nouvel échec.


 

Thierry : « Au lieu de céder à la morosité, nous aurions  mieux fait de renouer des contacts avec EMI et Dany Lademacher, qui nous auraient remis en selle. Ensemble, nous aurions certainement rebondi. »

Machiavel disparait de la scène et de  l’actualité sans fanfare. Jamais aucun communiqué de presse ne mentionnera officiellement  leur séparation. D’ailleurs a-t-elle eu lieu, puisque aucun des quatre ne la revendique. Les quatre amis se cherchent un nouveau style… de vie.

 

Un entrefilet paraît dans le Télémoustique du 10 août  1982 :

 

"Les ex-membres de Machiavel sont tous restés très discrets sur les motivations de leur split (probablement dû au relatif insuccès de leur dernier album Break Out) et le premier à avoir refait surface est Marc Ysaye qui présente l’émission de Jean-Paul Andret,  le matin sur Canal 21,  du moins pendant une partie des vacances. Il est question qu’un album live commémorant la carrière de Machiavel sorte bientôt. "

 

 

 

Il faudra attendre juillet 1996 pour que Machiavel ressuscite et retrouve du jour au lendemain la magie de ses concerts d'antan.

En 2016, Machiavel fête ses quarante années de carrière.

 

 

D I S C O G R A P H I E - ALBUMS BELGIQUE - 1976 - 1982.

 

 

Harvest 4C036 23565 - Belgique

 

Harvest 4C064 23565 -Belgique

 

Harvest 4M034 23565- Belgique

Machiavel – 1976 - Harvest


1. Johan's brother told me
2. Cheerlesness
3. Cry no more
4. When Johan died, sirens were singing
5. I am
6. Leave it where it can stay
7. To be free
8. Don't remember  
9. When you turn green  

 

 

Harvest 1A 064 99289 - Belgique - 1977

Harvest 4C 064 99289 - Belgique - 1977

EMI 14C 062 99289 - Grèce - 1977

Harvest 3C 064 099289 - Italie - 1978

Harvest 10C 064 099289, B.282 - Espagne - 1978

Jester – 1977 - Harvest

 

1. Wisdom (
2. Sparkling jaw
3. Moments
4. In the reign of queen pollution
5. The jester
6. Mister street fair
7. Rock, sea, and tree
8. The birds are gone  
9. I'm nowhere  

 

 

Harvest 4C064 23805, 064 23805 Belgique

Harvest 1A 064 23805 Belgique

Warner Bros records 56 590 France

Mechanical Moonbeans – 1978 - Harvest


1. Beyond the silence
2. Summon up your street
3. Rope dancer
4. Rebirth
5. After the crop
6. Mary
7. The fith season
8. Wind of life 
9. I'm not a loser

 

 

 

Harvest 1A 064 23894 - Belgique

 

 

Urban Games – 1979 - Harvest


1. The Humans
2. Over the hill
3. Still Alive
4. City Flowers
5. Dancing Heroes
6. I'm not a loser
7. Let me live my life
8. The dictators
9. Over the hill
10. King of slogans  

 

Harvest 1C 064 23980 - Allemagne - 1980

Harvest 1A 064 23980 - Hollande - 1980

Harvest 10C 064 23980 - Espagne - 1981

Accord ACV 130026, ACV 130026 - France - 1981

 

New Lines – 1980 - Harvest
1. Fly
2. Lying world
3. Relax
4. Champagne in Amsterdam
5. Memories
6. Turn off
7. A life
8. Playboy  
9. So clear
10. Fade away
11. Turn off   
12. Sai (Fly V.It)
13. Let it roll
14. Song for Poland
15. Swindler

 

 

 

Harvest 1A 064 64540 - Belgique - 1981

Harvest 10C 064 064540 - Espagne - 1981

 

Harvest 2C 068 64540 - France- 1981

 

Harvest 1A 064 64540 - Hollande -1981

 

Break out - 1981 - Harvest


1.Somebody loves you tonight
2. Tonight
3. Charlena
4. I need it
5. Draw the line
6. Nobody knows
7. Running
8. Town to town
9. Rough city
10. Lay down

 

 

D I S C O G R A P H I E - SINGLES/EXP - 1976 - 1982.

 

 

Harvest 4C 006-23804 -BG - 1978

 

 

Harvest ‎– 5C 006-23804,
EMI Records Holland 5C 006-23804

 

Harvest ‎ 5C 006-23804,
EMI Records Holland  5C 006-23804

 

 

Harvest 1C 006 23988 - Allemagne

 

Harvest 1A 006 23988 - Belgique

 

Accord ACX 135044-France

 

Harvest 1A 006 23988 - Hollande

 

EMI 008 19 049 - Portugal

 

EMI 5131 - Angleterre

 

 

Harvest 1A 006 19013

Harvest 1A 006 69590- Hollande

Harvest 10C 006 064590- Espagne

 

Harvest 1A006 23919

 

 

Discographie détaillée : www.discogs.com/artist/265258-Machiavel