ALBUM ROCK BELGE

 

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Wallace Collection - 1970La rançon de la gloire
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Wallace Collection 69-71 Discographie complète
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***
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ROCK BELGE / ALBUM SOUVENIRS

WALLACE COLLECTION (1969-1971)

1.L'ENVOLÉE VERS LA GLOIRE (PREMIÈRE PARTIE)

(Biographie officielle)

 

Textes et photos sous copyright de leurs auteurs. Reproduction interdite sans autorisation

 

 

Sylvain Vanholme est certainement l'un des artistes les plus talentueux de sa génération. Chanteur, compositeur, musicien et producteur, il a tout essayé. Et la plupart du temps, il a réussi à imposer son style et sa personnalité. Tous les groupes avec lesquels il a travaillé ont connu leur période de succès.

 

Déjà dans les Seabirds à Ostende en 1962-63, il bâtissait sa réputation. Après des incursions dans les Enfants Terribles, et les Babs et les Babettes, on le retrouve bientôt dans le Sylvester's Team, avant qu'il ne fonde le Wallace Collection qu'il va parvenir à imposer sur le plan international.

 

En parcourrant son itinéraire de musicien, depuis le début des années soixante, on perçoit mieux les tenants et aboutissants qui l'ont amené à connaître la carrière que l'on sait.

 

Cartoon : Janbrun

 

Wallace Collection© Jean Jième (juin 1969)

Christian Janssens, Sylvain Vanholme,Jacques Namotte,Raymond Vincent, Marc Hérouet, Freddy Nieuland

 

 

Sylvain Vanholme (guitare solo) , Freddy Nieuland (batterie), Marc Hérouet (piano) et Christian Janssens(basse) font partie du 16th Century. Un jour Sylvain a une idée : combiner le jazz, la pop music et le classique en une formation unique. Une idée apparemment utopique mais qui se révèlera géniale. Sylvain part à la recherche de deux violonistes.

 

Sylvain : Je savais que le patron de l'Onyx club, Pol Clarck, éditait un fascicule qui reprenait les adresses des musiciens dans leurs diverses disciplines. Je me suis donc rendu dans son bistrot, situé en face du studio DES, muni d'un avis que j'ai accroché aux valves. J'en ai profité pour lui demander de me filer les adresses des violonistes et violoncellistes qui figuraient sur sa liste. A chacun, je leur ai envoyé un courrier stipulant mon souhait de les rencontrer.

 

LA LETTRE QUI A TOUT FAIT DÉMARRER

 

Sylvain : Quelques jours plus tard, je suis contacté par Raymond Vincent. Au téléphone, il me dit qu'il est violoniste et premier prix du Conservatoire de l'Orchestre national.

 

Raymond Vincent n'en est pas non plus à sa première expérience en matière de disque puisqu'il a déjà sorti un single semi pop-classique sous le nom de Stradivarius. Pour contrebalancer le piano et les guitares électriques, Raymond s'adjoint les services de Jacques Namotte, violoncelliste.

 

À partir de cet instant, Raymond Vincent n'aura de cesse de chercher le moyen d'électrifier également les deux instruments à cordes, ce qui apportera, à terme, ce son exceptionnel baptisé Wallace sound. D'emblée, Raymond Vincent fait écouter diverses mélodies, souvent très connues, puisqu'elles émanent du répertoire classique et font donc partie de la culture universelle.

 

Lors d'une des répétitions, Vincent propose à Sylvain d'écrire des paroles sur une adaptation pop du Lac des Cygnes. Le futur Daydream  est en route.

 

Sylvain Vanholme

 

Après plusieurs semaines de travail, le groupe se sent prêt. Sylvain fait appel à l'impresario Jean Martin avec lequel il a souvent travaillé, notamment à l'époque du  Sylvester's Team. Martin est le patron du Secrétariat des Artistes.

 

Onyx Club

LES ARTISTES

Sylvain Vanholme Wallace 1969

Sylvain Vanholme

Raymond Vincent violoniste

Raymond Vincent

Christian Janssens bassiste

Christian Janssens

Jacues Namotte

Jacques Namotte

Marc Herouet pianiste jazz

Marc Hérouet

Nieuland batteur du Wallace

Freddy Nieuland

 

MANAGEMENT

Jean Martin impresario

Jean Martin- impresario

 

 

 

 

Jean Martin : Sylvain m’avait confié son idée de tenter une expérience musicale qui allierait rock, jazz et classique au sein d’une même formation. À son invitation, je débarque un soir dans leur local de répétition. J’avais encore dans l’esprit l’ancienne formule du Sylvester’s Team avec l’équipe constituée de Gégé, Jean-Marc, Freddy et Sylvain. Ici je me retrouve en face de Marc Hérouet, dont on m’avait vanté les qualités de pianiste de jazz.
Il y a aussi Christian Janssens, le plus jeune de tous mais déjà très coté et bénéficiant de la réputation enviable de « bassiste le plus précis de Belgique ». Christian, un gars plutôt discret et conciliant. À la batterie, bien sûr Freddy Nieuland, le visage hilare, plein de bonne humeur, plutôt sûr de lui.

 

D’entrée de jeu, j’ai été impressionné par leur esprit de corps et leur professionnalisme. On sentait que Sylvain en voulait. Lorsqu’ils se sont mis à jouer,  dès les premières notes, je suis tombé en pâmoison ! J’étais fou de joie.  Je leur ai dit d'emblée que je j'étais d'accord de prendre leur carrière en mains.

 

L’ULTIMATUM DE SYLVAIN

 

Le deal de Sylvain est simple : " Tu nous trouves une firme de disques à Londres, un studio pourenregistrer et tu deviens notre manager. C’est à prendre ou à laisser ! »

 

Il faut être à la fois fou et aventureux pour accepter telles exigences. C’est pourtant ce que Martin  prouve en proposant, après une semaine de réflexions, de produire, à ses frais, une maquette digne de ce nom. Il annonce qu’il ira la présenter aux firmes belges susceptibles de créer un contact avec leur maison mère à Londres. Après on verra.


C’est toujours mieux que rien, se dit Sylvain, qui accepte aussitôt le deal. Quelques jours plus tard, plusieurs chansons sont enregistrées au studio DES.

 

Vanholme rock 1969

Sylvain Vanholme

 

Pour l’époque, le souhait de Sylvain d’enregistrer dans les studios d’outre-Manche, apparaît d’autant plus irréaliste (ou surréaliste ?) qu’elle peut coûter des fortunes. Que l’on en juge !

 

Il faut d’abord payer à son juste prix l’infrastructure des studios ainsi que la virtuosité de ses techniciens. Peu de groupes étrangers, encore inconnus ont les moyens de se payer de tels services.

 

Ce n’est pas tout. Chaque studio dispose également de musiciens appointés pour réaliser les maquettes ou les masters. Or Sylvain a bien l’intention de n’enregistrer qu’avec ses propres musiciens.  Problème, car dans ce cas, l’Union des artistes britanniques exige que leur soit versé un montant équivalent au cachet qu’auraient touché les six musiciens du studio.

 

Martin n’est évidemment pas au courant de ce type de pratiques, désormais d’un autre âge. Sinon, aurait-il encore autant fantasmé ? Aurait-il relevé le défi lancé par Sylvain ? C’est toutefois un homme optimiste, qui a pour maxime : qui ne risque rien n’a rien.  


Plus les jours passent, plus l’envie de se lancer dans l’aventure est tentante. Martin la voit comme l’opportunité qu’il attend depuis longtemps. Il écrira même qu’il n’en dormait plus.

 

Mais Martin a également un autre handicap. Sur le plan du management international, il a peu d’expérience. Tout au plus, est-il habitué à faire tourner à l’Ancienne Belgique des vedettes françaises du Music Hall et à programmer des artistes étrangers au Festival de Ciney.

 

En revanche il n’a aucune compétence en matière de show-biz à l’anglaise. Et pour cause, il ne parle pas un mot d’anglais. Impossible donc d’imaginer parlementer avec des agents ou des producteurs comme il le fait depuis des années avec les Français.

 

Comment s’y prendre pour vaincre la forteresse anglaise, qu’il estime plus infranchissable encore que le mur  de Berlin ?

 

 

À L'ASSAUT D'EMI

 

Jean Martin décide de prendre le taureau par les cornes. Il décroche son téléphone et appelle la secrétaire d’Émile Garin, directeur d’EMI en Belgique, pour obtenir un rendez-vous. Une fois dans son bureau, il le met au courant de l’objet de sa visite. Garin le regarde d’un air incrédule. Encore une bonne  blague belge !

 

Mais Jean insiste et lui demande le nom d’un de ses homologues anglais : il pourrait le rencontrer dans la capitale britannique et lui proposer de venir en Belgique pour découvrir le groupe. Il veut éviter d’envoyer une maquette à Londres. Il connaît trop bien le système et l’habituelle phrase : « Déposez votre maquette sur la pile, le comité d’écoute se réunit le mois prochain et on vous écrira ».


Il fait le pari que, s’il parvient à déplacer un producteur d’Angleterre pour rencontrer les musiciens, ceux-ci sauront provoquer l’impact émotionnel qu’il a lui-même ressenti, lors de leurs premières répétitions. Jean aime bien tenter le diable.

 

Face à sa détermination, Garin suggère : « Le seul type avec lequel j’ai des contacts à Londres est Harry Flower, le directeur préposé à la promotion internationale, un Australien.C'est lui qui nous recommande les nouveautés à promouvoir en Belgique. Appelle-le de ma part et essaye d’obtenir un rendez-vous ».

 

Martin arrive chez EMI, muni d’une simple carte de visite sur laquelle il est écrit : « I’m coming from Belgium just to meet Mr. Flower. Recommended by Mr Garin. Mais comme il n’a pas pris de rendez-vous, on le fait attendre.  Finalement, on le fait pénétrer dans le bureau du directeur de la promotion extérieure. C’est le moment de vérité. »

 

Martin : Je me lance alors dans une envolée lyrique mêlant des mots anglais, français, flamands et même allemands. Ahuri, il me regarde poliment, n’en croyant ni ses yeux ni ses oreilles. Je vois bien qu’il ne pige pas grand-chose à mon charabia. J’essaie alors de me faire comprendre par des gestes. Ce qui ne donne rien.  Devant mon désarroi, il fait enfin venir quelqu’un qui parle un peu français.

 

Jieme photographie le Wallace

L'état de grâce © Jean Jième

 

 

Harry Flower finit enfin par comprendre que Martin propose qu’un représentant de chez EMI se déplace à Bruxelles pour venir écouter un groupe de musiciens aussi talentueux que… les Beatles !

 

Perplexe, intéressé ou bluffé par cette annonce surprenante, il appelle un certain David Mackay par le téléphone intérieur.

 

Mackay était, en 1968, un jeune producteur australien, qui venait de débarquer à Londres engagé par EMI. Bien qu’il se soit forgé une solide réputation dans son pays, il devait encore faire ses preuves au Royaume-Uni.
 
Mackay, très gentleman, promet à Martin de rapporter (pour la forme) sa proposition à son supérieur Sir Joseph Lockwood et de le tenir rapidement au courant.

 

Il ajoute, « puisque vous m’invitez, je viendrai un week-end. J'en profiterai pour visiter Bruxelles  ».

 

JOUR J - L'AUDITION AUX GÉMEAUX

Wallace Collection aux Gémeaux

La fameuse audition aux Gémeaux qui décida du destin du groupe (oct 1968)

Marc©Hérouet-Collection

 

audition aux Gémeaux 1968

Christian Janssens, Jacques Namotte, Marc Hérouet

Dancing Les Gémeaux - octobre 1968 - Marc©Hérouet-Collection

 

 
QUITTE OU DOUBLE !

Jean Martin passe à la phase deux de son plan : réaliser une audition du groupe dans les meilleures conditions professionnelles possibles.

 

Il prend contact avec Jean-Paul Wittemans, le mentor des Cousins, manager de l’orchestre Ariane et les 10/20 et qui exploite la discothèque Les Gémeaux, un endroit à la mode situé Boulevard du Souverain, à deux pas de l’actuel Centre culturel d’Auderghem.

 

Jean-Paul connaît bien Sylvain et Freddy. Il les a engagés tous les mercredis soirs dans son établissement sous le nom de Sylvester's Team pour animer ce qu'il appelle : ses soirées anglaises.

 

Tout le monde sait qu’il aurait bien voulu devenir leur impresario. Mais se serait-il engagé sur le plan financier, comme l’a fait Martin ? On peut se poser la question. En tout cas, il donne son accord pour que l'audition ait lieu au Gémeaux, un mercredi soir.

 

Arrive le jour J. Vers vingt-deux heures, Jean-Paul Wittemans monte sur scène et se lance dans une présentation dithyrambique des musiciens en faisant référence aux Beatles.

 

L ’accueil réservé aux musiciens reste discret.Mais dès les premières mesures attaquées au violon, relayées ensuite par les guitares, ce jeune public, plutôt BCBG se tourne résolument vers la scène.  La surprise  est totale. C’est  le choc. Tant sur le plan visuel que sonore.

 

 

Christian Janssens©Collection

 

Martin jubile, il ne quitte pas Mackay des yeux. Il était installé à plusieurs mètres de moi, sur ma gauche, je pouvais néanmoins lire la surprise sur son visage.  Lorsque nos regards se sont croisés, il a levé le pouce vers le haut, enthousiaste. Il criait "Ok, Ok". C’était finalement la seule chose que je comprenais.

 

Après un medley des meilleurs morceaux des Beatles, le groupe marque une courte pose. Le public ne réagit pas, comme s’il était tétanisé. Puis viennent les cris et les sifflements approbateurs. Le groupe poursuit sur sa lancée.

 

Lire le dossier complémentaire : L'audition aux Gémeaux.

 

 

 

David McKay

David Mackay 2009

 

David Mackay : Je ne me rappelle plus par quelles chansons ils ont commencé, mais j'ai  directement été frappé par la cohérence et la dynamique du groupe.


Être ainsi confronté au mélange des influences à la fois classique et jazz au sein d’une formation pop, c'était exceptionnel ! J'avais l'habitude de produire des groupes de rock  avec deux guitares, une basse et une batterie, sans plus. Ce qui vous limite quelque peu, surtout lorsque vous faites cela pendant un grand nombre d'années ; ce qui avait été mon cas en Australie. Et voilà que je me retrouvais tout à coup face à un univers musical totalement neuf !

 

C’était quelque chose de vraiment spécial et de très excitant. Sans oublier l’étonnante combinaison des cordes. Certes, la structure commerciale du groupe n'était pas encore tout à fait au point. C'était un encore un peu brut, mais la matière était là. J’ai pensé qu’il fallait partir de cet aspect brut, et l’amener vers plus de finesse.

 

Le jour suivant, lors de son départ, Mackay assure que, désormais les choses vont aller vite. Et c’est ce qui se passe. Une semaine plus tard, le 6 novembre, une confirmation par lettre arrive d’EMI Londres. Cette fois, le rêve devient réalité.

 

ABBEY ROAD

Lorsqu'ils arrivent à Abbey Road, ils s'appellent toujours 16th Century

 

Le 6 janvier 1969, les musiciens débarquent à Londres pour un séjour de trois semaines. Pour Sylvain, Freddy et Marc, rompus aux aléas de la vie d’artiste, cet éloignement de la mère patrie ne pose guère de problèmes. C’est moins évident pour les deux musiciens classiques, confrontés à la promiscuité d’un groupe pop. Quant au jeune Christian, il est si épris de sa petite amie, qu’il vit cette séparation comme une épreuve.

 

 
LE DÉBUT DE L'AVENTURE

EMI 1969 Wallace Collection

Devant l'entrée des studios d'EMI

 

Sur une carte postale envoyée par Marc à sa famille, on peut lire : «  Notre arrivée chez EMI fut vraiment formidable! C’est comme dans un rêve ! Des gens terriblement sympas, des studios  magnifiques, un building très moderne, et un programme mes amis !!! Je crois,  sans trop m’avancer, qu’ils veulent faire les choses en grand. »

 

Et sans doute pour faire une petite blague, il ajoute : Figurez-vous que les Beatles ne peuvent pas enregistrer leur prochain 45 T chez EMI à cause de nous ! Leur studio est  loué pour notre orchestre. Incroyable, mais vrai ! (*)

 

Tous les gens d’EMI  étaient au courant de notre arrivée et David nous a montré un article disant  que le tout grand patron serait là lui-aussi. Il paraît que c’est  exceptionnel.

 

(*) Les Beatles pouvaient bien entendu enregistrer quand ils le voulaient, et c'était aux autres de s'adapter. Par ailleurs, en janvier 1969, ils commençaient les laborieuses "Get Back Sessions" (qui deviendront le film et l'album Let It Be) dans les studios de Twickenham, et à aucun moment il n'y a eu de session prévue pour le groupe à Abbey Road au cours de ce mois de janvier.

 

 

 

QUAND SYLVAIN RENCONTRE HANK MARVIN

Mackay, bien avant que ne débarque le Wallace , a fait courir le bruit qu'un groupe venant de l'étranger, allait casser la baraque. Il a déjà fait écouter la bande démo à de nombreuses personnes de la maison C'est ainsi que tout le staff de la firme, y compris les différents artistes présents dans les studios, brûlent de les rencontrer.

 

C'est notamment le cas des Shadows, qui à l'époque sont toujours pour EMI des artistes de premier plan, et plus particulièrement d'Hank Marvin, curieux de tout et en recherche musicale et instrumentale permanente. Marc se souvient l'avoir croisé à plusieurs reprises et avoir échangé quelques mots avec lui.

 

VanHolme at Abbey Road

Sylvain Vanholme à Abbey Road

 

De son côté, Vanholme raconte qu'en se rendant aux lavatories, il dépose sa Fender dans un coin du local. Fraîchement repeinte par Christian et décorée de dessins psychédéliques, elle a fière allure et présente un look vraiment exceptionnel.

 

Hank Marvin

 

Soudain, à ses côtés se glisse un grand type avec d'immenses lunettes. Sylvain reconnaît Hank Marvin, l'idole de ses seize ans , l'artiste qui lui a donné l'envie de jouer de la guitare et qu'il a le plus imité. Lorsque Sylvain veut reprendre sa Fender, Hank s'adresse à lui :

 

C'est votre guitare ? Elle est vraiment spéciale !

Est-ce que je pourrais vous l'emprunter quelques instants ? Je suis venu poser pour des photos et la guitare que le studio me propose est vraiment quelconque ? Merci.

 

Une heure plus tard, un commis est venu restituer la Fender. Sylvain l'a prise en main et a sans doute pensé que le hasard faisait bien les choses. Et dire qu'il doit exister quelque part une photo de Marvin posant avec ma guitare dans un magazine ou peut être sur une pochette de disques !

 

 

 
SEMAINE INTENSIVE DE RÉPÉTITIONS

Dès le 8 janvier, commencent d'intenses répétitions qui plongent instantanément les musiciens dans la réalité de ce qu'on attend d'eux. Au terme d'une première journée harassante, en compagnie de David Mackay, ils sont invités à dîner chez Ken East, le grand Directeur d'EMI. Du jamais vu ! Aux dires de Marc et de Sylvain, les rapports humains entre musiciens, producteur et membres de l'équipe technique se passent dans une incroyable bonne humeur et une saine euphorie.

 

Sylvain Vanholme : Je me suis tout de suite bien entendu avec David. Je peux même dire qu'une réelle complicité s'est établie entre nous. David était avant tout un homme plein d'humour. Et comme moi j'aime bien blaguer, ça a facilité nos rapports. Il a tout mis en place pour nous mettre à l'aise et nous confronter aux contraintes techniques qui nous attendaient. Par exemple, on a dû s'habituer à enregistrer avec un casque sur les oreilles, on n'y était pas habitués.

 

Marc Hérouet : Travailler sous la conduite de techniciens de la trempe de Geoff Emerick (ingénieur attitré des Beatles depuis le printemps 66) a été le pied absolu. Il faut bien reconnaître  que nous n’étions pas au courant des nouvelles techniques d’enregistrement. Quant à Mackay, il savait parfaitement nous gérer et adopter les bonnes décisions. Nous lui faisions totale confiance dans le choix des morceaux et lorsqu'il fallait trancher en matière de lyrics et d’arrangements.

 

Cerise sur le gâteau, les musiciens disposent d'un matériel professionnel inouï pour l'époque. Tour à tour, Marc a la possibilité de s'exercer sur un clavecin électrique, un gros Steinway de concert, un piano à clous sur lequel Ob-la-di, Ob-la-da avait été enregistré quelques mois plus tôt et même sur un mellotron.

 

Comment, baignés dans un tel environnement, qui nous rappelait à chaque instant que nous vivions un moment exceptionnel de notre vie, n'aurions-nous pas donné le meilleur de nous-mêmes ?

Freddy At Abbey Road

Freddy Nieuland à Abbey Road

 

Durant trois semaines les musiciens ne quitteront les studios que pour manger et rentrer dormir à leur hôtel. Le rythme de travail, ajouté aux pressions diverses, devient à certains moments insoutenable. Les premiers essais techniques sur le plan du son se révèlent laborieux. Les réglages micros de la batterie prennent un temps fou. Freddy, comme à son habitude, ne sait pas se taire et ses commentaires crispent les autres.

 

Durant des heures, chacun des plus infimes éléments de la batterie est amélioré.  Ici, un morceau de couverture est découpé pour étouffer le bruit trop sourd d’une grosse caisse. Là, un bout de ruban adhésif  bloque une vibration intempestive due à la vis d’une cymbale.

 

Puis les musiciens se penchent sur les guitares et le piano pour en affiner les réglages. Après les heures passées sur la batterie de Freddy, tous se demandent combien de temps prendront les accordements du violon de Raymond Vincent ? 

 

Heureusement, le savoir-faire des techniciens de l’équipe est sans limite. Ainsi, il suffira d’un petit micro adapté à la caisse de résonnance pour mettre en valeur le son mélodieux. Et le violoncelle? Les oreilles attentives et les doigts experts l'accordent avec la même subtilité.

DEUXIÈME ET TROISIÈME SEMAINE À ABBEY ROAD

Lors des premières bandes enregistrées, chaque musicien découvre avec étonnement la puissance et la richesse de son instrument.

 

 

 

 

 

 

Reste aux techniciens à se concentrer maintenant sur le choix des micros en rapport avec les différents timbres de voix de Freddy, Sylvain et Marc. Chaque réglage technique est répertorié, classé et enregistré. Inutile de préciser que le résultat final se révèle à la hauteur de l'immense patience et des remarquables efforts consentis.

 

Raymond VincentJacques Namotte Abbey Road

Raymond Vincent et Jacques Namotte à Abbey Road

 

Marc Hérouet : Nous étions bel et bien dans les studios d'enregistrement les plus perfectionnés au monde où rien ne fut jamais laissé au hasard.

 

Mi-janvier, les musiciens en sont à la moitié de l’album. Fait unique ! Le 23, Ragtime Lilly, l’unique composition de Marc à figurer sur le futur LP, ne requiert qu’une seule prise. Sur la bande, on entend la voix de Geoff Emerick qui annonce la prise. 

 

Marc propose alors à David de laisser figurer cette annonce sur le disque; ce qu’il accepte volontiers. L’après-midi, c’est au tour de Fly Me To The Earth à être mis en boîte.

 

Dans l’introduction de Baby I Don't Mind, Marc Hérouet rapporte qu’il avait placé des balles de ping pong dans l’enceinte des touches de son piano. Ce qui donnait un son du genre tagadagadagadag. Un autre jour, Sylvain et Freddy se sont mis à chanter dans la table d'harmonie d'un piano pour mieux faire résonner leurs voix. D’autres tentatives, parfois complètement expérimentales, ont également été menées dans la chambre d'écho, située en-dessous du Studio 2.

 

Les musiciens ne voient personne, ou si peu. Le soir, les sorties sont plutôt rares. Ils sont trop fatigués pour faire la java. En journée, pendant les sessions, pas question de faire venir les petites amies. Dès le départ, Sylvain a été très clair à ce sujet, pas de gonzesses !

 

Marc Hérouet Christian Janssens

Marc Hérouet et Christian Janssens à Abbey Road

 

Voilà qui ne va pas manquer de créer tensions et grincements de dents chez certains ! Mais c'est comme ça ! Pourtant il y aura une exception à la règle. La seule femme admise pendant qu'ils répètent sera… la maman de Jacques Namotte.

 

Dissimulée derrière un paravent, la brave dame tricote. Jamais elle ne lèvera la tête pour regarder les musiciens au travail. Jamais elle ne dira un seul mot. De temps en temps, Jacques recule sa chaise, se penche vers celle de sa mère distante de quelques mètres et lance discrètement : Alles goed, Mama ? Elle hoche à peine la tête et continue tranquillement à croiser ses mailles.

 

 

 

RENCONTRE FORTUITE

Marc Hérouet : À Abbey Road, tous les corridors se ressemblent. Après une pause, je veux regagner notre studio et voilà que je me trompe de porte.

 

Sans crier gare, j'entre et interromps involontairement une session de re recording avec Nick Mason, le batteur des Pink Floyd. Il est tout seul dans l'immense studio, face à d'imposantes timbales, un casque sur les oreilles.

Nick Mason©Jean Jieme

Heureusement, Norman Smith, leur producteur descend l'escalier qui mène à la cabine et vient gentiment me serrer la main. Je lui exprime mon étonnement de le voir enregistrer sans la présence des autres musiciens.

 

Norman m'explique que les Floyd ont décidé, pour certains morceaux, de travailler séparément, sans plan pré établi afin d'obtenir un produit plein de surprises pour chacun d'entre eux. Puis, il ajoute qu'ils ont réservé le studio pour ... au moins six mois !

 

 

 

Recording sheet du 13 avril 1969, Abbey Road.

 

 

Tiré de l'ouvrage de Johan Ral " A history of EMI in Belgium 1897-1997 » publié en 1997.

 

 

LE CHOIX DE DAYDREAM

Si personne ne se souvient du jour précis où Daydream a été mis en boîte, il paraît vraisemblable que ce fut au cours de la première semaine de répétitions. Ce qui est certain, c'est que ce morceau comme d'autres, a fait l'objet de plusieurs sessions en re-recording (le 8 pistes facilitait énormément les opérations). Ce n'est que plus tard que les cordes, les percussions, le fifre de Sylvain, les voix et les claviers supplémentaires ont été rajoutés.

 

Lorsque le morceau fut sur le point d'être achevé, David Mackay trouva original d'ameuter tout le personnel commercial et administratif d'EMI, directeurs en tête, à venir se joindre aux chœurs de la finale. Ce jour-là, plus de quatre-vingt personnes se présentèrent et entonnèrent ensemble le désormais célèbre hymne qui, bientôt parcourra le monde

 

Parmi les quatorze morceaux enregistrés à Londres, Mackay déclarera plus tard que dès le départ il a considéré Daydream comme un hit probable. Sans doute a-t-il dû hésiter un moment entre deux options? Celle de miser sur l'album d'un groupe expérimental génial, ou celle d'investir sur une mélodie facile à retenir et chantée par une voix exceptionnelle.

 

David Mackay et Marc Hérouet©Collection Herouet

 

Marc : Une seule de mes compositions figure sur l'album. Mackay m'a dit que Hank Marvin avait écouté certains de mes morceaux et les avait appréciés. Mais EMI ne les a pas jugés suffisamment commerciaux.

 

 

LE 16th CENTURY DEVIENT WALLACE COLLECTION

Wallace Collection Rock band

L'envolée vers la gloire

 

 

The Wallace Collection museum

 

16th Century, le patronyme du groupe, ne convient pas à Mackay. Il n’est pas le seul. Les musiciens se mettent à explorer plusieurs pistes de noms faisant référence à la musique classique.

 

Tout près des bureaux d’EMI, se trouve le musée de Sir Wallace, The Wallace Collection. David Mackay signale qu’on y trouve exposées de très belles toiles de maître de la période classique flamande.

 

Pourquoi ne pas associer les grands peintres flamands avec la branche classico-rock ?

Aussitôt dit, aussitôt fait !

 

Lorsque le groupe rentre de Londres, Jean Martin réunit les musiciens et leur fait comprendre qu’au train où vont les choses, il faut passer à un stade professionnel.

 

Dorénavant, ils devront être disponibles vingt-quatre heures sur vingt quatre et assumer leur statut d’artiste. Pas de problème pour Freddy, Marc et Christian qui n’ont pas d’emploi. Mais pour les autres c’est plus délicat. Ainsi Sylvain doit-il remettre sa démission à la compagnie d’assurances qui l’employait jusqu’ici tandis que Raymond et Jacques s'organisent pour obtenir un congé sabbatique à l’Orchestre national.

 

À l'époque, c'est une décision, lourde de conséquences. Un musicien ne quitte pas son boulot comme ça du jour au lendemain. D'autant plus qu'aucun orchestre pop belge, à part les Cousins , n'est jamais vraiment parvenu à gagner sa vie avec la musique.

 

 

 

UN ALBUM

Le 20 février, la nouvelle est confirmée : le master final de l’album est assemblé. Quelques jours plus tard, le producteur Mackay débarque chez Marc Hérouet avec dans ses valises une belle surprise : un test pressing de l'album tout juste enregistré, qui portera dorénavant le titre de Laughing Cavalier. (Le Cavalier riant étant le nom d'une toile du peintre hollandais Frans Hals exposée au musée Wallace Collection).

 

Tous les musiciens sont réunis et écoutent le fruit de leur travail. L’album défile de main en main. Quelle émotion ! Quelle magnifique récompense ! Être produit et distribué par un des plus prestigieux labels au monde !

C'est en effet sur étiquette Parlophone, qui publie les morceaux des Beatles depuis 1962, que sortiront les disques du Wallace Collection en Angleterre et dans certains pays d'Europe. L'étiquette-sœur Odéon en fera de même dans d'autres pays, et pour l'Amérique du Nord, la distribution sera assurée par Capitol.

 

Memoire Rock1960-1970

 

Face A

GET THAT GIRL (Van Holmen/Mackay)

THE SEA DISAPPEARED (Vincent/Van Holmen/Mackay)

GET BACK (Van Holmen)

RAGTIME LILY (Hérouet/Van Holmen/Mackay)

NATACHA (Vincent/Van Holmen/Mackay)

MERRY-GO-ROUND (Van Holmen/Mackay)

WHAT'S GOIN' ON (Van Holmen/Mackay)

 

Face B

FLY ME TO THE EARTH (Vincent/Van Holmen/Mackay)

PERU (Van Holmen/Mackay)

POOR OLD SAMMY (Van Holmen/Mackay)

BABY I DON 'T MIND (Van Holmen/Mackay)

MISERY (Vincent/Van Holmen/Mackay)

LAUGHING CAVALIER (Vincent/Van Holmen)

DAYDREAM (Vincent/Van Holmen/Mackay)

 

Laughing Cavalier Memoire60

 

 

Le 25, Mackay, Sylvain et Marc assistent à un concert de Yes au Marquee Club à Londres. Le groupe n'en est qu’à ses débuts. Pourtant, il leur fait une grosse impression.

 

 

 

 

Sylvain se dira fasciné par la durée des morceaux de Yes. Voilà un style musical qu'il n'a pas encore exploité. Juste après eux, passent les Clouds.

 

Le lendemain, les deux compères passent leur journée à donner leurs premières interviews.

 

Le vendredi 28, le 45 tours sort en Grande-Bretagne. C'est Daydream qui est choisi pour figurer en face A, avec Baby I Dont Mind au verso.

 

L'album Laughing Cavalier ne sortira qu'un peu plus d'un mois plus tard, au début avril.

 

ET UN SINGLE

 

Daydream 1969 Brussels

 

 

Ce premier single atterrit sur le marché britannique, avant d'être immédiatement distribué en France, Italie, Espagne, Portugal, Allemagne, Pays-Bas, Danemark, Brésil, Argentine, Grèce, Turquie, Uruguay, Australie et Nouvelle-Zélande entre autres. Les éditions américaine et canadienne qui paraîtront quelques mois plus tard, proposeront par ailleurs un mix légèrement alternatif de Daydream et Baby I Don't Mind.

 

Du jour au lendemain, Freddy Nieuland devient LA voix du Wallace. Le succès inespéré de la mélodie surprend tout le monde. Qui aurait cru, parmi les musiciens, que c'est elle qui serait choisie par EMI pour lancer l’album ?

 

Au bout de quelques semaines, les ventes augmentent de manière exponentielle. Si l’euphorie prime dans un premier temps, le soufflé retombe peu à peu. Car le manager Jean Martin, Sylvain, Marc, Christian et Freddy se rendent compte que Daydream est en train de classifier le Wallace Collection dans une catégorie qui n’a rien à voir avec un groupe de pop-rock.

 

Marc Hérouet, avec le franc-parler qu’on lui connaît, n’hésite pas à dire que le succès de Daydream fut sans doute la pire et la meilleure des choses qui ait pu arriver au groupe. On était conscients du potentiel commercial de ce morceau. Pour David, il n’y avait aucun doute ce morceau a été la locomotive de notre succès.

 

Il est incontestable que les millions d’exemplaires vendus de par le monde ont lourdement pesé dans la décision des responsables commerciaux du label de poursuivre sur leur lancée.

 

Désormais, EMI ne jurera plus que par Freddy et insistera auprès des musiciens pour qu’ils sortent de nouvelles compositions du même acabit. Il s'agit là d'un sacré tournant dans le développement de la carrière du groupe et plus particulièrement dans celle de Freddy..

 

 

 

DAYDREAM / BABY I DON'T MIND

(par Philippe Colinge)

 

Histoire rock Belgique

Wallace Collection


Daydream (Vincent-Van Holmen-Mackay) / Baby I Don't Mind (Van Holmen-Mackay) -

Publié le 28 février 1969
France: Odéon 2 C006-04047 M (mono)
Angleterre : Parlophone R 5754 (mono)
Etats-Unis : Capitol 2579 (stéréo)

 

Daydream rock belge

 

Cosigné Vincent-Vanholme (*)- Mackay, Daydream sera la signature du groupe, le titre sur lequel il bâtira sa légende et qui, hélas, donnera aussi au grand public l'impression que sa carrière repose sur ce seul titre.

 

Avec sa mélodie dont une partie est empruntée au Lac des Cygnes de Tchaïkovski et son final qui s'inscrit dans la droite ligne de celui de Hey Jude , publié par les Beatles cinq mois plus tôt, le groupe va cartonner dans un grand nombre de pays européens, où il multipliera les apparitions télévisées.


La face B, Baby I Don't Mind, lorgne bien plus encore que Daydream du côté des Fab Four. Ce titre particulièrement enjoué et accrocheur sera lui aussi un des piliers des prestations scéniques et télévisées du groupe, comme le

 

montre une fantastique version live jouée dans l'émission française "Tous en scène" du 5 septembre 1969.

Plus tard dans l'année, le 45 T sortira également aux Etats-Unis ainsi qu'au Canada (Capitol 2579), et les mix de ces 2 titres, qui sont cette fois en stéréo, y seront radicalement différents par rapport aux mix stéréo de ces mêmes titres qui figureront sur l'album.

 

Daydream sera n° 1 en Belgique le 3 mai 1969 durant  une semaine. Il sera n°5 en France au Top 30 mensuel et n°14 en Hollande.

 

(*) Si Vanholme est son véritable nom de famille, il est généralement crédité pour ses compositions sous les noms de Van Holmen ou Vanholmen.

 

 

 

 

 

Freddy Nieuland (collection privée)

FREDDY NIEULAND DEVIENT LA VEDETTE DU WALLACE

(Propos de Claudette André, ex-épouse de Freddy, recueillis par Jean Jième (2010)

 

Freddy est né affublé d'un énorme complexe d'infériorité. C'est ce qui explique son incommensurable besoin de parler, souvent à tort et à travers, souvent pour ne rien dire. Il avait l'impression que s'il se taisait, on pourrait le prendre pour quelqu'un de banal, de peu intéressant. Il ne se rendait pas compte qu'il suscitait l'effet inverse. Ainsi, à la maison, il était peu loquace. Il avait même du mal à me relater le compte- rendu de ses journées passées à l'extérieur. Pourtant sa vie active était nettement plus passionnante que la mienne. C'est donc moi qui, dans le foyer, meublais la conversation. Incroyable, hein ?

 

Par contre, lorsqu'il se retrouvait entre copains, parler lui permettait de dissimuler une anxiété permanente à tel point qu'à certains moments importants, comme lors des sessions d'enregistrement à Abbey Road, les musiciens lui versaient chacun une livre sterling de leur poche pour qu'il se taise durant … une heure. L'heure écoulée, il se remettait à babiller comme un enfant.

 

Lorsqu'il est rentré de Londres, il avait énormément changé. Je pourrais même dire qu'il était devenu quelqu'un d'autre. Il semblait avoir acquis une forme d'autorité et de prestance que je ne lui connaissais pas. Ça a été très bizarre pour moi ; j'ai dû m'y faire.

 

 

Claudette André : Cela dit, quelques semaines plus tard, lorsque la firme EMI a annoncé qu'elle mettait le paquet sur Daydream, et donc sur le seul morceau de l'album chanté par Freddy, j'ai constaté que son sentiment d'infériorité était en train de muter vers un complexe de supériorité. Il est devenu encore plus silencieux à la maison.

 

Le problème, c'est qu'il n'a pas réalisé que son succès allait en énerver plus d'un. Il n'a pas compris que la notoriété et le succès engendrent d'inévitables jalousies. De plus, ses anciens démons et vieux complexes ont resurgi. Freddy n'a jamais voulu admettre qu'il y a toujours un prix à payer à la rançon du succès. Il a commencé à prendre la grosse tête.

 

J'ai tout de suite réalisé l'enjeu et les conséquences de ce qui venait de se passer. Les choses n'auraient pas dû tourner de la sorte. Freddy n'était pas suffisamment mature pour admettre qu'il avait en quelque sorte usurpé la place des autres. Après tout, le Wallace c'était avant tout Sylvain, Raymond et Marc.

 

Lui, Freddy n'était que le batteur et accessoirement le choriste de service. Décrocher la première place dans le groupe n'était pas dans l'ordre des choses. Mais tout à la joie de ce succès qui devenait mondial, Freddy ne s'est pas rendu compte du danger. Il a mis un doigt dans l'engrenage… la suite démontrera qu'il y laissera les deux mains et les deux bras.

 

Autant Freddy prenait le gros cou et allait clamer partout que la voix sur Daydream c'était la sienne, autant il continuait à vouer à Sylvain une énorme admiration. Devant lui, il faisait gaffe ; il le craignait. Sylvain pouvait lui demander ce qu'il voulait, il courait sur le champ pour lui faire plaisir. Il acceptait tout de lui, même de se faire gueuler dessus à la moindre bévue. Sylvain était son modèle, son mentor.

 

 

En réalité, Freddy souffrait à l'intérieur de lui-même. Mais en silence. Sans jamais en parler, sans jamais en révéler le pourquoi ?

 

 

 

Freddy Nieuland, la voix du Wallace.

 

Sylvain et Freddy

 

 

 

LAUGHING CAVALIER

(par Philippe Colinge)

 

Publié le 4 avril 1969

  France: Odéon 2C 062-04306 (stéréo)
Angleterre : Parlophone PMC 7076 (mono); PCS 7076 (stéréo)

 

Les quatorze chansons originales qui composent le premier album du Wallace Collection nous font découvrir la variété musicale d’un groupe tantôt pop, tantôt jazzy, tantôt classique.

Face A.


L'album démarre sur les chapeaux de roue avec Get That Girl, une composition de Sylvain qui n'aurait pas dépareillé un 45 T de Sylvester's Team, période 1966-67. Les voix de Sylvain et de Freddy, le violon électrifié de Raymond Vincent et la rythmique basse-batterie nous mettent d'emblée en condition et nous plongent dans un univers sonore  atypique.

 

Mard Hérouet Wallace Collection

Wallace Collection - 1969

 

Classic Wallace Collection

Jacques Namotte et Sylvain Vanholme

 

The Sea Disappeared, un titre aux sonorités étonnantes, et le thème récurrent du Laughing Cavalier nous mènent directement à Get Back. Pour l'anecdote, en ce même mois de janvier 1969, un autre groupe enregistrait un autre Get Back sur le toit de l'immeuble d’Apple à Londres. Sylvain ou David Mackay ont-ils été au courant de l’événement ? Une chose est certaine, c'est cet autre Get Back que l'Histoire retiendra.

 

 

 

Ragtime Lily, le morceau de bravoure de Marc Hérouet, nous fait découvrir un pianiste versatile, qui maîtrise parfaitement son art. La voix de Sylvain, filtrée, donne l'impression qu’elle sort d'un vieux 78 T. Après ce ragtime très début de siècle, direction la Russie avec Natacha. Le public anglophone a-t-il seulement saisi cette touche d'humour typiquement  vanholmien  que contient la phrase Come with me dans mon petit lit… ?

 

Après un Merry-Go-Round, qui, avec ses voix filtrées et sa mélodie circulaire (normal, pour un carrousel) donnerait presque le tournis, la première face du LP s’achève avec What's Goin' On, un formidable boogie que l'on pourrait qualifier de country classic, tant ce morceau mélange avec brio différents styles qui, aux mains du groupe, cohabitent de manière totalement naturelle. Ce titre est ensuite celui de l'immense classique de Marvin Gaye; deux titres homonymes de tout grands morceaux de l'histoire du rock sur cet album! Avec aussi Misery. Les solos d'harmonica et de violon pizzicato, plus de nouvelles onomatopées chantées par Sylvain, rendent ce titre à nul autre pareil.

 

Face B.


Fly Me To The Earth, (qui sera publié ultérieurement en 45 T), connaîtra une belle carrière en Italie, au point que l'album y sera réédité avec la mention Fly Me To The Earth, imprimée en grand sur le recto de la pochette.
Peru fait appel à un instrument plutôt rare, l’ocarina, et évoque le déclin de la civilisation Inca lors de la conquête du pays par les Espagnols.
Poor Old Sammy, nous conte l'histoire d'un homme qui a vendu son âme au diable. Un long et inquiétant intermède musical donne l’impression d’émerger d'un film d'horreur, jusqu’au moment où surgissent les premières mesures du riff, à présent familier, de Baby I Don't Mind.
Le survitaminé Misery (un autre titre de chanson commun avec les Beatles) permet de valoriser l'excellent travail de basse de Christian Janssens.

 

Le thème du Laughing Cavalier fait alors son retour, pour l'avant-dernière fois, et est immédiatement suivi du morceau du même nom, un titre très bref (moins d'une minute), qui évoque tant Mona Lisa que le célèbre Cavalier Riant (celui de Frans Hals), invité par le groupe à le rejoindre mais qui doit pour cela quitter le… Wallace Collection, où il se trouve (Leave the Wallace Collection behind). Subtil moment d'autopromotion pour le groupe.

Le thème de Laughing Cavalier est à peine revenu pour un ultime tour de piste que résonnent déjà les premières notes familières du désormais célèbre Daydream.


Si l'année 1969 reste marquée par un nombre important d'albums majeurs, rares sont ceux qui offriront une telle palette de styles et de genres aussi variés que ceux qui cohabitent sur Laughing Cavalier.

 

Petit détail cocasse, dans le courrier des lecteurs du magazine Panorama voici l’avis tranché d’un anti popfan liégeois qui écrit : J’ai lu dans votre article sur le Wallace Collection que deux musiciens du groupe font partie de l’Orchestre National. Je trouve tout bonnement scandaleux que des artistes capables d’exécuter de la vraie musique gaspillent sciemment leur talent à jouer du pop. Ce genre, s’il en est, n’a aucun rapport avec l’art.  ( !!!)

 

PASSAGES TÉLÉ

 

"What's Goin' On" live dans "Tous en scène" le 5 septembre 1969 :   http://www.youtube.com/watch?v=E-jhjLmgKc8
"Fly Me To The Earth" tourné au début 1969 et
diffusé à la TV hollandaise le 27 septembre en playback: http://www.youtube.com/watch?v=V9-PHwaVg3M/
Un tout petit extrait d'une version live de "Peru" en 1969 http://www.youtube.com/watch?v=OTWK0wKFlLc

 

 

À la question: Quels ont été vos rapports avec les six musiciens, Mackay répond : Ils ne m’ont jamais causé de gros soucis.  Bien entendu, il m’est arrivé de devoir faire preuve de fermeté notamment vis-à-vis de Raymond Vincent. Il avait des conceptions très personnelles sur la manière d’intervenir dans certains morceaux. Malgré que ce soit quelqu'un de très inventif, toutes ses idées n’étaient pas réalisables.

 

J’ai été obligé à plusieurs reprises de lui tenir tête et de lui dire : « Non, on ne peut pas faire les choses comme ça ! » Il n’appréciait pas qu'on le contredise. Mais moi je devais m’astreindre au  but que je m’étais fixé.  J’ai toujours essayé de trouver des compromis acceptables entre ses conceptions artistiques et la réalité commerciale. Je ne pouvais pas me permettre de les entraîner dans une voie trop classique ni trop rock. On devait trouver une sonorité propre à leur orientation musicale.


Avec Sylvain c’était plus facile. S’il partait dans une direction et que ça ne collait pas, je l’arrêtais et lui expliquais que ça ne mènerait nulle part. C’était une question de feeling. Et Sylvain le comprenait très bien.

David McKay Producer

David Mackay - 2009

SECOND SÉJOUR À LONDRES

(du 2 au 28 avril)

 

 
CONCERT AU WIGMORE HALL

Wigmore Hall

 

EMI a planifié une campagne de promotion à Londres en vue de présenter le groupe à la presse et aux divers porte-parole et correspondants de l’industrie musicale. La journée du premier avril est consacrée à d’intenses répétitions en vue du concert prévu le lendemain.

 

Le 2 avril, trois cents personnalités du show-business anglais sont invitées au Wigmore Hall, une ancienne chapelle, aménagée en salle de concert. L’objectif : témoigner de l’originalité de la musique du Wallace en un lieu qui cadre parfaitement avec leur style classico-pop.

 

Pour la circonstance, EMI ne lésine pas sur les moyens et va jusqu’à louer une Rolls-Royce pour leurs premiers contacts avec la presse.

 

Si la prestation se déroule parfaitement et les critiques sont élogieuses, les retombées médiatiques s’avèrent plutôt minces. Pas de couverture radio significative.

 

Le manque d’enthousiasme des médias britanniques va refroidir l’ardeur des décideurs de la firme de disques. Il est probable que Wigmore a servi de test de crédibilité et, d’une certaine manière, a contribué à sceller la destinée du groupe. Pragmatique, EMI a dû en conclure que la rentabilité s’effectuerait davantage sur le continent qu’en Angleterre.

 

Malgré tout, la firme décroche un passage du Wallace sur la chaîne London Weekend Television du groupe ATV dans l'émission «Simon Dee Show» qui recueille une audience de dix-huit millions de téléspectateurs.

 

À cette l'époque, pour passer sur les antennes, il ne suffit pas d'apporter son 45T ou son album. Il faut obligatoirement passer en direct. Qu'à cela ne tienne, tout comme à Wigmore Hall, leur prestation s'avère impeccable. Il aurait fallu chercher la petite bête pour discerner une différence entre le 45 tours et l'enregistrement en live.

 

 

 

RENCONTRE ÉCLAIR : LENNON-McCARTNEY

Du 5 au 8 avril, le producteur David Mackay reprend les rênes. De nouvelles sessions d'enregistrement et des overdubs sont réalisés dans les studios d'Abbey Road.

 

Le 10, le Wallace Collection est pris en charge par une équipe de la télévision suédoise qui filme le groupe devant le Memorial Wellington ainsi que dans le jardin-parking d'Abbey Road. Les images serviront de support pour une émission programmée le mois suivant.

 

Christian Janssens : C'était un clip qui devait illustrer la chanson Fly Me To The Earth.

Tandis que le son était envoyé sur un magnétophone portable, nous étions censés nous courir les uns derrière les autres dans une sorte de sarabande à l'indienne.

 

Marc Hérouet : On était tous très étonnés de voir des tas de filles, en attente sur le trottoir. Soudain, une grosse bagnole s'immobilise devant le portail du studio. Des cris fusent. Au même moment, Fly Me To The Earth passe sur l'électrophone.

Abbey Road

 

On voit sortir John et Paul, qui se précipitent à l'intérieur du bâtiment. Au moment, où ils passent à côté de nous, Lennon s'arrête un instant, jette un coup d'oeil sur la pochette du LP qui était par terre à côté de moi et me fait hello. Ils m'ont fait forte impression parce que je n'imaginais ni Paul ni John d'aussi grande taille. Dans la journée, on les a à nouveau croisés dans les couloirs des studios. Ils ne se parlaient guère et avaient l'air soucieux. Il faut dire qu'ils vivaient une fameuse crise existentielle...

 

 

 
CARNET DE ROUTE POUR AVRIL

Le 11, ils donnent un concert au Lyceum Ballroom de Londres, en avant-première de Tyrannosaurus Rex.

C'est ce jour-là, que la nouvelle tombe : Daydream est passé numéro 1 des ventes de disques en Belgique.

 

Le 13, en studio, le groupe peaufine Tic Toc, Dear Beloved Secretary, We Are Machines, Since You're Gone For Evermore et réenregistre les voix sur Daydream, en français cette fois, pour ce qui deviendra Rêverie. Dans les années 6o, il était courant que les tubes majeurs soient réenregistrés dans diverses langues, afin d'assurer une meilleure pénétration sur les marchés locaux.

 

Pour prendre un exemple récent, Mary Hopkin, protégée de Paul McCartney qui l'avait lancée l'année précédente sur Apple Records, n'avait pas hésité à enregistrer également son mégatube Those Were The Days en italien, en allemand, en espagnol et en français.

 

Finalement, plusieurs autres morceaux sont encore réalisés afin de constituer une réserve de titres à sortir lorsque le groupe sera en tournée à l'étranger.

 

LES WALLACE : DE FAMEUX BLAGUEURS

De joyeux lurons

Il est bien connu que les musiciens, acteurs, chanteurs sont de grands enfants, toujours prêts à faire la fête, à déconner et à faire des blagues. Plaisanteries, taquineries, canulars ou blagues de potache, tout y passe.

 

Le 14, le boss de la promotion d'EMI, un Écossais d'origine, confirme à Jean Martin qu'il a obtenu le feu vert pour que le Wallace effectue un direct dans une télé à Aberdeen. Comme il s'agit de sa ville natale, il se propose d'accompagner le groupe lui-même pour que tout se passe de manière parfaite.

 

Sur le quai de la gare, les musiciens ont rassemblé valises et instruments, ce qui représente un volume considérable. Lorsque le train s'immobilise, l'Écossais, par courtoisie, prend une valise au hasard et la charge dans le compartiment.

 

Sylvain, sans doute d'humeur blagueuse ce jour-là, fait signe aux autres musiciens de ne pas intervenir. Ceux-ci laissent donc le numéro deux d'EMI charger toutes les valises et instruments dans le wagon. Ce que ce dernier effectue sans broncher. Very Scottish !

 

Le jour suivant, ils participent à l'émission avec la double interprétation de Baby I don't Mind, Daydream et de What's goin' on ?

 

A leur retour d'Aberdeen, Martin revoit le boss de la promo qui lui serre la main et, avec un petit sourire, lui dit d'emblée : Jean, vous avez un groupe formidable. Puis il ajoute : Mais pour moi, il peut aller au diable.

 

 

 

 

Par la suite, David Mackay et Ken East sont intervenus pour calmer l'incident, mais le mal était fait.

 

Marc Hérouet dira plus tard : De fait, cette gaffe a plombé notre lune de miel avec la firme.

 

 

Cartoon : Janbrun

 

 

24 avril : télé à Liège.

25 avril : grande soirée à l'Auditorium Mail, organisée par la firme Parlophone (division d'EMI) en l'honneur du Wallace Collection et de la sortie de leur premier album Laughing Cavalier. Sur le carton d'invitation on peut lire que les auteurs de Daydream interprèteront en live plusieurs plages de leur album.

26 avril : télé à Bruxelles.

 

 

 

Biographie officielle rédigée par Jean Jième, extraite de

One-Hit Wonder - Wallace Collection.

Avec la collaboration de Philippe Colinge pour ses

recherches, corrections et commentaires.

 

Remerciements tout particuliers à Marc Hérouet pour sa précieuse collaboration

et pour la mise à disposition de ses carnets de notes.

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Remerciements à Sylvain Vanholme, Christian Janssens, Jacques Namotte,

David Mackay, Jean Martin, Jean-Marc Destrebecq, Daniel Lempereur dit Phil, Claudette André.

 

Textes et photos sous copyright de leurs auteurs. Reproduction interdite sans autorisation

 

 

Sur Facebook : A collection of Wallace Collection

https://www.facebook.com/groups/524779044262107

 

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DOSSIERS COMPLÉMENTAIRES

 

Biographie officielle des Seabirds

Biographie officielle du Sylvesters's Team

Jean Martin, impresario

L'audition du Wallace Collection aux Gémeaux - octobre 1968