Richard Groothuizen est un fou de musique depuis très longtemps; une de ses premières passions étant le groupe de Manchester the Hollies. Au fil des années, Groothuizen est devenu le plus grand expert des archives télévisuelles bataves, surtout musicales.

Ce livre-DVD Pop TV 1960-1975 est purement et simplement un modèle du genre. Il s'agit des listes de toutes les émissions à base de rock et de musique populaire (pas de musique classique) diffusées durant ces années sur les trois chaînes KRO, AVRO, NCRV , VARA,TROS, VPRO.

Tout ou presque est mentionné : les artistes, les chansons, et la disponibilité ou non aujourd'hui de ces émissions.

Elles sont listées par ordre alphabétique, et suivies ensuite par l'inventaire d'une série d'émissions spéciales : le fameux Grand Gala du Disque international (de 1961 à 1974), des shows dévolus à un seul artiste ou groupe, et dont beaucoup font saliver, etc.

Le plus ancien programme traité est Rooster, qui débute le 14 septembre 1960, et perdure jusqu'au 30 juin 1966.

Surtout une émission d'actualités diverses au départ, mais qui s'ouvre largement au beat en 1964, suite au succès des Beatles.

Quelques artistes qui s'y produisent (les Belges en bleu dans cette critique) : the Jumping Jewels, the Blue Diamonds, the Jokers, Johnny and the Hurricanes, Chubby Checker, Sam the Sham and the Pharaohs, the Hollies, les Baroques, Ian and the Zodiacs et bien d'autres.

Parmi de nombreuses illustrations en noir et blanc et en couleur, l'auteur nous fait rêver à l'évocation des Combo, 1964-1966 ( the Cousins, the Spotnicks, un show spécial Roy Orbison à Laren en 1965, etc.) ; Doebidoe (1968-1970) : Spooky Tooth, Long John Baldry, Bowie dès 1969, Booker T . and the MG's, Humble Pie, Jimmy Cliff, Creedence Clearwater Revival, etc . ; Jam (1969-1971) : the Move, the Tremeloes, Shocking Blue et Mariska «Venus» (la bien nommée !) Veres, Cuby and the Blizzards, Wallace Collection, Ferre Grignard, Bob and Earl, Badfinger, Fleetwood Mac, Jerry Butler, Carriage Company etc.; Moef Ga Ga au coeur des sixties (1965-1968): Dave Berry, the Fortunes, Chris Andrews, the Moody Blues, Neil Christian, the Small Faces, the Golden Earrings, the Easybeats, Eddy Mitchell (eh oui ! Il n'a pas percé là-bas !), Sharon Tandy, the Troggs, Traffic, Arthur Conley, Pink Floyd; Twien (1966-1970, indicatif: Far West d'André Brasseur pendant plus de deux ans !), etc.

Mention spéciale pour Fanclub (première série 1965-1967), puis après une interruption de près de cinq mois devient Fenklup du 27 octobre 1967 au 5 juillet 1968 .

Des gens comme Ferre Grignard, Dutronc, Cher, Burdon and the Animals, Van Morrison, Pink Floyd, the Kinks et même the Jimi Hendrix Experience, et un show d'un tout jeune Bowie : dès 1967 !

En ce qui concerne Telixer (1965-1968), ce programme permet aux teenagers hollandais de découvrir la vie rock dans le Londres survolté et inspiré de 1967 : A Thing Of Beat et London the Swinging Spot (Hendrix et the Move notamment parmi les hôtes galvanisants de la première édition).

Et bien sûr des shows complets figurent au richissime palmarès audiovisuel de nos amis hollandais : Johnny Hallyday (1963), Chuck Berry (1965), Donovan (1965), Cliff Richard and the Shadows (1965), Simon and Garfunkel (1966), the Kinks (1967), Aretha Franklin (1968), carrément deux spectacles de Dusty Springfield (1969 et 1971), Frank Zappa (1971), trois des Golden Earrings en 1971, Neil Young (1971), Curtis Mayfield (1971), Shocking Blue (1972), the Temptations (1973), et d'autres...

Les Stones viennent le 8 août 1964 au Kurhaus de Scheveningen : ce show ultra-électrique et même dangereux côté public déchaîné est retransmis le 12 septembre 1964 sur Radio Noordzee.

Les fans avertis connaissent l'histoire : pas de Beatles sur les écrans belges au début 1964, une offre de Brian Epstein promotionnelle et donc très bon marché n'ayant point intéressé nos responsables télévisuels.

Heureusement, le 18 juillet 1964, notre BRT nationale se rattrape aux branches, saluée par notre mensuel Juke Box  : elle diffuse le passage des Fab Four du 5 juin à Hillegom, dans un café-restaurant ( !) : le Treslong , une apparition des Fab 4 que les Hollandais découvrent avant nous : le 8 juin.

Couverture de Juke Box N° 99 - juillet 1964

(version néerlandophone)

Annonce du show hollandais des Beatles sur la BRT

Six titres mais en play-back, avec Jimmy Nicol en remplacement de Ringo, victime d'une amygdalite, aux drums. Et le groupe qui se livre aux joies de l'interview, parfois très futile avec une fan notamment.

Le play-back ne contrarie pas McCartney, qui n'a pas apprécié l'incident technique qui gâcha un peu leur passage inaugural au Ed Sullivan Show le 9 février 1964 (le micro de John en panne pour un titre).

On remarquera que le peu séduisant Nicol ne fait donc que de la pure figuration au Treslong  !

Outre le livre, un indispensable DVD nous réjouira grâce – notamment - aux Beatles, Chuby Checker, the Pretty Things, Van Morrison (dégoûté de la fausseté selon lui de la pop music !), the Supremes avec grand

orchestre, the Beach Boys (à Amsterdam en 1968), the Flaming Youth avec un tout jeune Phil Collins chevelu, the Byrds, Shocking Blue, Dusty Springfield (celui de 1971), etc..

En bonus, the Troggs, Flaming Youth, et cet étonnant duo the Marbles, exceptionnellement doué vocalement, un peu dans le style Bee Gees, en plus fort.

Pour la bonne bouche finale et surprenante : un... Johnny déchaîné dans son I Got A Woman frénétique final de son show légendaire à Amsterdam diffusé le 24 avril 1963, et un extrait fabuleux, tiré d'un spécial Wallace Collection  : Jam du 12 septembre 1969-mais auquel participent aussi, notamment Melanie et Barry Ryan - et Sylvain ne touche plus le sol, il semble s'envoler, avec sa guitare lui tenant lieu d'ailes, dans la transe engendrée par cet extraordinaire Fly Me To The Earth , peut-être le plus magnifique titre pop-rock jamais enregistré par un artiste ou groupe belge.

Un tout petit bémol tout de même : bizarrement aucune mention du Rudi Carrell Show, auquel quelques artistes pop-rock, même très minoritaires, ont pris part.

Bravo pour ce travail indispensable et que l'on souhaite faire des émules dans d'autres pays.

CHRISTIAN NAUWELAERS